15 Janvier 2025
Mayfair Witches // Saison 2. Episode 2. Ten of Swords.
La saison 2 de Mayfair Witches continue de plonger dans son univers gothique et étrange avec un second épisode qui divise. Si l’ambiance reste fidèle à l’atmosphère sombre d’Anne Rice, la série semble se perdre dans des choix narratifs parfois déconcertants, voire incohérents. Entre un antagoniste déroutant, des symboles mystérieux et des décisions discutables, cet épisode offre matière à réflexion – et frustration. Au cœur de cet épisode, Lasher reste une figure centrale, mais sa représentation suscite des interrogations. Son comportement oscille entre fascination et inconfort. Le personnage semble obsédé par deux pulsions : une consommation excessive de lait et une quête incontrôlée de gratification sexuelle.
Ces éléments ne sont pas simplement bizarres ; ils cherchent visiblement à symboliser quelque chose. Mais quoi exactement ? Le lait, par exemple, est une métaphore potentielle de l’enfance ou de la dépendance, mais son usage ici manque de subtilité. Lasher, adulte en apparence, est dépeint comme un être infantile, incapable de contrôler ses instincts. Cette ambiguïté pourrait être intéressante si elle était mieux exploitée. Cependant, la manière dont ces traits sont traités – avec une insistance sur l’absurde – tend à distraire plus qu’à intriguer. Lasher, censé incarner une force mystérieuse et menaçante, se retrouve à ressembler davantage à une caricature qu’à un véritable antagoniste.
Si la première saison et le début de cette nouvelle salve d’épisodes montraient une Rowan souvent passive, ce deuxième épisode lui offre un regain d’initiative. Elle réalise enfin que Lasher n’est pas son enfant et commence à affirmer son rôle dans la lutte contre lui. Cet éveil marque un tournant bienvenu. Pour la première fois, Rowan prend des décisions actives, même si elles s’avèrent parfois discutables. La relation entre Rowan et Lasher atteint un point critique lorsque celle-ci découvre l’étendue de ses actes meurtriers. À travers des interactions tendues, Rowan tente d’affirmer son autorité face à lui, mais ses efforts pour le neutraliser restent inefficaces. Cependant, c’est ce moment de confrontation qui permet au personnage de se recentrer et de trouver un objectif clair : stopper Lasher avant qu’il ne cause davantage de dégâts.
Lasher poursuit son sinistre parcours en séduisant les femmes de la famille Mayfair, les entraînant dans une danse mortelle. Cet épisode illustre bien ce cycle funeste : Cousine Gifford succombe après avoir été séduite par Lasher, renforçant ainsi la menace qu’il représente. Mais le problème est ailleurs : Lasher est dépeint comme un être incapable de contrôler ses actions, ce qui complique la perception que l’on peut avoir de lui. Doit-on le considérer comme une figure purement maléfique ou comme une victime de ses propres instincts ? Cette ambiguïté, loin de renforcer la tension dramatique, rend les choses confuses et même un peu gênantes. Les tentatives de la série pour humaniser Lasher tombent à plat, car elles minimisent les conséquences tragiques de ses actes.
Parallèlement, Cortland traverse un enfer personnel qui le confronte à ses pires souvenirs. Les scènes qui explorent sa relation avec son père sont d’une intensité dérangeante. Entre visions cauchemardesques et symboles explicites, ces séquences offrent un aperçu glaçant de la psychologie torturée de Cortland. Cependant, elles ne parviennent pas toujours à s’intégrer harmonieusement dans la trame principale. Le choix de Rowan de libérer Cortland pour obtenir des informations sur Lasher est également discutable. Bien que cela reflète sa détermination à comprendre les motivations de ce dernier, cela soulève des questions éthiques et morales. Cortland, avec son passé sombre et ses crimes odieux, ne mérite pas la rédemption.
Pourtant, la série semble amorcer une forme de réhabilitation pour ce personnage, ce qui risque de diviser les spectateurs. L’épisode 2 met également en lumière des personnages secondaires tels que Sip et Moira. Sip, pris au piège entre ses obligations envers le Talamasca et sa propre moralité, utilise des méthodes discutables pour avancer ses objectifs. L’introduction du concept de la "trust tab" (un outil magique pour inspirer temporairement la confiance) ajoute une dimension intrigante, mais soulève aussi des questions sur les limites de la manipulation éthique. De son côté, Moira, confrontée à la perte de sa mère, devient un personnage clé dans la lutte contre Lasher.
Sa dynamique avec Sip montre un potentiel narratif, mais l’épisode ne l’explore pas suffisamment. Ces arcs secondaires, bien qu’intéressants, sont noyés dans le chaos de l’intrigue principale. L’un des aspects les plus frustrants de cet épisode est la gestion de l’atmosphère gothique, qui constitue pourtant l’identité de la série. Bien que certaines scènes, notamment celles impliquant Cortland, soient visuellement marquantes, l’ensemble manque de cohésion. Les choix esthétiques, comme les angles de caméra exagérés ou les décors surchargés, semblent parfois forcés, au point de détourner l’attention de l’intrigue. L’héritage gothique d’Anne Rice repose sur des thèmes profonds : la dualité entre le bien et le mal, l’humanité dans la monstruosité, et le poids des dynasties familiales.
Pourtant, cet épisode se concentre davantage sur des éléments superficiels, perdant de vue la richesse émotionnelle et philosophique qui fait la force de ce genre. Le symbolisme est omniprésent dans cet épisode, mais il est souvent traité de manière confuse. Le lait, par exemple, est un motif récurrent qui semble vouloir évoquer des notions de dépendance ou d’innocence perdue, mais son utilisation finit par devenir plus déroutante qu’enrichissante. De même, les actions de certains personnages, comme celles de Rowan ou de Cortland, manquent parfois de logique, affaiblissant la crédibilité de l’histoire.
Malgré ses défauts, l’épisode 2 de la saison 2 de Mayfair Witches n’est pas sans potentiel. Les bases sont posées pour des développements intrigants : la lutte intérieure de Rowan, la quête de réponses sur les intentions de Lasher, et les tensions croissantes au sein de la famille Mayfair. Si la série parvient à mieux équilibrer ses éléments narratifs et à exploiter pleinement son atmosphère gothique, elle pourrait retrouver l’impact qu’elle promettait. Ce deuxième épisode de Mayfair Witches illustre bien les forces et faiblesses de la série. Entre des choix audacieux mais parfois maladroits, une ambiance gothique inégale, et des arcs narratifs qui peinent à trouver leur rythme, l’épisode laisse un sentiment mitigé. Pourtant, les thèmes explorés et les pistes ouvertes laissent entrevoir un potentiel encore inexploité.
Note : 3.5/10. En bref, la série doit impérativement recentrer son intrigue et approfondir ses personnages pour éviter de sombrer dans le chaos narratif. En attendant, cet épisode reste une expérience étrange, à la fois frustrante et fascinante.
Prochainement en France
Retrouvez sur mon blog des critiques de cinéma et de séries télé du monde entier tous les jours
Voir le profil de delromainzika sur le portail Overblog