30 Décembre 2024
La série Laid ne ressemble à aucune autre. Ce drame satirique, au ton à la fois caustique et désinvolte, réussit à explorer des thèmes universels sous un angle tout à fait singulier : une jeune femme dont les anciens partenaires meurent les uns après les autres. Cette première saison de huit épisodes propose une aventure mêlant enquête morbide, humour décalé et une plongée dans les tumultes de la vie sentimentale moderne. Ruby, incarnée par l’extraordinaire Stephanie Hsu, est une organisatrice d’événements trentenaire, naviguant dans les eaux parfois troubles des relations amoureuses. Elle est insouciante, drôle, mais aussi profondément imparfaite. Sa vie bascule lorsqu’elle réalise qu’un étrange motif semble émerger : ses ex-participants meurent de manière inexpliquée.
Une femme découvre que ses anciens partenaires meurent de façon inhabituelle, elle mène l'enquête.
Ce qui pourrait d’abord sembler être une coïncidence troublante se transforme rapidement en une véritable malédiction, une spirale où chaque mort rapproche Ruby d’un nouveau point de non-retour. Le concept repose sur un équilibre délicat entre mystère et comédie. La légèreté des interactions, souvent absurdes, entre Ruby et son entourage contraste avec le sombre contexte des décès successifs. Cette dualité est le cœur même de l’intrigue : comment concilier une atmosphère déjantée avec une série de pertes aussi tragiques ? Ruby ne traverse pas cette aventure seule. Sa meilleure amie et colocataire, AJ, interprétée par Zosia Mamet, s’impose comme une alliée indispensable.
Véritable bouffée d’air frais, AJ est la figure obsessionnelle des crimes non résolus, celle qui transforme une suite de décès tragiques en un casse-tête passionnant. Elle est l’âme rationnelle et satirique de la série, maniant aussi bien l’humour que la logique implacable. Son tableau conspirationniste, où les connexions entre les partenaires de Ruby sont minutieusement retracées, devient un personnage à part entière, illustrant à merveille l’urgence et l’absurdité de la situation. Le duo formé par Ruby et AJ est le moteur de la série. Leur dynamique repose sur un échange vif et une complicité palpable, qui donnent naissance à des répliques mémorables. Cette relation contraste fortement avec les interactions souvent tendues entre Ruby et ses anciens partenaires, où la rancune et les reproches s’entrelacent avec un humour grinçant.
Au-delà de son intrigue mystérieuse, Laid s’attaque à des thématiques contemporaines : les attentes irréalistes dans les relations, les insécurités omniprésentes, et le poids du passé. Ruby incarne une génération bercée par les comédies romantiques et les promesses d’un amour parfait. Pourtant, au fil des épisodes, elle se retrouve confrontée à une vérité brutale : ses propres défauts, ses choix passés et son incapacité à vraiment tourner la page. La série se révèle particulièrement habile lorsqu’elle s’attarde sur les moments de confrontation entre Ruby et ses ex. Chaque rencontre devient une mini-aventure, où les tensions latentes explosent dans un mélange de comédie et de drame.
Ces scènes permettent non seulement de creuser la personnalité de Ruby, mais aussi d’explorer des facettes variées de l’échec amoureux, entre promesses non tenues, désillusions et regrets. Si Laid brille par son originalité et son humour acide, la série n’est pas exempte de défauts. La seconde moitié de la saison, notamment, perd un peu de sa fraîcheur initiale. À mesure que l’intrigue progresse, les réponses apportées à la "malédiction" de Ruby peinent à maintenir l’intérêt. Le mystère s’étire parfois inutilement, et certaines pistes, bien que prometteuses, ne sont pas exploitées à leur plein potentiel. Malgré ces faiblesses, Laid reste captivante grâce à l’interprétation magistrale de Stephanie Hsu. Son jeu oscille avec finesse entre vulnérabilité et extravagance, donnant à Ruby une profondeur inattendue.
À ses côtés, Zosia Mamet excelle dans le rôle de l’amie à la fois cynique et loyale, apportant une légèreté bien nécessaire à un univers autrement chargé d’émotions. Laid joue avec les conventions du genre. Elle emprunte autant aux codes de la comédie romantique qu’à ceux du thriller surnaturel, créant un mélange unique. Ce mélange est renforcé par des références culturelles subtiles, parfois incongrues mais toujours savoureuses, allant des classiques du cinéma aux obsessions modernes pour les récits criminels. Cependant, la série semble plus efficace lorsqu’elle se concentre sur ses éléments comiques et satiriques. Les tentatives pour injecter des moments de réflexion plus sérieux, notamment autour du trauma et de la nécessité de "faire face à son passé", manquent parfois de finesse.
Ces scènes ralentissent le rythme, diluant l’impact de l’humour noir qui constitue pourtant la force principale de la série. En conclusion, la première saison de Laid pose les bases d’une série pleine de promesses. Son mélange d’humour caustique, de mystère et de critique sociale en fait une expérience unique, même si le récit vacille parfois sous le poids de son ambition. Les performances des acteurs, l’écriture acérée et les thèmes abordés permettent à la série de se démarquer dans un paysage télévisuel saturé. Si une deuxième saison voit le jour, elle devra resserrer son intrigue et approfondir ses personnages secondaires pour pleinement exploiter le potentiel de son univers. Mais en l’état, Laid reste une série qui, malgré ses imperfections, mérite qu’on s’y attarde.
Note : 7/10. En bref, êtes-vous prêt à plonger dans cet étrange mélange de romance, de mystère et d’humour grinçant ? Car une chose est certaine : Laid ne laisse personne indifférent.
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