28 Mars 2025
The Wheel of Time / La Roue du Temps // Saison 3. Episode 5. Tel’aran’rhiod.
L’épisode 5 de la saison 3 de La Roue du Temps poursuit son développement en multipliant les arcs narratifs, mais peine à donner à chacun l’attention nécessaire pour réellement impliquer. Après un épisode plus resserré la semaine précédente, la série retrouve ici sa structure plus habituelle : une succession de scènes éclatées géographiquement, qui doivent avancer en parallèle et maintenir l’intérêt du spectateur. L’exercice est périlleux, et si certaines intrigues parviennent à se distinguer, d’autres semblent être là uniquement pour faire acte de présence.
Dans cet épisode, Rand s’acclimate à la culture des Aiels, découvrant peu à peu leurs traditions et leur vision du monde. Il noue une relation avec un enfant du village et apprend que la polyamorie est courante chez ce peuple. Ces scènes ont le mérite d’apporter une certaine richesse à l’univers, mais elles manquent d’impact dramatique. L’impression qui s’en dégage est celle d’une immersion en surface, un passage obligé plutôt qu’un véritable approfondissement de ce qui fait l’originalité des Aiels. L’interaction entre Rand et Aviendha pourrait pourtant être l’un des moteurs de cette intrigue.
Leur relation oscille entre méfiance et compréhension mutuelle, mais l’écriture ne lui donne pas encore le souffle nécessaire pour la rendre pleinement engageante. Aviendha, en tant que guide culturelle de Rand, joue son rôle sans que cela aille beaucoup plus loin que des échanges explicatifs sur les coutumes locales. Moiraine, quant à elle, est en plein dilemme existentiel. Convaincue que sa survie compromet celle de Rand, elle oscille entre détermination et résignation. Son lien avec Lan évolue, notamment grâce à un moment plus intime entre eux où il tente de la ramener à une certaine légèreté.
Si ces scènes permettent de rappeler l’attachement profond qui unit les deux personnages, elles ne parviennent pas à faire oublier la froide distance qui s’est installée entre eux depuis plusieurs épisodes. L’intrigue autour du Sakarnen, l’artefact magique qu’elle a récupéré, reste en suspens. Son pouvoir est évoqué, sa dangerosité soulignée, mais son rôle concret dans l’histoire demeure flou. Moiraine passe donc une partie de l’épisode à naviguer entre sa peur du futur et son incapacité à influencer directement les événements. Cela pourrait être intéressant si la série laissait plus de place à ses dilemmes internes au lieu de simplement les énoncer.
Le parcours d’Egwene prend une tournure plus inquiétante alors qu’elle continue d’explorer le monde des rêves. Son apprentissage du rêve lucide est perturbé par des attaques répétées de Lanfear, qui ne se contente plus d’être une menace en arrière-plan mais devient une présence oppressive. L’idée que Tel’aran’rhiod puisse être un lieu où le danger est aussi réel que dans le monde physique est bien exploitée ici, et renforce la tension qui entoure le personnage d’Egwene. L’intervention de Bair, qui lui explique que ce type d’attaque est le signe qu’un Forsaken l’a prise pour cible, ajoute une nouvelle dimension à son périple.
Cette révélation place une pression supplémentaire sur Egwene et rend l’issue de cette intrigue incertaine. Cependant, la série prend encore son temps pour développer pleinement cette menace, ce qui peut donner l’impression d’une progression en demi-teinte. Le segment centré sur Perrin est sans doute l’un des plus marquants de l’épisode. Son groupe tente d’exfiltrer les captifs des griffes des Whitecloaks, mais la mission tourne au drame lorsque la mère de Mat est exécutée. La brutalité de la scène ne repose pas uniquement sur la violence de l’acte, mais sur son impact émotionnel : Perrin arrive trop tard, et ce sentiment d’impuissance pèse lourdement sur lui.
Le duel psychologique entre Perrin et Dain Bornhald ajoute une complexité bienvenue à cette intrigue. Dain est loin d’être un antagoniste caricatural ; il est consumé par sa propre haine et son désir de vengeance, ce qui le rend d’autant plus dangereux. La confrontation entre les deux hommes suggère une dynamique qui pourrait devenir l’un des fils rouges de la saison. L’attaque des Whitecloaks sur Alanna, et l’intervention in extremis de Maksim, offre une scène d’action réussie, même si elle ne compense pas totalement la frustration liée à l’échec de la mission principale. La manière dont cet arc narratif se conclut laisse une porte ouverte, mais sans réelle indication sur ce qui va suivre.
Le voyage vers Tanchico continue d’être l’une des intrigues les plus en retrait. Mat découvre que Min a pris place sur leur navire et apprend qu’elle a eu une vision de sa mort. L’importance de cette révélation est atténuée par une mise en scène qui ne parvient pas à lui donner l’ampleur dramatique qu’elle mérite. Au lieu d’être un tournant, cette scène semble être une simple information de plus à ajouter à la longue liste des préoccupations de Mat. Quant à Nynaeve et Elayne, elles continuent leur route en tentant de préserver le secret des Windfinders, ces marins capables d’utiliser le Pouvoir pour naviguer plus efficacement.
Ce pan de l’histoire a du potentiel, mais il est traité de manière trop anecdotique pour être réellement marquant. On sent que la série cherche à poser des bases pour une intrigue future, mais cela se fait au détriment de l’intérêt immédiat du spectateur. Ce cinquième épisode de la saison 3 de La Roue du Temps illustre bien les forces et les faiblesses du format choisi par la série. L’univers est riche, les intrigues nombreuses, mais la narration souffre d’un manque de focalisation. Certaines histoires avancent de manière significative, comme celles de Rand, Egwene et Perrin, tandis que d’autres donnent l’impression de stagner.
L’équilibre entre exposition et action reste fragile. Les moments plus introspectifs, comme ceux de Moiraine ou de Rand, permettent d’explorer les dilemmes des personnages, mais ils ne sont pas toujours exploités à leur plein potentiel. De l’autre côté, l’action est présente mais parfois trop dispersée pour être réellement percutante. L’épisode se termine sur une série de rêves interconnectés qui donnent un aperçu des aspirations secrètes de plusieurs personnages. Egwene découvre ainsi les visions idéalisées de ses compagnons avant de tomber sur celle de Rand, qui inclut Lanfear.
Cette dernière, consciente de la présence d’Egwene, brise le rêve, créant un moment à la fois surprenant et inquiétant. Ce final laisse présager des tensions grandissantes entre les personnages, en particulier Rand et Egwene. La manière dont cet événement sera exploité dans les prochains épisodes sera déterminante pour l’impact global de cette intrigue. En définitive, cet épisode 5 est un passage obligé qui tente de maintenir une multitude d’intrigues en mouvement. Si certaines progressent de manière satisfaisante, d’autres semblent être en pause, ce qui empêche l’ensemble d’être pleinement engageant.
La densité du récit est à la fois sa force et sa faiblesse : il y a toujours quelque chose à suivre, mais rarement le temps d’en apprécier pleinement les implications. Avec une seconde moitié de saison encore à venir, il reste à voir si la série parviendra à resserrer son récit et à donner plus de poids aux intrigues qui peinent encore à captiver.
Note : 5.5/10. En bref, après un épisode plus resserré la semaine dernière, la série retrouve ici sa structure plus habituelle : une succession de scènes éclatées géographiquement, qui doivent avancer en parallèle et maintenir l’intérêt du spectateur. L’exerciez, périlleux, ne fonctionne pas toujours mais l’épisode est là pour faire avancer l’intrigue.
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