Like a Dragon: Yakusa (Mini-series, épisodes 1 à 3) : la fureur du dragon

Like a Dragon: Yakusa (Mini-series, épisodes 1 à 3) : la fureur du dragon

Quand j’ai découvert l’existence de la mini-série Like a Dragon: Yakuza, j’ai été intrigué. Bien que je n’aie jamais joué aux jeux qui l’ont inspirée, j'étais curieux de voir comment cette adaptation allait capturer l'essence de ce monde de yakuzas, de drames et de luttes de pouvoir. Après avoir visionné les trois premiers épisodes, j’en ressors avec des impressions partagées : certaines idées sont intéressantes, mais d’autres choix m'ont paru déconcertants. L’un des premiers éléments qui saute aux yeux dans cette série est la structure narrative. On alterne constamment entre des bonds temporels, parfois de manière si fréquente et imprévisible qu'il devient difficile de se plonger dans l’histoire. Ces retours en arrière et ces ellipses, bien qu’ils puissent apporter de la profondeur et du contexte, finissent par diluer l'intrigue. On a parfois l’impression que les événements s’enchaînent sans réelle cohésion, comme si les scénaristes avaient tenté de condenser des éléments d’une histoire complexe sans parvenir à les harmoniser. 

 

Les répercussions de la relation entre le redoutable et inégalable Kazuma Kiryu, un guerrier Yakuza doté d'un sens aigu de la justice, du devoir et de l'humanité, et trois de ses amis d'enfance, dépeintes sur deux époques différentes, 1995 et 2005.

Pour un spectateur comme moi, qui n’est pas familier avec l’univers du jeu, ces changements sont déroutants et nuisent à l’engagement. Je me suis retrouvé à plusieurs reprises à tenter de replacer les personnages dans leur contexte, ce qui m’a souvent sorti de l’intrigue principale. Une narration plus linéaire ou des transitions mieux maîtrisées auraient sans doute aidé à mieux capter l’attention et l’émotion du public. Les personnages sont l’un des points centraux d’une adaptation réussie, surtout quand il s’agit de reprendre des figures emblématiques comme celles de l’univers Yakuza. Bien que je ne connaisse pas la version d’origine, il est clair que certains protagonistes, notamment Kazuma Kiryu, manquent d'authenticité et de profondeur. Dans la série, Kiryu apparaît souvent comme un personnage unidimensionnel, perdant de vue ce qui devrait, je l’imagine, être son caractère unique et imposant.

 

D’autres personnages comme Yumi, jouée par Yumi Kawai, occupent une place centrale dès les premiers épisodes. Mais le traitement de son rôle laisse à désirer. Malgré une performance correcte de l’actrice, le personnage de Yumi semble souvent passif et moins charismatique. Son évolution manque de substance, et elle semble se perdre dans un récit où l’intensité dramatique ne parvient jamais réellement à décoller. Quant à Nishiki, interprété par Kento Kaku, il offre une performance honnête, mais son personnage manque parfois de consistance. Il semble se fondre dans le récit sans réellement se démarquer. Un autre choix discutable est l’ajout de personnages qui, selon certains critiques et fans de la série, n’appartiennent pas à la trame d’origine. Ces ajouts semblent artificiels, comme s'ils avaient été insérés pour compléter un casting sans réel impact sur l'intrigue. Ils ajoutent plus de confusion que de profondeur, et l’on se demande si ces choix étaient réellement nécessaires pour enrichir l’histoire.

Kazuma Kiryu est censé être un personnage puissant, charismatique, et profondément respecté dans l’univers de la série, mais cette adaptation n’arrive pas à rendre justice à cette aura. L'acteur peine à incarner l’essence de ce personnage, et cela se ressent particulièrement dans les scènes d’action. Là où l’on devrait sentir la force et la maîtrise du protagoniste, on est souvent confronté à des combats qui manquent d’intensité et de précision. Le contraste est flagrant : les scènes d’action manquent de rigueur et sont souvent décousues. On ressent un manque de continuité, comme si chaque séquence de combat avait été assemblée en fragments, brisant ainsi l’immersion. Dans une série qui traite d'un univers criminel et de combats, cette faiblesse dans la réalisation des scènes de combat devient rapidement un problème. Le manque d’énergie dans les mouvements et l'absence de chorégraphie aboutie donnent un résultat terne, là où l'on aurait attendu des moments plus palpitants.

