Critiques Séries : The Wheel of Time / La Roue du Temps. Saison 3. Episode 7.

Critiques Séries : The Wheel of Time / La Roue du Temps. Saison 3. Episode 7.

The Wheel of Time / La Roue du Temps // Saison 3. Episode 7. Goldeneyes.

 

Certains épisodes de La Roue du Temps prennent le parti de ralentir la cadence, de resserrer le cadre narratif pour se concentrer sur un personnage ou un lieu en particulier. L’épisode 7 de la saison 3, intitulé Goldeneyes, fait exactement cela. Et cette approche me semble particulièrement efficace, surtout dans une série où les intrigues se croisent à travers des continents et des cultures. Dans cet épisode, la lumière se tourne presque exclusivement vers Perrin et sa région natale, les Deux Rivières. Un choix qui, au-delà du simple développement de personnage, permet d'explorer des enjeux émotionnels, sociaux et stratégiques d’une bataille à taille humaine.

 

Le retour de Perrin aux Deux Rivières n’est pas un simple retour au bercail. Il n’y retrouve ni paix ni sécurité. Ce n’est pas un havre de tranquillité, mais une terre de conflit en devenir, menacée par une armée de trollocs accompagnés de serviteurs du Ténébreux. La symbolique est forte : là où il espérait se reconstruire, c’est le chaos qui l’attend. Ce que cet épisode met en lumière, c’est la transformation progressive de Perrin. Dès le début de la série, son parcours a été parsemé de pertes, de douleurs, mais aussi de révélations sur sa nature. Il n’est plus simplement le forgeron discret des débuts. Il porte désormais une part d’ombre, de rage contenue, mais aussi de responsabilité. 

Il n’est plus spectateur des événements, il en devient l’un des acteurs centraux. Ce qui frappe, c’est à quel point les habitants des Deux Rivières semblent sous-équipés face à l’ampleur de la menace. On parle ici d’un village sans armée, de paysans et d’artisans contraints à se transformer en défenseurs d’un jour. Le contraste est frappant, notamment si l’on compare avec d’autres zones fortifiées de l’univers de la série. Et pourtant, malgré l’absence d’expérience militaire, un esprit de solidarité s’installe peu à peu. Chacun prend part aux préparatifs, dans une ambiance tendue, mais résolue. 

 

Il y a quelque chose d’intimement humain dans cette mobilisation improvisée. Ce ne sont pas des héros, mais des gens ordinaires confrontés à l’extraordinaire. Ceux qui avaient suivi la première saison se souviendront des Tinkers, ces voyageurs nomades prônant la non-violence absolue. Leur réapparition est surprenante, mais loin d’être anecdotique. En refusant de prendre les armes malgré le danger, ils offrent un contrepoint moral aux choix faits par les autres. Leur présence pose une question simple mais puissante : que reste-t-il des convictions lorsque la survie est en jeu ?

Le dilemme se cristallise dans le personnage d’Aram, qui se retrouve contraint à l’action pour protéger un enfant. Un geste qui le place en rupture avec son propre peuple. Ce type de scène illustre avec justesse la complexité des engagements personnels face à une menace existentielle. Il n’y a pas de solution simple, juste des choix lourds de conséquences. L’une des interrogations qui revient souvent face aux batailles impliquant des utilisateurs du Pouvoir Unique est celle de la stratégie. On peut se demander pourquoi certains atouts évidents ne sont pas exploités pleinement. Alanna est présente, capable de canaliser, mais certaines décisions laissent perplexe. 

 

Par exemple, pourquoi ne pas avoir utilisé la magie pour bloquer l’accès au col dès le début ? Ou encore pour sceller le portail d'où proviennent les renforts ennemis ? Ces choix scénaristiques suscitent la réflexion. Est-ce un oubli ? Une limitation interne que la série ne verbalise pas ? Ou simplement une volonté de montrer que même avec la magie, tout ne peut pas être résolu facilement ? Quoi qu’il en soit, cela contribue à maintenir une tension palpable tout au long de l’épisode. La séquence de combat occupe une large portion de l’épisode. On y retrouve des scènes d'affrontements viscérales, désorganisées, qui traduisent bien l’amateurisme des défenseurs. 

