Critiques Séries : The Pitt. Saison 1. Episode 15 (season finale)

Critiques Séries : The Pitt. Saison 1. Episode 15 (season finale)

The Pitt // Saison 1. Episode 15. 9:00 P.M.

SEASON FINALE

 

La fin de la première saison de The Pitt ne cherche ni à choquer ni à flatter. Elle ne ponctue pas son récit d’un coup d’éclat, mais elle laisse quelque chose derrière. Quelque chose de difficile à nommer, mais bien présent : une impression persistante que tout ne pourra jamais vraiment revenir à la normale. Dans cet épisode 15, intitulé "9:00 P.M.", le point final n’en est pas vraiment un. C’est plutôt une suspension. Un moment suspendu entre ce qui a été vécu et ce qui reste à encaisser. Une boucle qui se referme sur le personnage de Robby, vidé, éprouvé, mais encore debout.

 

Tout commence par une silhouette. Celle de Michael Rabinavitch, seul. Il avait ouvert la saison sur une marche solitaire ; il la clôture de la même manière. Mais entre ces deux scènes, une multitude de visages et d’histoires ont marqué le quotidien de ce service d’urgence pas tout à fait comme les autres. Ce n’est pas tant le destin de Rabinavitch qui intéresse que ce qu’il symbolise : un médecin qui porte en lui les cicatrices de tous ceux qu’il n’a pas pu sauver. The Pitt n’a jamais promis de miracles. Pas ceux qui transforment la douleur en victoire par un simple retournement narratif. 

Si le mot "miracle" est évoqué dans ce final, c’est avec une retenue pleine de lucidité. Le véritable miracle ici, ce sont les gestes répétés, les décisions prises dans l’urgence, la fatigue qui s’accumule sans jamais être soulagée. Ce sont les soignants. Durant la crise du PittFest, 112 patients ont été accueillis. 106 sont encore en vie. Les chiffres ont beau parler, c’est dans les silences que se joue l’essentiel. Dans les regards échangés entre collègues, dans les soupirs d’épuisement, dans les larmes retenues. David a été accusé à tort. Mais l’erreur judiciaire ne l’absout pas d’un comportement qui, sans être violent au sens strict, a semé la peur. McKay ne le condamne pas, elle le confronte. 

 

Elle incarne une parole lucide, une voix capable de reconnaître la complexité d’une situation sans gommer la souffrance des victimes. Pas de manichéisme ici : juste des êtres humains, faillibles, blessés, parfois dangereux sans le vouloir. McKay agit avec fermeté mais sans colère. Et cela fait toute la différence. Elle trouve les mots pour que David prenne conscience du poids de ses actes. C’est peut-être ce que cette série fait de mieux : poser des questions sans chercher à tout justifier. Une autre histoire trouble ce final : celle d’un adolescent malade, victime des choix médicaux douteux de ses parents. 

Son traitement dépend d’un examen que sa mère refuse. Face à cette obstination, Robby choisit une méthode discutable : confronter le père à la mort, de la manière la plus brute possible. Est-ce justifiable ? Pas vraiment. Est-ce compréhensible ? Peut-être. L’intention est là : sauver une vie. Le prix est élevé, mais il finit par faire plier un père pris entre loyauté conjugale et instinct paternel. Le dilemme moral est lourd, mais The Pitt n’essaie pas de le résoudre. Il le montre, tout simplement. Langdon, médecin brillant mais instable, cherche désespérément une échappatoire. Il nie ses problèmes de dépendance, se victimise, s’accroche à ses illusions. Mais la façade craque. 

 

Sa confrontation avec Robby est brutale. Il y a du désespoir, de la colère, et surtout une incapacité à reconnaître ses torts. Le contraste avec Robby est frappant. Ce dernier, au bord de l’effondrement, continue d’avancer. C’est peut-être cela qui fait de lui un pilier, même si le sol se dérobe sous ses pieds. Langdon, lui, ne parvient pas à se relever. Il y a aussi Dana, qui range ses affaires en silence. Elle s’en va, peut-être pour toujours. Elle ne fait pas de scène. Elle ne dit pas grand-chose. Mais son départ est lourd. C’est elle qui avait dit que cet hôpital "brise le cœur". Et son cœur, à elle, semble bel et bien brisé.

Même dans ses derniers instants au sein du service, elle reste une présence apaisante. Elle réconforte Robby, sans insister. Juste un geste, une phrase. Elle l’invite à faire preuve de compassion envers lui-même. Un rappel que même les plus forts ont le droit de flancher. Robby encaisse. Trop. Trop longtemps. Il garde le cap pour les autres, mais le vernis se fend. Il perd patience, parfois violemment. Avec McKay, avec Langdon, avec le père de Flynn. Il est au bord du gouffre. Et quand il finit par s’isoler sur le toit de l’hôpital, ce n’est pas pour chercher une issue tragique, mais peut-être pour trouver un peu d’air.

 

C’est Abbott qui le retrouve. Leur échange, simple en apparence, dit beaucoup. L’image des "abeilles qui protègent la ruche" revient. Il n’y a pas de gloire, pas de reconnaissance. Juste un besoin viscéral de continuer. Parce qu’ils n’ont rien d’autre. La mort de Leah est l’un des moments les plus sobres et pourtant les plus dévastateurs de l’épisode. Pas de cris, pas de musique dramatique. Juste une porte qui s’ouvre, se referme. Un message transmis, une douleur contenue. Ce sont ces petits riens qui marquent. Ces gestes retenus, ces silences pleins de sens. The Pitt ne cherche pas à tirer des larmes. Il les laisse venir.

Le dernier plan réunit l’équipe, enfin relâchée, autour d’une bière dans un parc. Pas de grand discours, juste une envie de souffler. C’est là que réside la force de cette série : elle ne transforme pas ses personnages en héros. Elle les montre dans leur humanité, imparfaite, souvent à bout, mais toujours présente. The Pitt, c’est l’histoire de ceux qui tiennent malgré tout. Qui soignent, qui écoutent, qui tombent et se relèvent, parfois de travers. Ce n’est pas une série qui cherche à faire rêver. Elle choisit de regarder en face la complexité du monde hospitalier. Et c’est justement pour cela qu’elle touche.

 

Rien ne dit si Dana reviendra. Rien ne garantit que Robby tiendra le coup. Mais l’équipe, elle, semble prête à continuer. Pas par obligation. Par nécessité. Parce que quand il ne reste rien d’autre, il reste encore le geste, la main tendue, la science, la médecine. Et c’est peut-être là la seule forme d’espoir que propose The Pitt. Pas un espoir naïf ou grandiloquent. Un espoir rude, âpre, mais tenace. La saison 1 se termine, mais l’histoire, elle, ne s’arrête pas là. Elle continue, comme la vie, dans ses chaos et ses rémissions. Et quelque part, il est rassurant de savoir que, même cabossés, ces personnages seront encore là. À se débattre. À guérir. À vivre.

 

Note : 10/10. En bref, un dernier épisode doux amer qui rappelle que même si la saison s’arrête, l’histoire ne s’arrête pas. Elle continue, comme la vie et c’est là toute la beauté de cet épisode et cette série. 

Disponible sur max

max a renouvelé The Pitt pour une saison 2

 

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delromainzika

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M
Magnifique et très juste critique.<br /> Reflet d'un monde qui va mal mais qui s'accroche.
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D
Merci beaucoup :)