Families Like Ours (Mini-series, épisodes 1 et 2) : une réflexion sur l’humanité face à la crise climatique

Families Like Ours (Mini-series, épisodes 1 et 2) : une réflexion sur l’humanité face à la crise climatique

Thomas Vinterberg, réalisateur de renom, connu pour ses œuvres marquantes telles que Festen et Drunk, revient avec une mini-série ambitieuse intitulée Families Like Ours. En s’attaquant aux thèmes du changement climatique et de ses conséquences sociales, Vinterberg explore un futur proche où le Danemark, submergé par les eaux montantes, décide d’évacuer sa population. À travers les deux premiers épisodes de cette série en sept parties, un récit à la fois intime et collectif se dessine, oscillant entre drame humain et fresque dystopique. L’intrigue s’ouvre sur un Danemark condamné à disparaître sous les eaux. Face à une menace climatique imminente et des coûts exponentiels pour maintenir les digues, le gouvernement opte pour une solution radicale : disperser les citoyens dans toute l’Europe.

 

C’est un été en apparence ordinaire au Danemark, quand une décision politique fait tout basculer : pour éviter une catastrophe naturelle irréversible, le pays doit être évacué avant d'être entièrement inondé. Le peuple danois se disperse et laisse derrière lui maisons, écoles et rues désertes. Alors que familles et amis sont séparés, en un instant, plus rien n’a de valeur, les destins changent et la chance sourit seulement à quelques exilés. Laura, une lycéenne bientôt bachelière, va voir sa vie changer pour toujours.

 

Cette décision marque le début d’un bouleversement sociétal profond, où les frontières physiques et émotionnelles s’effacent, laissant place à une quête d’identité et de résilience. La série se concentre sur des personnages divers, chacun confronté à l'exil forcé. Laura, une adolescente en plein éveil amoureux, incarne l'innocence perdue dans une réalité bouleversante. À ses côtés, un jeune prodige du football recruté par Liverpool et un couple d’hommes hauts fonctionnaires tentent de trouver un nouveau sens à leur vie. Ces histoires entremêlées offrent une vision mosaïque de la transhumance humaine et des luttes individuelles face à une crise globale. 

 

Contrairement à de nombreuses œuvres de science-fiction qui misent sur des effets spectaculaires pour représenter des catastrophes, Families Like Ours adopte une approche plus subtile et réaliste. Vinterberg s’éloigne des clichés hollywoodiens pour offrir une vision plausible de l’avenir. Ici, les inondations ne sont pas montrées de manière sensationnelle, mais à travers leurs conséquences concrètes : des villes vidées, des familles éclatées, des communautés désorientées. Cette sobriété narrative permet à la série de se concentrer sur son véritable sujet : le privilège et la manière dont il se réinvente même en temps de crise. À travers ses personnages, Vinterberg met en lumière les inégalités persistantes, révélant comment certains parviennent à maintenir leur statut malgré la perte de tout repère matériel. 

 

Cependant, cette critique sociale, bien qu’intéressante, manque parfois de profondeur, s’effaçant au profit d’une exploration plus psychologique. Le véritable moteur de la série réside dans ses personnages et leurs dilemmes personnels. Chaque protagoniste apporte une perspective unique sur le déracinement, que ce soit par le prisme de l’amour adolescent, de l’ambition professionnelle ou de la recherche d’un foyer. Ces histoires, bien que touchantes, souffrent parfois d’un manque de tension dramatique. Si l’émotion est présente, elle reste souvent en surface, ne parvenant pas à atteindre des sommets mémorables.

 

L’un des arcs narratifs les plus intrigants est celui du jeune footballeur, dont le talent pourrait lui offrir une échappatoire à la dure réalité de l’exil. Cependant, même cette intrigue prometteuse est traitée avec une certaine retenue, empêchant le spectateur de s’y plonger pleinement. De même, l’histoire d’un enfant potentiellement médium, bien qu’originale, semble déconnectée du reste de la série, ajoutant une touche fantastique qui peine à s’intégrer au réalisme ambiant. L’un des thèmes centraux de Families Like Ours est la réversibilité des rôles sociaux. En transformant les citoyens danois en migrants, la série invite à réfléchir sur la condition des déplacés dans un monde où les crises climatiques redéfinissent les hiérarchies sociales. 

 

Cependant, cette réflexion, bien que pertinente, reste trop superficielle pour marquer durablement. Là où des œuvres comme Years and Years de Russell T. Davies ont su captiver en mêlant critique sociale et émotions poignantes, la série de Vinterberg manque d’audace et de subversion. La volonté de Vinterberg d’explorer les méandres psychologiques de ses personnages se fait parfois au détriment de l’intrigue globale. La dimension politique, pourtant essentielle à l’histoire, est reléguée au second plan, laissant un sentiment d’inachevé. Cette hésitation entre drame personnel et fresque sociétale empêche la série de trouver son équilibre, ce qui limite son impact.

 

Visuellement, Families Like Ours reflète tout le talent de Vinterberg. Les paysages désertés du Danemark, les villes étrangères où les personnages tentent de se reconstruire, et les intérieurs empreints de mélancolie composent une toile de fond saisissante. La réalisation, bien que discrète, sert parfaitement l’ambiance de la série, mêlant réalisme et poésie. Cependant, cette esthétique soignée ne suffit pas à compenser les faiblesses narratives. Si les deux premiers épisodes posent des bases intéressantes, ils manquent de ce "petit truc en plus" qui pourrait rendre la série véritablement mémorable. Les enjeux, bien que clairement définis, peinent à captiver pleinement, laissant le spectateur en quête d’une intensité dramatique plus marquée.

 

Avec Families Like Ours, Thomas Vinterberg propose une réflexion pertinente sur les conséquences humaines du changement climatique. En s’éloignant des représentations catastrophistes traditionnelles, il offre une vision réaliste et intime de l’exil, portée par des personnages touchants et une réalisation maîtrisée. Cependant, les deux premiers épisodes révèlent également les limites de la série : un manque de dynamisme, une critique sociale trop timide et une narration parfois trop éparse. Malgré ces défauts, Families Like Ours reste une œuvre intéressante, qui mérite d’être découverte pour sa singularité et sa tentative d’aborder des thèmes complexes sous un angle original. 

 

Note : 5/10. En bref, une esthétique soignée mais une narration en demi-teinte. Si la série parvient à approfondir ses enjeux dans les épisodes suivants, elle pourrait s’imposer comme une réflexion marquante sur l’humanité face aux défis du 21ᵉ siècle. Pour l’instant, elle se contente d’être correcte, mais prometteuse.

Disponible sur myCanal

 

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