26 Mars 2025
Les années 1970 et 1980 ont vu émerger des figures musicales emblématiques, mais peu d’entre elles ont eu un impact aussi profond que Raul Seixas. Ce musicien, souvent considéré comme le père du rock brésilien, a marqué une époque où le Brésil était sous le joug d’une dictature militaire. La mini-série Raul Seixas: Let Me Sing s’attarde sur son ascension, sa relation avec l’écrivain Paulo Coelho et les tourments qui ont jalonné sa vie. Le Brésil des années 70 est une terre de contrastes. D’un côté, une oppression politique implacable, de l’autre, une jeunesse avide de liberté et de nouvelles expériences artistiques.
Dans les années 1970 et 1980, pendant la dictature militaire brésilienne, nous suivons Raul Seixas, le « père du rock brésilien », dans son voyage vers l’occultisme, à travers son amitié avec Paulo Coelho, phénomène littéraire mondial, et son statut de plus en plus messianique auprès de ses fans, tandis que sa vie personnelle s’effondre à cause de conflits familiaux et de l’abus de drogues.
C’est dans ce contexte que Raul Seixas s’impose comme une figure singulière, mêlant rock, ésotérisme et philosophie alternative. Son lien avec Paulo Coelho, alors loin d’être l’auteur mondialement reconnu qu’il est devenu, ajoute une dimension fascinante à son parcours. Ensemble, ils expérimentent des idées et des modes de vie en marge des conventions sociales, tout en cherchant à donner une voix à une génération en quête de sens. Les deux premiers épisodes de la mini-série dessinent un portrait nuancé de Raul Seixas. Loin d’être un simple biopic linéaire, l’œuvre se concentre sur les paradoxes du musicien.
D’un côté, un artiste en quête de transcendance, avide d’explorer les limites du possible ; de l’autre, un homme en proie à des démons intérieurs, entre conflits familiaux et dépendance aux substances. Cette dualité est l’un des aspects les plus intéressants du récit, qui alterne entre moments de gloire et instants plus sombres, sans jamais sombrer dans une vision simpliste du personnage. Au-delà du parcours personnel de Raul Seixas, la mini-série permet d’explorer un Brésil en pleine mutation. La culture underground y est en ébullition, influencée à la fois par la scène internationale et par des dynamiques locales bien spécifiques.
Le rock, encore perçu comme un genre subversif, devient un vecteur d’expression pour toute une génération. Ce contexte est habilement mis en avant, donnant à l’histoire une dimension historique et sociologique qui dépasse largement le simple récit d’un musicien talentueux. Derrière la caméra, Paulo Morelli et son fils Pedro Morelli construisent une mise en scène immersive. Loin de se contenter d’une approche classique, ils utilisent des choix visuels et narratifs qui reflètent l’esprit de l’époque. L’alternance entre séquences oniriques et scènes plus réalistes traduit bien l’état d’esprit de Raul Seixas et de son entourage.
Cette approche donne à la série une identité marquée, qui ne cherche pas uniquement à raconter une histoire, mais à faire ressentir une époque et un état d’esprit. L’un des aspects les plus marquants des premiers épisodes est la façon dont ils illustrent le rapport de Raul Seixas à son propre mythe. À mesure que sa popularité grandit, il devient une figure quasi-messianique pour une partie de son public. Ce statut, à la fois grisant et pesant, l’entraîne dans une spirale où la frontière entre le personnage public et l’homme privé s’efface peu à peu.
Cette tension permanente donne une profondeur supplémentaire au récit et interroge sur la difficulté de concilier une liberté artistique absolue avec les exigences de la célébrité. Il reste à voir comment la série développera ces éléments dans les épisodes suivants, mais cette entrée en matière donne déjà un aperçu d’un récit riche et captivant.
Note : 7/10. En bref, Raul Seixas: Let Me Sing s’annonce comme une œuvre qui ne se contente pas de raconter une histoire, mais qui cherche à capturer un esprit, une époque et une énergie particulière. Le choix de se concentrer sur les contrastes du personnage, plutôt que sur une simple chronologie de sa carrière, permet d’aborder des thématiques plus larges, comme la quête de sens, la marginalité et le prix de la liberté.
Présentée dans le cadre du Festival Séries Mania 2025
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