21 Janvier 2025
Parmi les séries de ces derniers mois, La Liberación se présente comme une œuvre audacieuse. Une série qui semblait promettre un regard incisif sur des sujets essentiels, comme le féminisme et les structures patriarcales, mais qui, hélas, ne parvient jamais à transformer cette ambition en une œuvre véritablement captivante. Derrière une façade d’idées fortes et d’intentions louables se cache une série qui s’effondre sous le poids de son propre concept. Dès le synopsis, La Liberación intrigue : quatre femmes unissent leurs forces pour convaincre une jeune actrice de retirer une accusation de harcèlement sexuel contre un réalisateur célèbre.
Trois femmes tentent de persuader une actrice de laisser tomber une accusation de harcèlement sexuel contre un célèbre réalisateur.
Une mission qui sert de prétexte pour explorer les zones grises de la morale, les tensions internes au féminisme, et les mécanismes complexes de la solidarité. Malheureusement, si ce point de départ semble riche de possibilités, l’exécution manque de finesse et, surtout, de rythme. L’un des problèmes majeurs de la série réside dans sa narration. D’un côté, elle semble vouloir embrasser une complexité bienvenue ; de l’autre, elle s’embourbe dans des intrigues secondaires qui noient l’essentiel. Chaque épisode s’étire en longueur, multipliant des scènes qui peinent à avancer l’intrigue ou à enrichir le propos. Résultat : un sentiment de frustration face à une série qui aurait pu être incisive mais qui s’égare dans un verbiage et des séquences souvent inutiles.
Si La Liberación aspire à un style visuel marquant, cet aspect tombe rapidement à plat. Certaines scènes tentent d’impressionner par une mise en scène symbolique ou des choix esthétiques audacieux, notamment dans les flashbacks médiévaux qui parsèment la série. Ces séquences, censées établir un parallèle entre les luttes féministes modernes et celles du passé, peinent à convaincre. Plutôt que d’enrichir l’histoire, elles la ralentissent et créent une impression de déconnexion. Le problème ne vient pas uniquement de ces flashbacks : même dans son traitement contemporain, la série semble hésiter entre une approche minimaliste et des tentatives maladroites de symbolisme.
Les scènes qui se veulent puissantes, comme celles qui abordent frontalement le sujet du harcèlement ou de la complicité morale, manquent souvent de subtilité ou tombent dans une surenchère dramatique qui finit par desservir le propos. L’un des rares points sur lesquels la série semblait avoir du potentiel était son quatuor de protagonistes. Quatre femmes, toutes différentes, réunies par une mission commune mais tiraillées par leurs propres ambitions, peurs et contradictions. Malheureusement, ce potentiel narratif est sous-exploité. Bien que certaines scènes mettent en lumière leurs dilemmes moraux et leurs vulnérabilités, les personnages restent globalement peu attachants.
Leur développement semble souvent précipité, comme si la série ne savait pas trop quoi faire de ces figures pourtant centrales. Pire encore, le casting manque d’homogénéité : si certaines actrices livrent des performances solides, d’autres peinent à insuffler de la crédibilité à leurs rôles. Ces disparités affaiblissent l’impact émotionnel de nombreuses scènes, rendant difficile l’investissement dans leurs trajectoires personnelles. La Liberación tente de mêler drame et humour noir, un pari risqué qui aurait pu se révéler brillant si le dosage avait été maîtrisé. Malheureusement, cette tentative tourne souvent au vinaigre.
Certaines scènes, visiblement conçues pour provoquer un rire amer ou une réflexion grinçante, tombent complètement à plat. Cet humour maladroit dilue la gravité des thèmes abordés et crée un décalage qui empêche la série de trouver son ton. Ce qui rend La Liberación d’autant plus décevante, c’est l’importance de la thématique qu’elle aborde. En s’attaquant à des sujets comme le harcèlement, la solidarité féminine, et les compromis moraux dans un monde dominé par des structures patriarcales, la série avait une occasion unique de marquer les esprits. Mais au lieu de se concentrer sur ces problématiques avec une profondeur et une sensibilité nécessaires, elle les effleure de manière superficielle ou maladroite.
La série semble hésiter entre dénoncer, instruire ou simplement raconter une histoire, sans jamais véritablement choisir. Cela donne une impression d’incohérence, comme si elle essayait de plaire à tout le monde sans s’engager pleinement. Résultat : des thématiques fortes mais traitées de manière si bancale qu’elles perdent de leur impact. L’un des défauts les plus évidents de La Liberación est son rythme. Dès les premières minutes, le spectateur est confronté à une scène confuse qui, au lieu d’éveiller la curiosité, instaure une certaine frustration. Il faut parfois attendre de longs moments avant que l’intrigue principale ne gagne en clarté, et même là, le récit reste ponctué de longueurs inutiles.
Ce problème de rythme est aggravé par des dialogues souvent redondants et des séquences qui s’étendent bien au-delà de leur utilité. Plutôt que de maintenir une tension narrative ou d’approfondir ses personnages, la série semble s’égarer, rendant le visionnage plus fastidieux qu’il ne devrait l’être. Malgré son ambition et les idées intrigantes qui la sous-tendent, La Liberación échoue à convaincre. Ce qui aurait pu être une exploration puissante et nuancée des luttes féministes se transforme en une série laborieuse, esthétiquement inégale, et émotionnellement distante. En fin de compte, La Liberación illustre bien le fossé qui peut exister entre une idée forte et sa mise en œuvre.
Une thématique importante ne suffit pas à faire une grande série ; encore faut-il que l’exécution soit à la hauteur. Ici, les longueurs, les maladresses narratives, et les choix esthétiques douteux transforment ce qui aurait pu être une œuvre marquante en une expérience oubliable. Pour les spectateurs à la recherche d’une série captivante, je ne peux pas recommander La Liberación. Son ambition, bien que louable, est desservie par une exécution qui peine à captiver ou émouvoir. Espérons que de futures productions sauront mieux exploiter ces thématiques cruciales avec l’attention et la maîtrise qu’elles méritent.
Note : 3/10. En bref, une thématique importante ne suffit pas à faire une grande série, encore faut-il que l’exécution soit à la hauteur.
Disponible sur Amazon Prime Video
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