Ça, c’est Paris ! (Saison 1, épisodes 1 et 2) : une série poussiéreuse qui peine à faire briller le cabaret

Ça, c’est Paris ! (Saison 1, épisodes 1 et 2) : une série poussiéreuse qui peine à faire briller le cabaret

Ça, c’est Paris !, nouvelle série de Marc Fitoussi diffusée sur France 2, promettait une immersion dans l’univers scintillant des cabarets parisiens. Pourtant, dès les premiers épisodes, l’éclat attendu se ternit pour laisser place à une ambiance vieillotte. À l’instar de vieux costumes de scène oubliés dans un grenier, la série traîne une nostalgie poussiéreuse qui peine à captiver. L’intrigue principale s’articule autour de Gaspard Berthille, directeur du Tout-Paris, un cabaret en perte de vitesse. Héritier d’un lieu mythique des nuits parisiennes, Gaspard, incarné par Alex Lutz, semble lui-même dépassé par son époque. Plutôt que de raviver l’esprit du cabaret, la série s’enlise dans un mélange de clichés surannés et de dialogues artificiels, empêchant toute forme d’émotion véritable.

 

De nos jours, au coeur de la capitale. Gaspard Berthille est le gérant du Tout-Paris, un cabaret emblématique qui perpétue la légende des "folles nuits parisiennes", aux côtés d'institutions telles que le Paradis Latin. Contrairement à son père Dary, ancien directeur et mythique meneur de revue, Gaspard a échoué à maintenir le succès de l'établissement. Est-ce à cause d’un spectacle vieillissant, d’une gestion défaillante ou d’une concurrence plus innovante ? C’est en tout cas pour Gaspard le moment fatidique de vendre. À moins qu’il fasse le pari fou de créer une nouvelle revue et de redonner au cabaret son lustre d'antan…

Le choix d’Alex Lutz pour incarner ce personnage complexe n’aide pas. Habitué à jouer avec les nuances et les registres, l’acteur est ici étrangement terne, presque emprunté. On attendait une performance flamboyante, mais c’est un protagoniste à bout de souffle qui se débat avec des enjeux mal définis. L’idée d’un cabaret sur le point d’être transformé en supermarché aurait pu offrir un contraste riche et percutant, mais tout semble convenu et sans relief. Le décor du Paradis Latin, qui aurait dû être un atout majeur de la série, ne parvient pas à insuffler de la vie à l’ensemble. Bien que les paillettes et les plumes soient présentes à l’écran, elles semblent emprisonnées dans une mise en scène figée, sans l’étincelle ni la modernité nécessaires pour captiver le spectateur. 

 

Chaque plan respire la nostalgie, mais d’une manière étouffante, presque forcée, à l’image d’un grenier où l’on aurait accumulé des souvenirs sans jamais leur redonner un second souffle. Cette impression de poussière s’étend aussi aux personnages secondaires. Bien que la série tente d’intégrer des trajectoires personnelles – celles de danseuses ou de proches du héros –, ces arcs narratifs sont souvent esquissés à grands traits, sans profondeur ni finesse. Le potentiel émotionnel s’en trouve dilué, et les efforts pour donner vie à cet univers s’évanouissent dans des intrigues secondaires superficielles. Un autre écueil majeur réside dans le rythme des épisodes. Là où une série comme Dix pour cent – une œuvre à laquelle Ça, c’est Paris ! semble vouloir se mesurer – réussissait à maintenir une dynamique vivante, ici tout semble traîner. 

Les scènes s’étirent inutilement, et les dialogues manquent cruellement de mordant. Cela renforce cette impression de regarder un spectacle fatigué, incapable de séduire ou de surprendre. Même les moments censés évoquer la magie du cabaret, ce lieu par essence dédié à l’audace et à la légèreté, tombent à plat. Le résultat est une œuvre qui se prend trop au sérieux, sans jamais parvenir à jouer avec les codes du genre ou à insuffler un vent de modernité. Pourtant, tout n’est pas à jeter dans Ça, c’est Paris !. La question de la transmission, centrale dans l’intrigue, aurait pu devenir un fil conducteur puissant. Le cabaret, lieu de mémoire et d’émotion collective, est ici présenté comme un espace en danger face à la modernité. Cette opposition entre tradition et marchandisation avait le potentiel de résonner fortement avec des enjeux contemporains. 

 

Malheureusement, le traitement manque de subtilité, et les dilemmes auxquels fait face Gaspard Berthille ne suscitent jamais l’intensité dramatique qu’ils auraient méritée. Malgré tout, quelques rares moments sauvent la série de l’ennui total. L’apparition de Nicolas Maury, dans le rôle d’un metteur en scène excentrique, offre un souffle bienvenu. Avec son énergie singulière et son humour décalé, il incarne à lui seul ce que le cabaret aurait dû être : une célébration de l’impertinence et de l’audace. Mais ces instants sont trop rares pour contrebalancer le poids du reste. De même, Charlotte de Turckheim, qui interprète la mère adoptive de Gaspard, parvient à injecter une dose d’émotion dans un rôle pourtant peu développé. Son personnage, malgré un look un peu caricatural, rappelle les grandes figures maternelles du spectacle, mais reste sous-exploité.

En somme, Ça, c’est Paris ! s’apparente à une tentative ratée de célébrer le cabaret et ses traditions. À trop vouloir jouer sur la corde nostalgique, la série en oublie d’être pertinente ou d’apporter un regard neuf sur cet univers. Ce qui aurait pu être un vibrant hommage aux nuits parisiennes devient un récit poussiéreux, incapable d’émouvoir ou de faire rêver. Pour séduire un public moderne, une série sur le cabaret doit capturer l’esprit rebelle et effervescent de cet art. Ici, tout respire l’effort maladroit, sans parvenir à retrouver l’âme de ces lieux mythiques. L’univers du Tout-Paris semble figé, comme s’il avait été enfermé sous une cloche de verre, et le spectateur, lui, reste à l’extérieur, frustré. La série a encore quelques épisodes pour se rattraper, mais après ces débuts décevants, difficile d’imaginer qu’elle saura dépoussiérer son récit à temps. Le cabaret méritait mieux que ce coup d’éclat manqué.

 

Note : 3/10. En bref, la série a encore quelques épisodes pour se rattraper, mais après ces débuts décevants, difficile d’imaginer qu’elle saura dépoussiérer son récit à temps. Le cabaret méritait mieux que ce coup d’éclat manqué.

Diffusée sur France 2 à partir du mercredi 27 novembre, disponible sur france.tv

 

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