8 Avril 2025
Le mini-golf, un loisir anodin en apparence, devient dans Au Fond du Trou le théâtre d’interactions humaines aussi drôles que révélatrices. À travers les trois premiers épisodes de cette série, les trajectoires de plusieurs personnages s’entrecroisent sur un parcours où chaque coup de club semble soulever bien plus qu’une simple balle. L’action se déroule en un après-midi, dans un décor qui, de prime abord, inspire la détente. Pourtant, très vite, il apparaît que les personnages sont loin d’être aussi relâchés qu’ils le voudraient.
Un après-midi au mini-golf. La balle d’Anouk ne peut s’empêcher de bouger ; Faïza joue son embauche ; Chacha et Marc bouclent leur Tour de France. Quant à Gautier, en rendez-vous galant avec Claire, il regrette d’avoir laissé son calepin au fils de cette dernière, Alain, 11 ans. Au Fond du trou narre les tranches de vie d’une douzaine de personnes dont le point commun est d’avoir voulu se détendre, un club de golf à la main. Leur autre point commun : avoir des difficultés avec le concept de détente.
Pour chacun, le mini-golf devient un révélateur d’émotions, un prétexte à l’échange, voire un catalyseur de tensions enfouies. Il y a Anouk, qui peine à contrôler une balle récalcitrante, Faïza, qui tente de transformer une partie en un entretien d’embauche informel, ou encore Chacha et Marc, qui viennent clôturer une aventure commune. De son côté, Gautier s’embarque dans un rendez-vous qui ne se déroule pas exactement comme prévu, surtout après avoir confié son précieux calepin au jeune Alain, fils de Claire.
Ce qui marque dès les premiers épisodes, c’est la capacité de la série à donner corps à ses personnages en un temps limité. Chaque épisode s’apparente à une vignette où les dialogues et les situations prennent le pas sur l’intrigue pure. Le format court impose un rythme particulier : il faut capter l’essence d’une relation en quelques échanges, installer une dynamique et faire évoluer les personnages sans s’égarer. Ici, le pari est tenu, notamment grâce à une écriture fine et des interactions naturelles.
Dans chaque épisode, un schéma se dessine progressivement : au départ, les personnages gardent leurs distances, que ce soit par pudeur, gêne ou simple habitude. Mais au fil des trous et des trajectoires hasardeuses des balles, les barrières tombent. Le mini-golf agit comme un déclencheur, un espace où les non-dits finissent par éclater au grand jour. Cette mécanique fonctionne particulièrement bien dans l’épisode 2, où deux amies finissent par exprimer tout ce qu’elles retiennent depuis longtemps. La dynamique du jeu, entre frustration et réussite, devient alors un parallèle aux émotions qui remontent à la surface.
Si l’humour est bien présent, la série ne s’enferme pas dans la pure comédie. Derrière les situations parfois absurdes se cache une mélancolie discrète, celle de personnages en quête de légèreté mais empêtrés dans leurs propres attentes. C’est cette alternance qui donne à Au Fond du Trou son identité particulière. La série joue avec le contraste entre le décor enfantin du mini-golf et la complexité des émotions qu’il fait émerger. Chaque coup raté, chaque balle capricieuse devient une métaphore des hésitations et des doutes des personnages.
L’un des aspects intéressants de ces trois premiers épisodes réside dans leur capacité à capter un instant de vie sans chercher à en faire trop. Loin des intrigues classiques où chaque scène doit absolument faire avancer une histoire, la série préfère laisser place à des moments de flottement, où les personnages existent simplement, avec leurs contradictions et leurs maladresses. Ce choix narratif permet une immersion naturelle. Il n’y a pas de surenchère dans les dialogues ou les situations, mais plutôt une écriture qui laisse de la place aux silences, aux hésitations et aux petits gestes qui en disent long.
Avec ces trois premiers épisodes, Au Fond du Trou pose des bases solides. Le cadre original du mini-golf sert de fil conducteur, mais c’est avant tout la justesse des interactions qui marque. L’équilibre entre comédie et introspection fonctionne bien, et chaque épisode apporte son lot de réflexions sur les dynamiques humaines. Reste à voir comment la série poursuivra cette approche dans les épisodes suivants. Si elle parvient à maintenir cette finesse d’écriture tout en développant encore davantage ses personnages, elle pourrait bien s’imposer comme une œuvre singulière dans le paysage des séries courtes.
Note : 7/10. En bref, Au Fond du Trou pose des bases solides. Le cadre original du mini-golf sert de fil conducteur, mais c’est avant tout la justesse des interactions qui marque.
Présentée dans le cadre du Festival Séries Mania 2025
Diffusée sur Arte le mardi 8 avril 2025, disponible sur Arte.tv
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