 

Un autre aspect qui m’a frappé est le manque de fidélité à l’époque et aux lieux censés être représentés. Bien que la série se déroule dans les années 1990, les décors, les costumes, et l’ambiance générale donnent davantage l’impression de 2024 que de l'ère Heisei. Ce décalage visuel nuit à l'immersion et peut être perturbant pour les spectateurs qui recherchent une reconstitution authentique de l'époque. La comparaison est inévitable avec d'autres séries du même genre qui parviennent à capturer l’essence des années 90 de manière bien plus convaincante. Tokyo Vice, par exemple, réussit là où Like a Dragon: Yakuza échoue : elle propose des costumes soignés et des décors qui respirent la réalité d’une époque révolue. Dans cette adaptation, en revanche, l’environnement semble trop contemporain, rendant difficile la suspension d'incrédulité. Ce qui ressort de ces premiers épisodes, c’est avant tout un manque de passion et de compréhension de ce qui fait l’essence de l’univers Yakuza. 

Plutôt que de tenter une véritable immersion dans un monde complexe et nuancé, la série semble chercher un équilibre impossible entre un récit grand public et une adaptation fidèle. Le résultat est un compromis qui n’arrive à satisfaire ni les fans, ni les novices comme moi. La série semble hésiter entre fidélité à l’œuvre originale et une volonté de modernisation, mais ce choix entraîne une dilution de l’essence même de l’histoire. Les intrigues de Yakuza sont connues pour leur profondeur émotionnelle et leur mélange unique de drame et d’humour décalé. Or, dans Like a Dragon: Yakuza, cette richesse est absente. Les tentatives de recréer le drame et la tension tombent à plat, et les scènes censées être poignantes manquent de subtilité et de profondeur. Cette adaptation aurait pu, avec un peu plus de soin, capter l’essence de cette dualité, mais elle n’arrive qu’à proposer un mélodrame unidimensionnel, qui manque de l’énergie et de la vivacité qu’on pourrait attendre d'une série sur la pègre japonaise.

 

Ce qui m'attriste peut-être le plus, c’est de voir le potentiel de cette série se perdre dans un manque de cohésion et une exécution mal maîtrisée. Plutôt que de tenter quelque chose d’audacieux ou d’innovant, la série s’enlise dans des choix créatifs qui laissent perplexe. Les épisodes laissent une impression de travail inachevé, d’un produit qui n’a pas su ou voulu aller au bout de ses ambitions. Les fans des jeux peuvent ressentir une certaine trahison face à ces changements radicaux. Pour ceux qui, comme moi, découvrent l’univers, cette série n’offre pas non plus un point d’entrée engageant. Les personnages, le rythme, et les choix esthétiques rendent difficile l’attachement, et on finit par regarder sans grande conviction. En fin de compte, Like a Dragon: Yakuza m’a laissé une impression de potentiel gâché. Les trois premiers épisodes montrent une série qui cherche encore sa direction, oscillant entre adaptation libre et fidélité timide à son matériel d’origine. 

Les choix narratifs déconcertants, le manque de profondeur des personnages, et une esthétique qui peine à nous transporter dans le Japon des années 90 font de cette adaptation un produit inégal. Pour ceux qui, comme moi, n’ont pas joué aux jeux, il est difficile de s’immerger pleinement dans cet univers, tandis que les fans risquent d’être encore plus frustrés par l’écart entre cette version et l’œuvre originale. J’espérais y trouver une série captivante, mais ces premiers épisodes ne m’ont offert qu’une intrigue déconnectée et des personnages peu inspirants. Peut-être que les épisodes suivants rectifieront le tir, mais pour l’instant, l’ensemble manque cruellement de l’âme et de la profondeur que j’attendais.

 

Note : 3.5/10. En bref, un potentiel gâché par un manque cruel de cohésion et d’audace. 

Disponible sur Amazon Prime Video

 

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