19 Mars 2025
Dès les deux premiers épisodes de Good American Family, l’atmosphère est posée : un thriller psychologique qui joue sur les perceptions et la tension croissante au sein d’une famille confrontée à une adoption qui vire rapidement au cauchemar. Inspirée d’un fait divers réel, cette mini-série se construit autour d’un mystère qui divise les personnages et, potentiellement, le spectateur. L’histoire s’ouvre sur Kristine, une auteure reconnue spécialisée dans la parentalité, et son mari Michael. Derrière l’image d’une famille engagée et bienveillante, les premiers signes de fractures apparaissent rapidement.
Inspiré de l'histoire vraie d'un couple du Midwest qui adopte ce qu'il croit être une petite fille ukrainienne atteinte d'une forme rare de nanisme. Alors qu'ils commencent à l'élever aux côtés de leurs trois enfants biologiques, ils commencent lentement à croire qu'elle n'est peut-être pas celle qu'elle prétend être...
Leur mariage, déjà mis à mal par une précédente adoption compliquée, est mis à rude épreuve lorsqu’ils accueillent Natalia, une jeune orpheline d’origine ukrainienne atteinte d’une forme rare de nanisme. Ce qui devait être un nouveau départ se transforme peu à peu en une descente aux enfers. L’adoption de Natalia est marquée par des zones d’ombre : un premier foyer qui l’a abandonnée, une agence dont les informations sont opaques, et une fillette qui semble, dès le départ, capable d’une manipulation subtile. Michael, en quête d’un rôle paternel affirmé, se laisse rapidement attendrir, tandis que Kristine, plus méfiante, perçoit des signaux inquiétants.
L’un des choix forts de la série est sa structure narrative. Le spectateur est régulièrement projeté en avant et en arrière dans le temps, ce qui permet de voir Kristine à différents moments : femme engagée, puis mère en plein doute, et enfin accusée dans une affaire dont les contours restent flous. Ce procédé maintient un suspense constant et oblige à une remise en question permanente des événements présentés. La question qui s’impose alors est la suivante : qui manipule qui ? Au fil des épisodes, Natalia se dévoile sous un jour inquiétant. Sa relation avec les enfants du foyer, en particulier Ethan, bascule progressivement dans l’hostilité.
De petits incidents anodins deviennent de véritables signaux d’alarme. Jouets endommagés, incidents domestiques, réactions imprévisibles : tout contribue à créer un climat de tension permanente. Kristine tente de trouver des réponses et commence à fouiller le passé de l’agence d’adoption, découvrant rapidement qu’elle a cessé toute activité et que d’autres familles ont vécu des expériences similaires. Ces découvertes renforcent son sentiment d’être face à quelque chose qui lui échappe totalement. Mais ce qui alimente encore plus l’angoisse de Kristine, c’est l’absence de véritable validation de ses doutes par son entourage.
Son mari minimise les incidents, sa mère critique son comportement et suggère qu’elle exagère. Cette situation d’isolement émotionnel renforce l’impression que Kristine doit se battre seule pour comprendre qui est vraiment Natalia. Good American Family ne se contente pas d’aligner des faits : la série met en place une tension psychologique qui fonctionne précisément parce qu’elle repose sur un doute permanent. Est-ce que Kristine projette ses propres angoisses sur Natalia, ou cette dernière manipule-t-elle réellement son environnement ?
L’absence d’un point de vue neutre dans les deux premiers épisodes empêche d’avoir une réponse tranchée, et c’est justement ce flou qui nourrit l’intrigue. Le basculement dans une peur plus concrète intervient lorsqu’un incident plus violent survient : Kristine découvre que Natalia a placé des punaises sur le sol, blessant Ethan. Peu après, elle remarque l’absence d’un couteau dans la cuisine. La confrontation entre elle et Natalia dans la salle de bain, où un détail physique remet en cause l’âge supposé de l’enfant, marque une rupture nette dans la perception de Kristine.
Si jusqu’ici elle pouvait encore hésiter, cet événement la pousse à envisager le pire. Si ces deux premiers épisodes réussissent à poser une ambiance oppressante, il reste à voir comment la série va évoluer. Pour l’instant, elle semble adopter principalement le point de vue de Kristine et Michael, ce qui limite la possibilité d’une remise en question plus nuancée de leur version des faits. La promesse d’une exploration des autres perspectives pourrait enrichir la narration et apporter une profondeur supplémentaire au récit. La suite devra répondre à plusieurs interrogations laissées en suspens : quelles sont les véritables motivations de Natalia ?
Jusqu’où Kristine est-elle prête à aller pour protéger sa famille ? Et surtout, à quel moment la perception du spectateur basculera-t-elle, si tant est qu’elle doive basculer ? Avec un démarrage marqué par une tension omniprésente et un récit qui joue avec les perceptions, Good American Family pose les bases d’un thriller psychologique intrigant. La suite devra capitaliser sur cette atmosphère tout en apportant plus de nuances aux différentes perspectives pour éviter un récit trop unilatéral. Les prochains épisodes devraient permettre de clarifier certains aspects, mais surtout d’étoffer le mystère qui entoure Natalia et son véritable passé.
Note : 6.5/10. En bref, ces deux premiers épisodes réussissent à poser une ambiance oppressante mais il reste à voir comment la série va évoluer. Ellen Pompeo et Mark Duplass sont convaincants dans le rôle des parents.
Disponible à partir du 7 mai 2025 sur Disney+
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