Dood Spoor (Saison 1, 6 épisodes) : un consultant… pas comme les autres

Dood Spoor (Saison 1, 6 épisodes) : un consultant… pas comme les autres

Le paysage des séries télévisées regorge de productions qui s'inspirent les unes des autres, mais parfois, une perle rare émerge avec une identité propre et un concept novateur. Dood Spoor s’inscrit précisément dans cette catégorie. Avec seulement six épisodes, cette série belge parvient à captiver grâce à une intrigue qui mélange habilement enquête policière, humour noir et une touche de surnaturel. Une combinaison qui aurait pu être périlleuse, mais qui ici fonctionne à merveille. L'idée centrale de Dood Spoor repose sur une capacité pour le moins originale : Ed Beckx, le protagoniste, a un don peu ragoûtant. 

 

Lorsqu’il goûte un aliment ou un objet, il en perçoit le passé. Une particularité qui, si elle peut sembler grotesque au premier abord, est exploitée avec une intelligence remarquable tout au long de la série. Ed et sa collègue Leslie dirigent une entreprise pas comme les autres, De Laatste Groet, qui propose de reconstituer les dernières heures des défunts à leurs proches. Une activité qui l’amène forcément à se retrouver dans des situations aussi cocasses que dérangeantes. Le talent d’écriture de Malin-Sarah Gozin, déjà à l’origine de Tabula Rasa et Clan, se ressent dans chaque scène. 

 

Loin de se contenter d’un simple gadget narratif, la série intègre ce don de manière fluide à l’intrigue principale, en exploitant pleinement son potentiel dramatique et comique. Dès le premier épisode, l’histoire prend un tournant plus sombre avec la découverte d’un cadavre emballé sous vide sur un terrain de golf. L’inspecteur Adams sollicite alors Ed pour l’aider dans son enquête, ce qui amène le personnage principal à interagir avec une galerie de personnages hauts en couleur, notamment la médecin légiste Anna, cynique et sarcastique à souhait. Loin des polars classiques, Dood Spoor se distingue par un ton décalé et une légèreté bienvenue malgré la gravité du sujet. 

 

L’humour naît souvent de situations inconfortables, notamment lorsqu’Ed doit se résoudre à mettre en bouche des objets pour percer les mystères entourant les crimes. Cette absurdité volontaire est un des points forts de la série, car elle offre un contraste rafraîchissant avec les codes habituels des thrillers. L’univers de Dood Spoor n’est pas tout à fait celui que l’on connaît. De petits détails discrets disséminés tout au long des épisodes créent une atmosphère légèrement décalée. 

 

Entre des salles de cinéma où l’on peut acheter des tomates en guise de snacks et des restaurants carnivores transformés en lieux clandestins surveillés par des détecteurs de métaux, le monde dans lequel évoluent les personnages semble proche du nôtre, tout en étant fondamentalement différent. Cette singularité participe au charme de la série, renforçant l’impression d’un univers cohérent et soigné. Loin d’être un simple décor, cet environnement atypique sert également le propos sous-jacent de Dood Spoor, qui s’amuse à questionner nos habitudes de consommation et notre rapport à la nourriture.

 

Le succès de la série repose en grande partie sur son casting de qualité. Peter Van Den Begin, acteur aux multiples facettes, incarne Ed avec un naturel désarmant. Son jeu oscille entre humour et mélancolie, rendant son personnage immédiatement attachant. À ses côtés, Elise Schaap brille dans le rôle d’Anna, la médecin légiste au sarcasme tranchant. Marjan De Schutter, Ward Kerremans et Saïd Boumazoughe complètent cette distribution talentueuse, chacun apportant sa propre couleur à l’ensemble. L’alchimie entre les acteurs est indéniable et contribue à rendre crédibles des situations qui, sur le papier, pourraient sembler trop excentriques.

 

Visuellement, Dood Spoor ne laisse rien au hasard. La photographie est soignée, avec des décors aux couleurs marquées qui renforcent l’identité visuelle de la série. Le bureau bordeaux d’Ed ou encore la cuisine verdoyante de sa famille témoignent d’un véritable souci du détail. Les scènes où Ed a ses visions sont particulièrement réussies, utilisant des montages dynamiques et un design sonore immersif. Ces séquences, qui auraient pu paraître redondantes, parviennent à surprendre à chaque fois grâce à une mise en scène astucieuse et inventive. 

 

Si la série repose sur un humour souvent grinçant, elle n’en oublie pas pour autant son intrigue principale. Dès les premiers épisodes, plusieurs mystères s’installent : qui est responsable du meurtre sur le terrain de golf ? Qui s’en prend à Ed, le menaçant de plus en plus ouvertement ? Et surtout, quels secrets cache-t-il réellement ? Avec seulement six épisodes, le rythme se doit d’être soutenu, et la série parvient à maintenir une tension constante sans pour autant se précipiter. Chaque épisode apporte son lot de révélations et d’interrogations, maintenant un suspense bien dosé.

 

Les relations interpersonnelles d’Ed sont également un axe important du récit. Que ce soit avec Leslie, son associée, avec sa famille, ou avec les enquêteurs qui le sollicitent, chaque interaction ajoute une couche supplémentaire à la complexité du personnage. Il est rare de voir une série belge oser une approche aussi originale et assumée que Dood Spoor. Son mélange des genres, son humour noir et son univers légèrement dystopique en font une œuvre unique qui se démarque nettement des productions habituelles. Portée par un excellent casting et une écriture soignée, la série ne se contente pas d’un simple concept intrigant, mais l’exploite pleinement pour offrir une expérience captivante du début à la fin.

 

Avec seulement six épisodes, Dood Spoor ne s’éternise pas inutilement et va droit au but, ce qui renforce son impact. Un pari réussi qui prouve une fois de plus que la Belgique sait produire des séries audacieuses et mémorables. Pour ceux qui aiment les enquêtes criminelles teintées d’humour noir et de surnaturel, Dood Spoor est une pépite à ne pas manquer. 

 

Note : 6.5/10. En bref, une bonne surprise belge. 

Prochainement en France

Disponible sur Streamz, accessible via un VPN

 

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