Critiques Séries : Good American Family. Mini-series. Episode 3.

Critiques Séries : Good American Family. Mini-series. Episode 3.

Good American Family // Mini-series. Episode 3. Ghosts Everywhere.

 

Je dois avouer que je suis énervé pour les gens qui ont regardé Ellen Pompeo dans Quotidien et qui espéraient découvrir cette mini-série. Pourquoi ? Car Ellen Pompeo a simplement spoilé l’intégralité de l’histoire sur TMC sans que personne ne décide de couper cette partie de l’interview (qui avait clairement été tournée préalablement). Alors certes, l’histoire est inspirée de faits réels que l’on peut facilement retrouver sur Wikipédia (et dans un documentaire très réussi). Mais pourquoi venir vendre une mini-série en racontant la fin avant même que la série ait été diffusée en France ? 

 

L’épisode 3 de Good American Family continue d’explorer les tensions croissantes au sein du foyer Barnett. Ce chapitre met en lumière une Kristine de plus en plus instable, obsédée par l’idée que Natalia cache une vérité terrifiante. À travers un récit fragmenté et une narration qui joue avec la perception du spectateur, la série pousse à s’interroger : où se trouve la vérité entre l’instinct maternel et la paranoïa destructrice ? Dès les premières minutes, Kristine semble enfermée dans une spirale obsessionnelle. Son regard se perd, ses gestes deviennent plus durs, et chaque interaction avec Natalia est marquée par une tension palpable. 

 

La découverte de chaussettes ensanglantées dans la chambre de Natalia renforce ses soupçons : la petite fille aurait ses règles et ne serait donc pas aussi jeune qu’elle le prétend. Pourtant, aucun élément concret ne vient réellement confirmer cette théorie. Tout repose sur ce que Kristine interprète et sur ce qu’elle choisit de montrer ou d’omettre. La série joue intelligemment avec cette dynamique. Lorsque Kristine confronte Natalia, la scène est construite de manière à créer une ambiguïté. Natalia nie, puis semble confuse, comme si elle-même doutait de sa propre réalité. 

 

Kristine, de son côté, ne fait que renforcer la narration qu’elle a construite dans sa tête : Natalia est une manipulatrice et tout doit être fait pour prouver son imposture. Le grand tour de force de cet épisode repose sur la façon dont les éléments factuels sont disséminés. Il n’y a jamais de preuve directe de ce que Kristine avance. Chaque indice est interprété par elle et transmis au spectateur à travers son prisme déformé. Par exemple, le tampon retrouvé au sol, présenté comme une confirmation des soupçons de Kristine, est un élément que seule elle constate. 

 

Natalia, elle, n’a jamais explicitement affirmé qu’elle avait ses règles, et même lorsqu’elle en parle à Michael, c’est Kristine qui guide la conversation. La série joue également sur le non-dit et l’absence de témoignages externes. Les médecins consultés ne donnent jamais de réponse claire sur l’âge réel de Natalia, soulignant uniquement que son nanisme complique toute estimation. Quant aux anciens parents adoptifs, la scène où Kristine leur rend visite est coupée juste avant toute révélation explicite. On ne sait pas ce qui est réellement dit, seulement ce que Kristine en rapporte en pleurant à son retour.

 

Si Kristine se radicalise dans sa quête de vérité, Michael, lui, semble emprisonné dans un déni confortable. Son attachement à Natalia devient un point de friction majeur dans son mariage. L’adoption, initialement perçue comme un moyen de stabiliser leur relation, ne fait qu’accélérer leur séparation. Michael ne parvient pas à voir ce que Kristine voit, ou peut-être choisit-il de ne pas le voir. Il protège Natalia, la considère toujours comme une enfant en difficulté, tandis que Kristine la voit comme une menace. Ce décalage entre les deux parents atteint son paroxysme lorsque Kristine, à bout, évoque l’idée de faire interner Natalia sous prétexte de troubles psychiatriques.

 

Le contraste est frappant : Michael tente de préserver un semblant de normalité, Kristine, elle, accumule les preuves à charge pour convaincre tout le monde de la noirceur de Natalia. Lorsqu’ils conviennent que leur mariage ne fonctionne plus et qu’ils restent ensemble uniquement par obligation, l’effondrement du foyer semble inévitable. L’épisode ne se contente pas de relater les événements, il joue avec la perception du spectateur. Plusieurs scènes sont volontairement tronquées ou présentées sous un angle qui laisse planer le doute. 

 

La fameuse scène du couteau en est un parfait exemple : Natalia est montrée debout, au pied du lit des parents, un couteau à la main… mais lorsque Kristine se lève en hurlant, l’arme a disparu. Rêve ou réalité ? Un autre élément marquant est la scène où Natalia est vue avec un spray nettoyant. Kristine en conclut immédiatement qu’elle essayait d’empoisonner un membre de la famille, mais en réalité, aucun acte ne vient confirmer cette théorie. Tout repose sur l’interprétation qu’elle choisit d’en faire, et par extension, sur la perception qu’en a le spectateur.

 

L’épisode met aussi en avant la dualité de Kristine. D’un côté, elle se présente comme une mère modèle, militante pour les enfants à besoins spécifiques. Elle passe son temps à rafraîchir la page d’un site d’actualités, attendant désespérément qu’un article sur son centre pour enfants soit publié. De l’autre, son comportement devient de plus en plus oppressant, et ses punitions de plus en plus sévères. Elle force Natalia à marcher alors que l’enfant souffre de malformations aux pieds, lui impose des corvées physiques difficiles et la pousse dans des situations où elle ne peut que se rebeller.

 

Cette dualité est renforcée par un montage subtil : Kristine sourit devant les caméras et se vend comme une experte en parentalité, puis la scène suivante, elle hurle sur Natalia et la force à avouer des choses qu’elle ne semble même pas comprendre. L’épisode 3 pose clairement les bases de la séparation des Barnett. Kristine, enfermée dans sa narration paranoïaque, et Michael, refusant de voir les signes d’une famille qui implose. L’épisode se termine sur une Kristine qui semble déterminée à prouver que Natalia est une adulte et une manipulatrice. Son obsession prend le pas sur tout le reste, jusqu’à son propre rôle de mère.

 

La question qui reste en suspens est de savoir jusqu’où elle ira pour imposer sa version des faits. La série continue de jouer sur cette frontière entre réalité et délire, et chaque élément nouveau ne fait que complexifier un mystère déjà bien dense. L’épisode 4 promet d’être décisif : Kristine va-t-elle basculer définitivement dans l’irrationnel, ou Natalia révélera-t-elle enfin une vérité cachée depuis le début ?

 

Note : 6.5/10. En bref, la série continue de jouer sur cette frontière entre réalité et délire, et chaque élément nouveau ne fait que complexifier un mystère déjà bien dense.

A partir du 7 mai 2025 sur Disney+

 

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