Critiques Séries : Good American Family. Mini-series. Episode 4.

Critiques Séries : Good American Family. Mini-series. Episode 4.

Good American Family // Mini-series. Episode 4. Right There in Black and White.

 

L’épisode 4 de Good American Family laisse un goût particulier. Ce genre d’impression que quelque chose dérape lentement, mais qu’on ne saurait dire si c’est la fiction qui force le trait ou si c’est la réalité elle-même qui est déjà trop trouble pour être raconté autrement. Ce nouvel épisode donne un espace plus étendu à la relation entre Michael et Kristine, et c’est probablement là que le malaise s’installe vraiment. Ce couple n’a jamais semblé équilibré. Michael se montre dès le départ en demande affective, prêt à des gestes désespérés pour attirer l’attention. 

 

Kristine, de son côté, ne manque pas d’exploiter cette fragilité à son avantage. Ce qui frappe, c’est à quel point elle parvient à façonner son entourage pour servir son propre récit. Mais ce pouvoir qu’elle exerce semble s’effriter avec l’arrivée de Natalia. Michael se retrouve progressivement tiraillé entre deux figures de manipulation. Kristine n’a plus l’exclusivité sur le narratif, et cela menace non seulement son contrôle mais aussi son image. Lorsqu’elle quitte le domicile familial, Michael prend enfin la mesure de ce que Natalia est capable de provoquer. 

 

Cela ne dure qu’un temps. Son retour auprès de Kristine ressemble à une soumission plus qu'à une réconciliation. L’aspect familial continue de se déployer. L’intervention de la mère de Kristine ajoute une couche de complexité. Elle décrit sa fille comme se croyant supérieure aux autres. En observant l’attitude de Kristine, difficile de ne pas voir ce travers. Elle semble convaincue d’avoir une mission, une posture de sauveuse. Le problème, c’est que cette posture ne tient que si elle a des causes à défendre, des enfants à exhiber.

 

Jake, l’un de ses fils, devient l’incarnation parfaite de cette image qu’elle veut vendre : celle d’une mère dévouée à l’exceptionnel.  Son histoire devient un outil de communication, un faire-valoir plus qu’une réalité personnelle. C’est ce besoin constant de reconnaissance, de validation publique, qui semble justifier les décisions les plus extrêmes. Enfermer Natalia dans un garage, faire modifier son âge légalement, et finir par la placer dans un appartement seule : toutes ces actions, Kristine les présente comme des nécessités. L’incident de la clôture électrique illustre bien ce jeu de distorsion. 

 

Dans l’épisode, Kristine affirme que Natalia a tenté de la tuer. Mais rien n’est montré. Le spectateur est invité à croire sur parole. Or, dans les faits relayés par des témoins, l’incident ne s’est même pas produit à l’endroit montré par la série, et le système électrique n’était probablement même pas activé. Le malaise grandit quand on constate à quel point certains faits sont arrangés pour cadrer avec une version bien précise. Le traitement de Natalia, quant à lui, reste équivoque. On assiste à sa mise à l’écart de la maison familiale, présentée comme une mesure de protection pour les garçons. 

 

Mais l’objectif réel semble plutôt être de provoquer une réaction, une preuve, une confession. Comme si Kristine voulait absolument que Natalia confirme sa propre vision des choses. La question de l’âge de Natalia reste le pivot de toute cette affaire. Les examens médicaux sont survolés dans l’épisode, présentés sous forme de montage. Ce choix narratif permet d’avancer rapidement dans le récit, mais il masque aussi l’absence de certitudes. Dans la réalité, un passage en hôpital psychiatrique a précédé son emménagement en appartement. 

 

Ce détail, volontairement ignoré dans l’épisode, aurait pu pourtant apporter un éclairage différent. Pourquoi avoir omis cette période passée à Larue Carter ? Peut-être pour entretenir le doute, ou au contraire, pour protéger une construction narrative qui bousculerait trop la perception du personnage. Certains témoignages d’employés de l’hôpital allaient pourtant dans le sens de Kristine et Michael. Tout cet épisode repose donc sur une accumulation de points de vue tronqués, d’interprétations biaisées, de souvenirs flous. Rien n’est jamais tout à fait clair. 

 

Ce flou narratif renforce le sentiment que la vérité importe moins que la croyance que chaque protagoniste veut entretenir. La tension monte aussi du côté de Michael. Son basculement vers la version de Kristine semble plus une capitulation qu’une conviction. Il a besoin de repères, de structure, et finit par se ranger là où le contrôle paraît le plus solide. Mais ce n’est pas sans conséquences. Car en acceptant de jouer le jeu, il devient aussi complice d’une dynamique qui commence à glisser vers la cruauté. Le traitement de Natalia, toujours plus isolée, toujours moins entendue, prépare le terrain pour ce qui semble être un basculement à venir. 

 

Tout est construit pour qu’un retournement de perspective surgisse bientôt. Si jusqu'ici, l’histoire a été racontée du point de vue de Kristine, il devient nécessaire de découvrir celle de Natalia. Ce qui reste en tête après cet épisode, c’est l’impression d’être coincé entre deux versions du réel. Entre ce que chacun croit, ce que chacun dit avoir vu, et ce que la série choisit de montrer ou d’omettre. C’est peut-être là que Good American Family touche juste : en exposant la complexité d’une vérité subjective, modelée par l’expérience et la douleur.

 

La suite promet d’être essentielle. Pas tant pour rétablir une "vérité" définitive, mais plutôt pour comprendre comment chacun en arrive à construire la sienne. Dans un contexte où la justice, les médias et la perception publique se croisent, la série pose la seule question qui compte vraiment : à qui profite le récit ?

 

Note : 6/10. En bref, la série joue avec notre perception des évènements mais plus les épisodes passent et plus Kristine est bel et bien la personne qu’elle a été dans la réalité. Ellen Pompeo est excellente pour incarner ces nuances. 

Disponible sur Disney+

 

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