A Priori (Saison 1, épisodes 5 à 8) : le soleil de la Camargue ne suffit pas

A Priori (Saison 1, épisodes 5 à 8) : le soleil de la Camargue ne suffit pas

Dans cette seconde moitié de la saison 1 d'A Priori, la série continue sur la lancée des premiers épisodes en s'appuyant sur des intrigues indépendantes tout en approfondissant les relations entre les personnages. Les enquêtes suivent une trame prévisible, mais la dynamique entre les protagonistes parvient à maintenir un certain intérêt. Cependant, à mesure que les épisodes avancent, un sentiment d’inachevé se fait ressentir, entre répétitions narratives et manque d’ambition scénaristique. Les épisodes 5 à 8 confirment l’orientation de la série. 

 

Chaque enquête démarre avec une mort suspecte qui, à première vue, semble anodine avant de révéler un crime plus complexe. Si cette mécanique est efficace, elle peine néanmoins à surprendre. L’épisode 5, par exemple, plonge Iris et Victor dans l’univers agricole avec la mort d’un jeune maraîcher. Ce cadre rural aurait pu offrir un terrain fertile à des tensions sociales ou environnementales, mais le scénario choisit de rester en surface. L’intérêt de l’intrigue ne réside pas tant dans l’enquête elle-même que dans la manière dont les deux personnages interagissent et évoluent. 

 

La dynamique du duo principal reste le véritable moteur de la série, mais elle n’échappe pas à une certaine répétitivité. Les dialogues sont souvent prévisibles et les tensions entre les personnages semblent forcées, comme si elles suivaient un cahier des charges imposé plutôt qu’une véritable construction narrative fluide. L’épisode 6, quant à lui, change de décor en introduisant un meurtre dans une abbaye isolée. Ce cadre inhabituel apporte un souffle nouveau et joue habilement avec les codes du polar religieux. Pourtant, la mise en scène peine à exploiter pleinement ce décor intrigant. 

 

Les suspects sont trop rapidement identifiés, les indices apparaissent au moment opportun sans réel travail d’investigation et la conclusion de l’enquête se déroule sans rebondissements majeurs. La série manque ici l’opportunité d’installer une véritable atmosphère pesante et énigmatique. En parallèle, les intrigues secondaires autour des autres membres du commissariat poursuivent leur développement sans toujours apporter une réelle valeur ajoutée à l’ensemble. L’histoire de David et Nesrine cherchant à surprendre la commissaire pour ses 60 ans aurait pu humaniser un personnage souvent cantonné au rôle de figure d’autorité, mais elle se résume à quelques scènes anecdotiques.

 

L’épisode 7 explore le monde de l’entreprise à travers le meurtre d’une directrice du personnel lors d’un séminaire de cohésion. Une critique implicite du management moderne se dessine en toile de fond, mais l’ensemble reste traité avec une légèreté qui atténue toute tension dramatique. Le PDG charismatique, cible initiale du meurtrier, est un archétype déjà vu dans de nombreuses séries policières, et les interactions entre suspects se révèlent sans surprise. L’épisode aurait pu être l’occasion d’explorer les conflits de pouvoir au sein d’un environnement professionnel, mais le traitement demeure superficiel, privilégiant les dialogues explicatifs au détriment du sous-texte. 

 

De leur côté, Nesrine et David se penchent sur une enquête autour du trafic de médicaments, un sujet intéressant mais traité de façon expéditive, ce qui empêche toute montée en tension. Enfin, l’épisode 8 clôt cette première saison avec l’assassinat d’un influenceur dans une salle de sport haut de gamme. Un choix de sujet dans l’air du temps, qui aurait pu donner lieu à une réflexion sur l’image et la pression des réseaux sociaux, mais qui se contente d’exploiter les stéréotypes liés au milieu du fitness. L’intrigue principale n’offre pas de conclusion réellement marquante et la révélation du meurtrier ne crée pas de véritable impact. 

 

L’intrigue fil rouge, censée apporter une cohésion à l’ensemble, avance à un rythme trop mécanique pour véritablement captiver. Les enjeux personnels des personnages sont abordés, mais rarement approfondis, ce qui laisse une impression de potentiel inexploité. L’un des principaux reproches que l’on peut adresser à A Priori est sa frilosité. La série se repose sur des formules déjà éprouvées et peine à proposer des angles originaux. Si le duo formé par Bruno Salomone et Lucia Passaniti fonctionne, l’écriture de leurs personnages manque d’audace. 

 

Victor Montagnac est un policier désabusé, Iris une jeune enquêtrice rigoureuse, et leurs échanges suivent une dynamique prévisible. On perçoit quelques tentatives d’évolution, notamment dans les derniers épisodes où Victor semble plus impliqué et où Iris commence à assouplir son regard sur son binôme. Cependant, ces évolutions restent timides et ne suffisent pas à apporter une réelle profondeur aux protagonistes. Visuellement, la série fait le choix d’une photographie sobre, qui manque parfois de relief. Les décors, bien que variés, sont peu mis en valeur, et la réalisation adopte une mise en scène fonctionnelle sans grande inventivité. 

 

Certains moments de tension auraient mérité un travail plus poussé sur l’éclairage et la mise en espace des personnages pour renforcer l’impact émotionnel. De même, la musique d’ambiance, bien qu’adéquate, ne parvient pas à marquer les esprits. En définitive, A Priori continue de s’appuyer sur une formule efficace mais sans surprise. Si la complicité des acteurs demeure l’un des points forts, la série peine à proposer des enquêtes réellement marquantes. La dynamique entre Iris et Victor évolue légèrement, mais sans prendre de risques narratifs. Si une saison 2 voit le jour, il serait intéressant qu’elle s’affranchisse de certaines facilités pour exploiter pleinement le potentiel de son casting et de ses personnages. 

 

Note : 4.5/10. En bref, la série divertit sans réellement captiver, laissant une impression de rendez-vous manqué.

Disponible sur france.tv

 

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