Critique Ciné : Les Condés (2025)

Critique Ciné : Les Condés (2025)

Les Condés // De Nordine Salhi et Ryan Luc Montel. Avec Nordine Salhi, Ichem Bougheraba et Arriles Amrani.

 

Les comédies policières ont toujours eu une place particulière dans le paysage du cinéma français, mêlant humour et action avec plus ou moins de réussite. Les Condés, dernier film du duo Bougheraba-Amrani, s’inscrit dans cette lignée, mais le résultat est mitigé. Si certaines blagues fonctionnent et que l’énergie des acteurs donne du rythme, l’intrigue, elle, part dans tous les sens, laissant une impression de désordre et de précipitation. Ce qui fonctionne dans Les Condés, c’est avant tout l’alchimie entre Bougheraba et Amrani. Déjà remarqués dans Sous écrous, ils apportent leur style bien particulier, nourri d’improvisations et de références à la culture marseillaise. 

 

À Marseille, la Police Nationale n’y arrive plus ! Le ministre de l’Intérieur décide donc de créer une brigade de super flics avec un super salaire pour motiver le plus possible les candidats. Dès le lendemain, une file interminable de profils improbables se forme devant les commissariats de la ville. Parmi les postulants retenus se trouvent un menteur, un endetté, un conspirationniste, un pseudo rappeur et un raciste. Et si ces futurs Condés devenaient la meilleure chance de l’École de Police ?

 

Leur complicité à l’écran est évidente et certaines répliques font mouche. L’énergie qu’ils déploient permet de maintenir un certain dynamisme, et il faut reconnaître que quelques scènes parviennent à décrocher des rires. Cependant, cet humour repose presque entièrement sur leur duo, ce qui pose problème lorsque les blagues tombent à plat. Le film enchaîne les vannes sans toujours prendre le temps de les poser, donnant une impression de précipitation. Il y a un manque de subtilité dans l’écriture comique, et certaines séquences semblent n’exister que pour servir de prétexte à des punchlines qui ne font pas toujours effet.

 

Là où le bât blesse, c’est sur le plan narratif. L’histoire, qui aurait pu s’appuyer sur un cadre intéressant – une école de police et une affaire de corruption –, manque de cohérence et d’originalité. L’intrigue semble hésiter entre comédie et pseudo-polar, sans jamais vraiment trouver son équilibre. Les rebondissements sont prévisibles, et les quelques tentatives de suspense paraissent artificielles. L’une des principales faiblesses du film est son incapacité à structurer son récit. Plutôt que de construire une progression narrative engageante, Les Condés se contente d’un enchaînement de sketches vaguement reliés entre eux. 

 

Résultat : le spectateur a du mal à s’attacher aux personnages ou à s’investir dans l’histoire. Les comédies de ce genre fonctionnent souvent grâce à des personnages marqués, aux personnalités exagérées, mais encore faut-il que ces caricatures apportent quelque chose à l’histoire. Ici, beaucoup de figures semblent simplement cocher des cases : le policier dépassé, l’élève naïf, la figure d’autorité rigide… On a l’impression de retrouver les mêmes stéréotypes déjà vus ailleurs, sans réel effort de renouvellement. L’histoire d’amour intégrée au scénario ne fait qu’accentuer cette impression de déjà-vu. 

 

Prévisible du début à la fin, elle n’apporte rien et semble ajoutée simplement pour respecter une formule classique. Ce genre d’intrigue peut fonctionner si elle est bien intégrée à l’histoire principale, mais ici, elle paraît artificielle et sans relief. Visuellement, Les Condés ne marque pas non plus les esprits. La réalisation est fonctionnelle, sans véritable identité. La photographie et le découpage des scènes sont classiques, et il manque une vraie proposition esthétique. Le film aurait pu jouer sur l’ambiance d’une école de police, utiliser ce décor pour accentuer l’humour ou la tension, mais il n’en fait rien de marquant.

 

Certains passages donnent même une impression de bâclage, comme si tout avait été filmé rapidement, sans trop se soucier des détails. Cela donne une sensation de produit vite emballé, sans réel soin apporté à la mise en scène. Il est évident que Les Condés s’adresse à un public précis : ceux qui apprécient l’humour de Bougheraba et Amrani, et qui sont familiers avec leur univers. Mais même dans cette optique, le film risque de décevoir. Là où leurs précédentes réalisations fonctionnaient par leur spontanéité et leur fraîcheur, celui-ci semble s’essouffler rapidement.

 

Certains gags rappellent ce qui avait fait le succès des premiers films de la bande, mais à force de répéter les mêmes mécaniques, l’effet de surprise disparaît. Ce genre de comédie repose sur un équilibre subtil entre exagération et cohérence, et ici, la balance penche trop du côté du chaos. Les Condés n’est pas totalement dénué de qualités. Son duo principal a une énergie communicative, et quelques répliques font sourire. Mais au-delà de ces rares moments réussis, l’ensemble souffre d’un manque de construction narrative, d’un humour inégal et d’une mise en scène peu inspirée.

 

Ceux qui apprécient l’humour de Bougheraba et Amrani y trouveront peut-être leur compte, mais pour les autres, le film risque surtout de laisser une impression de précipitation et d’inabouti. Une comédie qui aurait mérité un meilleur scénario et une direction plus affirmée pour vraiment marquer les esprits.

 

Note : 3/10. En bref, une comédie brouillonne qui a de l’humour mais ne sait pas forcément quoi en faire. En résulte un film qui manque d’une âme et surtout d’une ambition. 

Sorti le 26 mars 2025 au cinéma

 

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