City of God: The Fight Rages On (Saison 1, 6 épisodes) : le combat brésilien continue

City of God: The Fight Rages On (Saison 1, 6 épisodes) : le combat brésilien continue

Plus de deux décennies après la sortie du film culte La Cité de Dieu en 2002, la série City of God: The Fight Rages On arrive sur nos écrans avec une promesse audacieuse : prolonger l’univers complexe et impitoyable des favelas brésiliennes. En tant que fan de longue date du film, j’avais des attentes élevées, mêlées à une certaine appréhension. Les suites télévisées de films marquants n’ont pas toujours le meilleur historique, souvent diluées par une volonté de capitaliser sur la nostalgie. Cependant, cette série réussit brillamment à capturer l’essence du film original tout en apportant des nouveautés. Retour sur cette première saison intense et riche en émotions. L’un des premiers éléments qui frappe dans City of God: The Fight Rages On, c’est la fidélité à l’atmosphère du film. La favela est toujours ce lieu à la fois vibrant et cruel, où le quotidien est façonné par la violence, la pauvreté et les jeux de pouvoir autour du trafic de drogue. 

 

Cependant, la série va plus loin en explorant les personnages emblématiques du film et en les réintroduisant dans un contexte contemporain. Curió, désormais une figure de pouvoir dans la favela, incarne parfaitement cette dualité omniprésente dans La Cité de Dieu. Bien qu’il soit un chef de gang redouté, il bénéficie d’un certain respect dans la communauté, un respect qui ne s’explique pas seulement par la peur, mais par une sorte de reconnaissance de son rôle dans l’économie souterraine de la favela. Ce traitement réaliste des personnages est l’un des points forts de la série, et les fans de longue date comme les nouveaux venus peuvent y trouver leur compte, même si l’introduction de nombreux personnages peut rendre la dynamique un peu confuse par moments. Rocket, personnage central du film original, revient ici en tant que narrateur, et sa perspective apporte une touche de nostalgie et de réflexion sur l’évolution de la favela et des protagonistes. Toutefois, comme dans le film, il est loin d’être un personnage totalement innocent. 

 

Sa photographie, qui l’a propulsé sur la scène médiatique, repose sur une complicité implicite avec la violence qui gangrène la favela. Ce mélange de bien et de mal chez chaque personnage rappelle que personne n’est totalement pur dans cet univers. Ce qui distingue véritablement City of God: The Fight Rages On, c’est l’écriture des personnages. Chaque protagoniste est profondément ancré dans ses propres luttes et motivations, et cela se ressent dans leurs interactions et leurs décisions. Bradock, par exemple, pourrait facilement être perçu comme un simple gangster voulant étendre son empire criminel, mais ses actes sont également influencés par la volonté de Jerusa, un personnage surnommé « La Folle » pour une raison. Jerusa, véritable force de la nature, ajoute une dose de chaos et d’imprévisibilité à la série, ce qui la rend fascinante à suivre. La série excelle dans la présentation de relations humaines complexes, souvent marquées par des trahisons, des alliances temporaires et des tensions sous-jacentes. 

 

L’une des forces de cette première saison est justement cette capacité à maintenir une tension palpable entre les personnages, tout en explorant leurs dilemmes moraux. Bien qu’il soit parfois difficile pour les nouveaux venus de saisir immédiatement les liens qui unissent les différents personnages, cette richesse relationnelle est une véritable mine d’or pour ceux qui persistent. L’un des choix narratifs les plus marquants de la série est l’usage de la voix off de Rocket, qui fait le lien entre le passé et le présent. Ce procédé permet non seulement de rappeler des événements marquants du film original, mais aussi d’aider les nouveaux spectateurs à comprendre les dynamiques de pouvoir au sein de la favela. Les flashbacks sont utilisés avec parcimonie et efficacité, offrant une contextualisation bienvenue sans alourdir le rythme. Cela dit, un aspect qui a pu me gêner est la qualité du doublage en anglais, qui m’a semblé particulièrement inadapté. En tant que spectateur francophone, j’apprécie habituellement de pouvoir alterner entre la version originale et le doublage, mais ici, les voix anglaises manquaient cruellement d’authenticité.

 

Le contraste entre les voix monotones et sans relief des doubleurs et l’intensité des personnages était flagrant, créant une sorte de dissonance déroutante. On perd la saveur de l’accent brésilien, de la chaleur et de l’émotion des dialogues originaux, ce qui nuit à l’immersion. Ce problème peut sembler mineur, mais pour une série aussi immersive, chaque détail compte. Je dois avouer que j’abordais cette série avec un mélange de curiosité et de scepticisme. Après tout, les suites télévisées de films à succès tombent souvent dans le piège de la redite ou de l’exploitation commerciale sans âme. Cependant, City of God: The Fight Rages On m’a agréablement surpris. Cette première saison ne se contente pas de surfer sur la renommée du film original, elle approfondit véritablement l’histoire et les personnages, tout en capturant avec brio l’essence chaotique de la favela. Là où beaucoup de séries criminelles tombent dans des stéréotypes ou des intrigues simplistes, celle-ci brille par sa complexité. Les enjeux ne se limitent pas à une lutte entre le bien et le mal, mais s’articulent autour de zones grises morales, de loyautés fluctuantes et de conflits personnels qui viennent enrichir le récit.

 

L’univers visuel de la série reste fidèle à celui du film, avec cette esthétique brutale mais vibrante qui capte l’énergie de la favela. Les scènes de fête contrastent avec la violence omniprésente, offrant des moments de répit avant que la tension ne remonte de plus belle. Ce réalisme visuel, combiné à une bande-son envoûtante, crée une immersion totale dans cet univers impitoyable. La première saison de City of God: The Fight Rages On est composée de six épisodes, un format compact qui permet de maintenir un rythme soutenu. Chaque épisode apporte son lot de révélations, de confrontations et de moments de tension, tout en laissant de la place pour des scènes plus introspectives. Cette alternance entre action et réflexion est particulièrement bien dosée, et on ne ressent jamais l’ennui ou la répétition. Ce que j’ai particulièrement apprécié, c’est que la série ne cherche pas à tout expliquer dès le premier épisode. Les intrigues se dévoilent progressivement, et chaque personnage gagne en profondeur à mesure que l’on avance dans la saison. 

 

Il est évident que cette série a été pensée pour captiver sur le long terme, et si les prochains épisodes conservent cette qualité, nous sommes certainement en présence d’un futur classique du petit écran. City of God: The Fight Rages On est bien plus qu’une simple suite de La Cité de Dieu. C’est une œuvre à part entière qui réussit à prolonger l’univers du film tout en apportant des éléments narratifs et visuels nouveaux. La richesse des personnages, la qualité des dialogues et la profondeur des intrigues en font une série incontournable pour les amateurs de récits criminels réalistes et intenses. Malgré quelques défauts mineurs, notamment le doublage en anglais, cette première saison est une réussite à tous les niveaux. Si vous êtes un fan du film original, vous ne serez pas déçu. Et si vous découvrez cet univers pour la première fois, préparez-vous à être happé par la brutalité et la beauté de cette série exceptionnelle. Je suis impatient de voir ce que la suite nous réserve !

 

Note : 6.5/10. En bref, une jolie série qui prolonge le plaisir du film de 2002. 

Disponible sur max

 

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