22 Juin 2024
La nouvelle série de Paramount+, Insomnia, se présente comme une adaptation prometteuse du roman éponyme de Sarah Pinborough. Bien que l'objectif soit de plonger les spectateurs dans un cauchemar éveillé, le résultat s'avère être davantage un somnifère qu'un thriller haletant. Découvrons en détail pourquoi cette série, malgré un bon point de départ, échoue à captiver pleinement son audience. Insomnia commence sur des bases solides avec Emma, une mère de famille mariée et accomplie, incarnée par Vicky McClure. Approchant de ses 40 ans, Emma commence à souffrir d'insomnies sévères accompagnées de comportements étranges et inquiétants. Elle se met à réciter frénétiquement des chiffres, allumer des bougies, et à errer dans l'étang familial. Ces symptômes rappellent dangereusement ceux de sa mère Patricia, qui a subi une crise psychotique au même âge.
Les premières scènes de la série posent un cadre intrigant : Emma reçoit la nouvelle que sa mère est mourante et se retrouve face à sa sœur aînée Phoebe, interprétée par Leanne Best, après des années de séparation. Les conflits familiaux non résolus et le passé troublé d'Emma créent une tension initiale captivante. Malheureusement, cette tension ne tient pas longtemps. La série, en essayant d'aborder trop de sous-intrigues à la fois, finit par se diluer. Emma, déjà au bord du gouffre, voit sa promotion au cabinet juridique menacée, son mariage avec Robert (Tom Cullen) fragilisé, et doit faire face aux rébellions adolescentes de sa fille Chloe (India Fowler). En plus, l’apparition de Caroline (Lyndsey Marshal), une nouvelle amie qu’Emma rencontre de manière accidentelle, ne fait qu'ajouter à la confusion générale.
La multiplicité des intrigues secondaires finit par noyer l'intrigue principale. Les interactions entre les personnages manquent de profondeur et la narration s'éparpille, rendant difficile pour le spectateur de s'investir pleinement dans l'histoire. Vicky McClure, connue pour ses rôles dans Trigger Point et Line of Duty, livre une performance correcte, malgré un scénario qui la contraint souvent à jouer sur le fil du rasoir entre la lucidité et la folie. En revanche, Tom Cullen et India Fowler peinent à sortir des stéréotypes du mari accablé et de l’adolescente émotionnelle. Leur jeu reste superficiel et manque de la nuance nécessaire pour rendre leurs personnages réellement crédibles et attachants.
Le réalisateur Börkur Sigthorsson semble vouloir embrasser trop de directions à la fois, ce qui se ressent dans la fragmentation du récit. La tentative de maintenir plusieurs arcs narratifs simultanément aboutit à une dispersion de l'attention et à une perte de la cohérence globale de la série. Le script de Pinborough, bien que potentiellement efficace sur le papier, ne parvient pas à se transposer de manière fluide à l'écran. Les dialogues oscillent entre le basique et le banal, rendant certaines scènes presque inconfortables à regarder. Par exemple, les échanges entre Phoebe et Robert manquent cruellement de naturel, ressemblant plus à une conversation d'ascenseur qu'à une discussion intime. La série bénéficie tout de même d'une réalisation visuelle de qualité. Les décors sont soignés et l’ambiance visuelle est à la hauteur des productions de Paramount+. Cependant, une belle esthétique ne suffit pas à compenser les lacunes scénaristiques et les choix narratifs discutables. Le résultat final ressemble davantage à un soap opéra coûteux qu'à un thriller psychologique sophistiqué.
Insomnia de Paramount+ ambitionnait de plonger les spectateurs dans un cauchemar éveillé, mais finit par les endormir. Bien que la série commence avec une prémisse intrigante et une performance solide de Vicky McClure, elle échoue à maintenir l'intérêt à cause de son récit éclaté et de ses personnages mal exploités. Le potentiel de cette adaptation de Sarah Pinborough est gaspillé par une exécution qui manque de cohérence et de profondeur. Pour ceux qui cherchent un divertissement léger et visuellement agréable, Insomnia peut encore valoir le détour. Cependant, pour les amateurs de thrillers psychologiques bien ficelés, la série risque de décevoir et de laisser un goût d'inachevé. En fin de compte, Insomnia tente de capturer la tension et l’angoisse de l’insomnie, mais se perd en route, laissant ses spectateurs plus endormis qu’éveillés.
Note : 3.5/10. En bref, plus somnifère qu’une bonne insomnie.
Disponible sur Paramount+
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