Ce ne sont pas des combattants aguerris, mais ils compensent leur manque d’expérience par une détermination farouche. Ce qui m’a particulièrement marqué, c’est la manière dont Perrin choisit de motiver ses pairs. Pas de discours enflammé ou de posture de leader charismatique. Il chante. Une chanson que tout le monde connaît, ancrée dans les souvenirs collectifs. Ce moment d’unité silencieuse en dit plus long que bien des monologues. Il ne cherche pas à galvaniser. Il cherche à se connecter. Pendant que le village tente de résister tant bien que mal, un autre front se joue non loin de là : la fermeture du Portail (Waygate) par lequel les trollocs affluent. 

 

Loial et les deux Aiels, Bain et Chiad, se retrouvent dans une course contre la montre. Leur objectif est simple mais vital : empêcher l'arrivée de renforts. Ce qui suit est une décision lourde de sens. Loial choisit de se sacrifier pour garantir la fermeture du portail. Un geste fort, surtout pour un personnage souvent perçu comme secondaire, presque comique dans sa manière d’être. Ici, il devient moteur de l’issue positive du combat. Un acte qui donne du poids à tout ce qui a précédé. L’autre moment clé de cet épisode réside dans la révélation de la présence de Padan Fain, déguisé parmi les Blancs-Manteaux. 

Son infiltration change la dynamique de l’épisode. Elle jette le trouble, montre que l’ennemi n’est pas toujours là où on l’attend. Cette manipulation ajoute une dimension politique et psychologique à la bataille, la rendant encore plus complexe. Lorsque Perrin le confronte, le rapport de force est inversé. C’est le héros blessé et acculé qui prend l’ascendant sur un adversaire pourtant réputé manipulateur. Ce retournement de situation n’est pas tant spectaculaire que symbolique. Il marque un tournant dans la trajectoire de Perrin : il devient acteur de sa propre légende. À la fin de l’épisode, les Blancs-Manteaux finissent par intervenir. Mais leur aide n’est pas gratuite. 

 

Pour obtenir leur soutien, Perrin leur a fait une promesse : se livrer en échange de leur intervention. Et il tient parole, malgré les protestations de ceux qu’il vient de sauver. Ce geste, à mon sens, dépasse la simple notion d’honneur. Il incarne un engagement profond envers ses choix, même s’ils impliquent des sacrifices personnels. Cette séquence est d’autant plus forte qu’elle ne s’accompagne d’aucune glorification. Pas de reconnaissance officielle, pas de célébration. Juste des regards. Et un cri du cœur : « Perrin Goldeneyes ». Une reconnaissance populaire, spontanée, qui montre combien les actes ont parfois plus d’écho que les mots.

Cet épisode se clôt sur un sentiment partagé. Oui, les Deux Rivières ont été défendues. Oui, une menace a été repoussée. Mais à quel prix ? Loial est présumé mort. Perrin est captif. Les enfants ont été traumatisés. Et les divisions internes ne sont pas toutes résolues. Mais cette conclusion ne sonne pas comme un échec. Elle annonce simplement que le récit continue. Que rien n’est jamais vraiment fini dans le monde de La Roue du Temps. Elle ouvre la voie vers d’autres questionnements, d’autres défis, d’autres évolutions. Ce n’est pas une victoire triomphale. C’est une respiration, avant la prochaine tempête.

 

En choisissant de se concentrer presque exclusivement sur Perrin et les Deux Rivières, cet épisode propose une parenthèse dans la narration éclatée de la saison. Une pause, mais pas un ralentissement. Plutôt un recentrage sur les émotions, les liens humains, et les conséquences concrètes des grandes batailles. Ce n’est pas un épisode qui cherche à impressionner. Il cherche à raconter. À faire ressentir. Et dans cette démarche, il remplit pleinement son rôle. Ce genre de chapitre me rappelle pourquoi je continue à suivre cette série, malgré ses longueurs et ses imperfections : pour ces moments de vérité, de tension, d’humanité.

 

Note : 9/10. En bref, clairement mon épisode préféré de la saison et l’un de mes préférés de The Wheel of Time. Quand la série fait de belles choses, il est toujours bon de le rappeler. 

Disponible sur Amazon Prime Video

 

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