9 Janvier 2025
Shifting Gears // Saison 1. Episode 1. Restoration.
Le premier épisode de Shifting Gears, nouvelle comédie portée par Tim Allen, promettait une exploration des dynamiques familiales modernes dans un cadre nostalgique. Pourtant, après visionnage, la série donne davantage l’impression de ressasser des formules éprouvées que de véritablement innover. Ce qui aurait pu être un mélange intelligent de comédie intergénérationnelle et de critique sociale s’avère n’être qu’un divertissement fade et prévisible. L’intrigue principale repose sur le personnage de Matt (Tim Allen), un veuf vieillissant et ronchon, confronté au retour inattendu de sa fille Riley (Kat Dennings). Ce duo père-fille offre un point de départ intéressant : un homme figé dans ses habitudes face à une jeune femme tentant de reconstruire sa vie après un mariage raté.
Matt, un veuf propriétaire d'un atelier de restauration de voitures anciennes, voit son quotidien chamboulé lorsque sa fille emménage dans sa maison avec ses enfants.
L’idée de deux générations opposées contraintes de cohabiter aurait pu donner lieu à des échanges enrichissants, mais la série peine à dépasser les lieux communs. Matt est caricatural dans son rôle de conservateur râleur, multipliant les commentaires sur les « absurdités » du monde moderne. Riley, quant à elle, est réduite à une figure stéréotypée de jeune mère en difficulté, tiraillée entre ses erreurs passées et ses ambitions personnelles. Plutôt que de s’affronter sur des questions de valeurs ou d’offrir un dialogue réel, leurs interactions se limitent à des piques humoristiques sans profondeur. Une opportunité manquée, surtout lorsque l’on sait à quel point Tim Allen et Kat Dennings sont capables de nuances dans leur jeu d’acteur.
Il est difficile d’évoquer Shifting Gears sans parler de la présence imposante de Tim Allen. L’acteur, connu pour ses rôles emblématiques dans des comédies comme Papa bricole ou Last Man Standing, est ici fidèle à sa formule habituelle. Matt est un personnage taillé sur mesure pour Allen : un patriarche grognon, plein de bons sentiments malgré ses maladresses. Ce type de rôle a longtemps été sa signature, mais dans Shifting Gears, il semble s’appuyer sur ses acquis sans chercher à renouveler son registre. Les monologues de Matt, souvent centrés sur les absurdités du quotidien ou les « excès » du politiquement correct, auraient pu être hilarants s’ils avaient été mieux écrits. Au lieu de cela, ils tombent à plat, donnant une impression de déjà-vu.
La série semble vouloir ménager la chèvre et le chou : Matt est conservateur, mais pas trop, grognon, mais jamais offensant. Ce positionnement édulcoré empêche le personnage de véritablement marquer les esprits. Face à Tim Allen, Kat Dennings aurait pu incarner une parfaite contrebalance, avec son style sarcastique et son énergie bien connue des fans de 2 Broke Girls ou Dollface. Pourtant, son personnage, Riley, manque cruellement de substance. Les motivations de Riley, son vécu et son caractère ne sont qu’effleurés. Au lieu d’être un personnage à part entière, elle sert davantage de prétexte pour ramener Matt à une forme d’introspection. Une fois encore, le potentiel narratif est laissé en suspens.
L’un des aspects les plus frappants de Shifting Gears est son décor principal : le garage de Matt, où il restaure des voitures classiques. Symboliquement, ce lieu aurait pu représenter la capacité de transformation ou le besoin de rénover des valeurs dépassées pour les adapter à un monde en mutation. Malheureusement, cette métaphore reste inexploité. Le garage devient un simple lieu de passage, où les dialogues manquent de dynamisme et où les personnages secondaires sont relégués à de simples figurants. La série souffre également d’un manque d’attention porté à ses personnages secondaires. Le personnel du garage, composé de Gabe (Seann William Scott) et Stitch (Daryl Mitchell), est cantonné à des rôles secondaires sans relief.
Gabe, présenté comme un homme sympathique mais un peu simplet, est à peine esquissé. Quant à Stitch, dont la présence aurait pu introduire une véritable diversité, il est réduit à une intrigue sur la manière dont Matt s’adresse à son handicap, un moment aussi maladroit que gênant. Même les enfants de Riley, Carter et Georgia, peinent à trouver leur place. Bien que Barrett Margolis, dans le rôle de Georgia, offre un instant amusant avec sa passion pour les podcasts de true crime, ces moments sont trop rares pour véritablement enrichir l’intrigue. Le principal défaut de Shifting Gears est son incapacité à trouver une voix distincte. Là où certaines séries parviennent à jongler entre humour et critique sociale, celle-ci reste figée dans une nostalgie qui l’empêche de se démarquer.
Les rires enregistrés, omniprésents, soulignent davantage le manque de spontanéité des dialogues qu’ils n’amplifient les moments comiques. La série aurait pu profiter de son contexte pour explorer des thématiques actuelles avec intelligence : les relations intergénérationnelles, les tensions politiques et sociales, ou encore le rôle de la famille dans une société en mutation. Au lieu de cela, elle s’en tient à des blagues faciles et à un propos volontairement flou. Les opinions de Matt, bien que conservatrices, sont si diluées qu’elles en deviennent inoffensives. La série semble vouloir éviter toute prise de position, ce qui la rend finalement insipide.
Shifting Gears s’inscrit dans la lignée des comédies multicam classiques, avec un public captif, des décors minimalistes et une structure scénaristique prévisible. Si ce format peut encore séduire un public en quête de confort, il apparaît ici daté et limité. Là où d’autres séries récentes ont su réinventer ce genre en y apportant une touche contemporaine, celle-ci semble s’accrocher à un passé révolu. La comparaison avec Last Man Standing est inévitable, tant les similitudes sont nombreuses. Pourtant, là où Last Man Standing parvenait parfois à surprendre avec des dialogues percutants ou des situations audacieuses, Shifting Gears joue la sécurité à outrance. Il en résulte une comédie qui manque d’âme et de personnalité.
Au final, le premier épisode de Shifting Gears laisse une impression mitigée. Pour les inconditionnels de Tim Allen, la série offre une dose de familiarité réconfortante. Mais pour ceux qui espéraient une comédie capable de se renouveler et d’aborder des thématiques modernes avec finesse, elle risque de décevoir. Avec des personnages mal exploités, des dialogues prévisibles et un décor figé, la série donne l’impression de tourner en rond. Pourtant, tout n’est pas perdu : les bases sont là, et avec un peu plus d’ambition et d’audace, Shifting Gears pourrait trouver sa vitesse de croisière. Mais pour l’instant, il semble que la série ait calé avant même de véritablement démarrer.
Note : 3.5/10. En bref, dommage que Shifting Gears n’apporte rien de neuf si ce n’est qu’une resucée de Last Man Standing. Cela manque cruellement d’ambition malgré tout l’attrait nostalgique que la série tente d’insuffler. J’aimais bien Last Man Standing mais je dois avouer que j’espérais quelque chose de neuf et frais, notamment avec la présence de Kat Dennings que j’adorais dans 2 Broke Girls.
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