16 Novembre 2024
American Sports Story: Aaron Hernandez // Saison 1. Episode 10. Who Killed Aaron Hernandez?
SEASON FINALE
La série American Sports Story: Aaron Hernandez a su capter l’attention par son approche unique d’une histoire complexe et tragique. En retraçant la chute de cet athlète hors pair vers des abîmes que peu auraient imaginés, elle nous propose un mélange d’émotions et de réflexions. Avec cet épisode final, intitulé "Who Killed Aaron Hernandez?", la série explore les dernières heures de l’ex-joueur et pose une question fondamentale : jusqu’à quel point la NFL, la société et la vie personnelle d’Hernandez ont-elles façonné son destin funeste ? Ce dernier épisode brille particulièrement en évitant de chercher une réponse simpliste à la question de la mort d’Hernandez. La série expose plusieurs pistes – des impacts de l'encéphalopathie traumatique chronique (CTE) à la violence familiale, en passant par le poids de la NFL sur ses joueurs – sans pour autant désigner un coupable unique. Elle laisse la place au spectateur pour se faire sa propre idée.
L’angle de la CTE, cette maladie dégénérative que développent certains joueurs après des années de chocs répétés, est abordé de manière poignante dans cet épisode. La scène d’ouverture, où des chercheurs de l’université de Boston analysent le cerveau d’Hernandez, offre une prise de conscience glaçante sur les ravages physiques invisibles du sport. L’expert explique ensuite que les lésions frontales graves de Hernandez ont probablement affecté son jugement et son contrôle des impulsions. Il est effrayant de réaliser qu’il aurait vécu environ dix ans de plus avant que cette maladie ne détruise entièrement ses facultés mentales. On peut donc se demander si la NFL, en valorisant une certaine virilité et résistance face aux coups, n’a pas ignoré les conséquences de cette exposition. Hernandez n’est certainement pas le seul athlète à avoir subi de telles séquelles, mais peu de séries ou documentaires abordent cette question de manière aussi transparente.
Cet épisode final rappelle combien la santé mentale des athlètes mérite plus d’attention. Outre la question médicale, l’épisode se concentre aussi sur le deuxième procès d’Hernandez, qui semble être sa dernière chance de rédemption. Défendu par l’avocat José Baez, qui a mené la défense réussie de Casey Anthony, Hernandez semble avoir enfin une équipe capable de le soutenir, mais il reste désespérément seul. Sa famille ne se montre plus à ses côtés ; seuls quelques proches comme sa fiancée Shayanna Jenkins sont encore là pour le soutenir. Cette absence de soutien familial ajoute un poids émotionnel palpable. Aaron perçoit l’absence de sa mère, Terri, comme une ultime trahison, un souvenir amer des moments où il a toujours eu l’impression d’être abandonné. À travers ce procès, on sent une détérioration psychologique chez Hernandez. Les témoins défilent, les accusations s’intensifient, et la défense elle-même en vient à aborder la vie privée de Hernandez, notamment les rumeurs autour de sa sexualité.
Cet aspect, bien que basé sur des faits rapportés dans d’autres témoignages, est traité avec une sensibilité qui nous rappelle que la vie privée des personnes publiques est souvent broyée sans ménagement. Dans cet épisode, la série prend soin de traiter ces aspects sans voyeurisme, offrant un contraste avec certaines productions qui tendent à exploiter ce type de détails pour le sensationnalisme. L’épisode se concentre aussi sur les dernières heures d’Hernandez en prison, dans un climat de désespoir et de recherche de rédemption. En réintégrant la religion dans sa vie, Hernandez tente d’apaiser son esprit troublé, se rappelant des passages de la Bible partagés avec son ancien coéquipier Tim Tebow. Les références au verset John 3:16, gravées sur le mur de sa cellule et sur son front, montrent son désir de trouver une forme de libération face aux souffrances et aux luttes qu’il n’a jamais réussi à surmonter.
Ce retour à la foi, même fugace, est un acte de vulnérabilité saisissant, comme s’il cherchait enfin un endroit où se reposer, loin des attentes de la NFL, des rumeurs et de son passé. Le moment où Aaron hallucine la présence de son père décédé est particulièrement bouleversant. Dans cette vision, son père lui parle avec douceur et affection, des mots que Hernandez n’a jamais réellement entendus de son vivant. Ce moment de paix illusoire, cette brève consolation, est peut-être le plus proche qu’il ait jamais été de la tranquillité. Cela souligne combien Hernandez a manqué d’un véritable soutien émotionnel et d’un cadre bienveillant qui aurait pu l’aider à canaliser ses émotions de manière constructive. Ce dernier épisode laisse donc le spectateur avec un sentiment d’inachevé, mais de manière intentionnelle. Hernandez n’a jamais pu être sauvé, et c’est cette impossibilité même qui rend l’histoire si poignante. Son parcours invite à une réflexion plus large sur la culture du sport de haut niveau et les pressions qu’elle exerce sur ses athlètes.
Oui, le football est un sport physique où les coups font partie du jeu, mais à quel coût ? Les athlètes sont-ils vraiment préparés aux sacrifices qu’exigent leurs performances ? Et surtout, une institution aussi puissante que la NFL n’a-t-elle pas une responsabilité envers ceux qui font son succès ? Le cas d’Aaron Hernandez est un triste exemple de la façon dont les jeunes talents peuvent être façonnés, utilisés, puis oubliés par un système impitoyable. Quand les signes avant-coureurs étaient pourtant là, bien visibles, peu ont tenté de changer la trajectoire d’Hernandez. La série montre que l’histoire d’Hernandez n’est pas un simple cas isolé : des jeunes aspirent encore aujourd’hui à devenir des légendes du sport, sans réaliser les sacrifices qu’un tel rêve implique parfois. En conclusion, ce dernier épisode de American Sports Story : Aaron Hernandez offre une fin marquante et ouvre un champ de réflexion pertinent. Cependant, on pourrait se demander si cette série est essentielle.
Son intérêt réside dans sa capacité à soulever des questions sur le sport de haut niveau, la santé mentale, et la quête de reconnaissance qui pousse parfois des individus à l’extrême. Mais face aux documentaires percutants sur le même sujet, comme Killer Inside, la série manque peut-être d’une perspective totalement inédite. Néanmoins, elle laisse une impression durable et une série de questionnements essentiels pour toute personne passionnée de sport ou simplement curieuse de comprendre les rouages des vies publiques exposées au regard du monde. Elle invite à voir au-delà des statistiques et des palmarès, à s’interroger sur les sacrifices réels que certains sont prêts à consentir, souvent au prix de leur propre vie. Un final qui fait réfléchir et qui, même sans être un chef-d’œuvre, trouve sa place parmi les œuvres qui explorent les facettes moins reluisantes de la gloire.
Note : 8/10. En bref, un final qui nous interroge sur la responsabilité du sport.
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