2 Janvier 2025
Dès les premières minutes de Le Casse du Ciel, la mini-série promet un récit audacieux inspiré d’un fait divers réel : le vol spectaculaire du dépôt de fonds G4S à Stockholm. Cependant, à mesure que les huit épisodes se déroulent, les attentes initiales se heurtent à des choix narratifs et artistiques inégaux, laissant un sentiment d’ambivalence. L’histoire repose sur une formule éprouvée : un groupe de malfaiteurs en quête de fortune décide de monter un plan audacieux, sous le regard vigilant des autorités. À première vue, rien de novateur dans ce schéma narratif. La promesse réside davantage dans l’exploration des tensions humaines, des dilemmes moraux et des dynamiques entre les différents personnages.
Or, la première moitié de la série peine à tenir cette promesse. Les quatre premiers épisodes, centrés sur la préparation du casse, s’attardent longuement sur des dialogues et des intrigues secondaires qui diluent l’intensité. Les histoires personnelles, bien que nécessaires pour donner de la profondeur aux personnages, manquent souvent de substance. Elles freinent l’intrigue principale sans réellement enrichir la narration. Malgré quelques tentatives de suspense, l’ensemble reste plat, voire prévisible, ne laissant que peu de place à l’émotion ou à l’attachement aux protagonistes. Un des points faibles majeurs de la série réside dans ses personnages. Ils manquent cruellement de nuances et d’humanité, surtout dans la première moitié.
Les acteurs semblent parfois réciter leurs répliques sans véritable conviction, donnant l’impression d’une mécanique bien huilée, mais dépourvue d’âme. Il est difficile de ressentir une réelle empathie envers eux, car leurs motivations restent souvent floues ou trop survolées. Cependant, une exception notable se trouve du côté des enquêteurs, ou plutôt d’une enquêtrice : Léonie. Seule figure véritablement captivante de cette équipe, elle incarne à elle seule la tension et l’engagement qui manquent cruellement à ses collègues. Là où les autres policiers semblent apathiques, elle se démarque par son obstination et sa capacité à résoudre les énigmes cruciales. Toutefois, ce déséquilibre entre les personnages renforce l’impression d’un casting inégal.
À partir de l’épisode 5, un basculement narratif s’opère, insufflant un regain d’intérêt à la série. Le casse, enfin mis à exécution, devient le pivot central de l’histoire. La tension monte d’un cran, et le spectateur est plongé dans une ambiance nerveuse et haletante. Les scènes d’action, soigneusement orchestrées, captivent par leur intensité. La caméra joue un rôle crucial, capturant chaque détail avec une précision qui amplifie l’adrénaline. Les séquences suivant le braquage, où les personnages doivent gérer les retombées et éviter la capture, sont parmi les meilleures de la série. Le rythme s’accélère, les enjeux deviennent plus palpables, et les émotions – enfin – prennent le dessus. Cette transformation contraste vivement avec la première moitié et donne un second souffle à l’intrigue.
La réalisation, confiée à Daniel Espinosa (Morbius, Life), est marquée par des choix stylistiques parfois discutables. Si certaines scènes brillent par leur tension et leur mise en scène immersive, d’autres souffrent d’une exécution maladroite. Les musiques, par exemple, semblent souvent décalées, surtout lors des moments clés de la préparation du casse. Cette dissonance nuit à l’immersion et renforce l’impression que les quatre premiers épisodes auraient gagné à être condensés. Par ailleurs, la série excelle dans la retranscription des émotions lors des scènes de braquage. Les regards, les gestes et les silences en disent parfois plus que les dialogues eux-mêmes. Ces moments rappellent qu’un récit, même prévisible, peut briller lorsqu’il est porté par une mise en scène minutieuse et sincère.
Huit épisodes pour une mini-série de ce type semblent excessifs. Avec un scénario aussi linéaire, un format plus resserré de cinq ou six épisodes aurait suffi à maintenir une tension constante. Certaines scènes, notamment dans les premiers épisodes, paraissent redondantes et auraient pu être supprimées sans nuire à l’histoire. Cette longueur excessive dilue l’impact global et laisse une impression de remplissage inutile. Le Casse du Ciel est une série qui divise. Si la seconde moitié parvient à captiver grâce à une tension bien dosée et des scènes d’action remarquables, la première partie souffre d’un manque de dynamisme et d’une écriture trop convenue. Les personnages, à l’exception de Léonie, peinent à marquer les esprits, et la mise en scène oscille entre le sublime et le médiocre.
En fin de compte, cette mini-série vaut le détour pour ses moments de bravoure, mais elle n’atteint jamais l’excellence. Elle demeure une œuvre honorable, sans pour autant laisser une empreinte durable. Pour les amateurs de récits de braquages, elle constitue un divertissement correct, mais loin d’être inoubliable.
Note : 6/10. En bref, une mini-série captivante mais imparfaite.
Disponible sur Netflix
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