24 Mars 2025
Ditte Jensen pensait pouvoir enfin mener une existence tranquille. Après une carrière mouvementée au sein des services secrets danois, elle choisit de s’installer en Islande, loin des conflits et de l’agitation. Reykjavik devient alors son refuge, un endroit où elle envisage de vivre anonymement, entre promenades solitaires et jardinage. Pourtant, son passé ne tarde pas à la rattraper. Habituée à intervenir, à protéger, à prendre les choses en main, Ditte ne sait pas rester simple spectatrice des injustices qui l’entourent.
Lorsque Ditte Jensen se retire avec les honneurs des services secrets danois, elle emménage dans un immeuble de Reykjavik où elle va pouvoir cultiver son jardin et vivre sa vie dans l’anonymat. Mais Ditte ne peut cesser d’être qui elle est. Un soldat d’élite et une guerrière. Et bientôt l’immeuble se transforme en champ de bataille pour un monde meilleur. Avec son sens profond de la justice, elle décèle les problèmes de ses voisins et se sent obligée de les aider, qu’ils le veuillent ou non. Et dans son monde la fin justifie les moyens. Toujours.
Les deux premiers épisodes de The Danish Woman plongent immédiatement dans cet univers contrasté, où la quiétude rêvée se heurte à une réalité bien différente. Les murs de son immeuble deviennent le théâtre de tensions sociales, d’inégalités criantes et de détresses silencieuses. Face à ces situations, Ditte ne peut rester passive. Elle intervient, souvent de manière radicale, persuadée que son approche est la seule efficace. Quitte à imposer son aide à ceux qui n’en ont pas demandé.
Loin des archétypes habituels, Ditte Jensen est un personnage complexe, façonné par des années passées dans l’ombre à combattre pour des idéaux qu’elle juge supérieurs. Ce n’est pas une justicière traditionnelle, ni une figure bienveillante au sens classique du terme. Son engagement dépasse la simple empathie : c’est une nécessité, presque une mission personnelle. Elle ne cherche pas à plaire, encore moins à être remerciée. Ce qui importe, c’est l’action, le résultat, peu importe les méthodes employées.
Cette manière d’intervenir sans demander la permission soulève une question centrale : jusqu’où peut-on aller pour faire le bien ? The Danish Woman pose cette problématique dès le début, confrontant Ditte à ses propres contradictions. Ses intentions sont louables, mais son intransigeance la rend difficilement accessible. Elle agit avec une assurance presque dérangeante, convaincue que la fin justifie toujours les moyens. À travers les interactions de Ditte avec ses voisins, la série met en lumière des problématiques contemporaines : précarité, solitude, violence domestique, bureaucratie absurde.
Chaque situation devient un défi à relever, une injustice à corriger. Mais à vouloir tout résoudre, ne risque-t-elle pas de causer plus de désordre qu’elle n’en répare ? Le regard posé sur ces sujets est à la fois incisif et nuancé. The Danish Woman ne tombe pas dans la caricature, évitant de présenter Ditte comme une héroïne sans failles ou une menace incontrôlable. Au contraire, les premiers épisodes la montrent aux prises avec ses propres dilemmes, tiraillée entre son besoin d’agir et la résistance de ceux qu’elle veut aider.
Visuellement, la série joue sur une ambiance épurée, avec des décors qui renforcent l’isolement du personnage principal. Reykjavik, avec ses paysages froids et ses immeubles aux façades impersonnelles, devient un prolongement de l’état d’esprit de Ditte. Elle est là sans vraiment y être, comme si son passé continuait de la hanter malgré son désir de tourner la page. Le rythme des épisodes suit cette dualité. Les moments de calme, où Ditte tente de s’adapter à cette nouvelle vie, contrastent avec des scènes plus tendues où son instinct prend le dessus.
Cette alternance permet de maintenir une tension constante, tout en laissant le temps aux personnages secondaires d’exister, de réagir à cette présence aussi intrusive qu’inattendue. Avec ses deux premiers épisodes, The Danish Woman installe une atmosphère singulière, entre drame social et chronique d’une femme en rupture avec le monde qui l’entoure. Ditte Jensen n’est ni une héroïne classique, ni une simple retraitée en quête de distraction. Son parcours, ses choix et sa manière d’imposer son aide en font un personnage fascinant, difficile à cerner mais impossible à ignorer.
Note : 8/10. En bref, The Danish Woman installe une atmosphère singulière, entre drame social et chronique d’une femme en rupture avec le monde qui l’entoure. Reste à voir jusqu’où cette quête de justice mènera Ditte, et si ses actions finiront par apaiser ou aggraver le chaos qu’elle tente de combattre.
Présentée dans le cadre du Festival Séries Mania 2025
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