5 Avril 2025
Avec Shifting Gears, Tim Allen retrouve le petit écran dans un rôle qui rappelle fortement ses précédents succès. Loin de réinventer la formule, la série repose sur un mélange de dynamiques familiales tendues et d’humour ancré dans une certaine vision du monde. Mais cette première saison parvient-elle à trouver sa propre identité ou se contente-t-elle de recycler des recettes éprouvées ? Dès les premiers épisodes, Shifting Gears pose ses bases : Matt Parker, interprété par Allen, est un propriétaire de garage spécialisé dans la restauration de voitures classiques.
Son quotidien bascule lorsqu’il découvre que sa fille Riley, incarnée par Kat Dennings, revient s’installer chez lui après son divorce, accompagnée de ses deux enfants. Ce retour forcé ravive des tensions jamais vraiment dissipées entre père et fille, d’autant plus que la disparition récente de l’épouse de Matt a laissé un vide émotionnel. Ce point de départ aurait pu offrir un terrain propice à des explorations nuancées des relations familiales, mais la série préfère rapidement s’ancrer dans des schémas classiques : le père bourru et conservateur face à la fille indépendante en quête de reconstruction.
Si Shifting Gears repose largement sur la présence de Tim Allen, il faut reconnaître que le casting qui l’entoure fait de son mieux pour équilibrer l’ensemble. Kat Dennings, déjà rompue aux sitcoms, apporte de la profondeur à Riley, bien au-delà des piques humoristiques qu’on pourrait attendre d’un tel rôle. Son personnage, tiraillé entre le poids de ses échecs et l’envie de s’émanciper du regard de son père, offre des moments sincères qui tranchent avec le ton global de la série. Parmi les seconds rôles, Seann William Scott, en mécanicien au grand cœur, et Daryl Mitchell, qui campe un collègue sarcastique, apportent des respirations bienvenues.
Malheureusement, certains personnages restent sous-exploités, notamment Frankie (Cynthia Quiles), dont le rôle peine à dépasser quelques répliques anecdotiques. L’humour de la série, pierre angulaire de toute sitcom, se révèle être à la fois son moteur et son frein. Les dialogues oscillent entre plaisanteries légères sur la vie quotidienne et saillies plus tranchantes qui reflètent certaines opinions bien arrêtées de Tim Allen. Ces prises de position donnent parfois l’impression que la série cherche à provoquer autant qu’à divertir, ce qui peut dérouter une partie du public.
Le comique de situation fonctionne par moments, notamment grâce à des échanges bien rythmés entre Matt et Riley, mais certains ressorts humoristiques semblent datés. Là où des séries plus récentes comme Abbott Elementary ou St. Denis Medical modernisent la comédie en intégrant une écriture plus naturelle et inclusive, Shifting Gears semble figée dans un style de sitcom qui peine à évoluer. Difficile de ne pas voir dans Shifting Gears un prolongement indirect de Last Man Standing, une série qui a su fidéliser un large public malgré des critiques récurrentes sur son ton et son message.
Pour ceux qui ont apprécié cette précédente collaboration entre Tim Allen et ABC, Shifting Gears représente une forme de continuité, avec un personnage principal qui reprend des traits familiers et une dynamique qui repose sur des oppositions générationnelles. Toutefois, là où Last Man Standing parvenait à intégrer une certaine évolution de ses personnages au fil des saisons, Shifting Gears semble plus figé dans sa structure. L’ajout d’un contexte plus dramatique, avec la mort de l’épouse de Matt et le retour compliqué de Riley, aurait pu permettre un renouvellement, mais la série ne s’aventure jamais très loin dans cette direction.
Malgré un démarrage en demi-teinte, Shifting Gears a des atouts qui pourraient lui permettre de s’améliorer si la série prend le temps d’affiner son écriture mais il est sûr qu’avec seulement dix épisodes, difficile de faire quoi que de soit. Le développement des personnages secondaires, notamment Frankie et les enfants de Riley, pourrait apporter une richesse supplémentaire à l’intrigue. L’une des pistes les plus intéressantes reste la relation entre Matt et ses petits-enfants. Là où la série appuie lourdement sur l’opposition entre père et fille, elle montre par moments une facette plus nuancée de Matt lorsqu’il interagit avec Carter et Georgia.
Ces moments, souvent plus authentiques, mériteraient d’être davantage exploités. Avec cette première saison, Shifting Gears s’inscrit dans la lignée des sitcoms portées par une grande figure comique, sans pour autant parvenir à se distinguer véritablement. Si la présence de Tim Allen garantit un public fidèle, la série devra trouver un meilleur équilibre entre humour et narration pour espérer durer. Pour l’instant, Shifting Gears fonctionne comme une extension du style Allen plutôt que comme une œuvre à part entière. Reste à voir si elle saura, dans d’éventuelles saisons suivantes, s’émanciper de cette emprise pour proposer quelque chose de plus original et de plus moderne.
Note : 4.5/10. En bref, Shifting Gears s’inscrit dans la lignée des sitcoms portées par une grande figure comique, sans pour autant parvenir à se distinguer véritablement. Si la présence de Tim Allen garantit un public fidèle, la série devra trouver un meilleur équilibre entre humour et narration pour espérer durer.
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