Gangs of London (Saison 3, 8 épisodes) : une maire, de la coke et des morts mais Gangs of London n’a pas dit son dernier mot

Gangs of London (Saison 3, 8 épisodes) : une maire, de la coke et des morts mais Gangs of London n’a pas dit son dernier mot

La troisième saison de Gangs of London reprend là où la série s’était arrêtée, dans un Londres ravagé par des guerres de territoire, des règlements de comptes sanglants et des alliances toujours aussi fragiles. Huit épisodes plus tard, le constat est clair : la série continue à explorer son univers dystopique où la violence structure chaque relation et où la réalité semble constamment flirter avec la fiction la plus débridée. Sean Wallace est en prison. Elliot Carter, ancien flic infiltré devenu acteur majeur du crime organisé, s’est définitivement éloigné de ce qu’il était. Son nom n’est plus rattaché à l’idée d’ordre ou de justice. 

 

Il est maintenant associé au chaos et à une forme de leadership brutale qui ne fait pas dans la nuance. C’est d’ailleurs lui qui se retrouve au centre de l’implosion initiale de cette saison : une cargaison de cocaïne, trafiquée au fentanyl, provoque la mort de centaines de Londoniens. La maire de la ville, Simone Thearle, n’a alors d’autre choix que de s’attaquer directement aux réseaux criminels. Mais dans ce Londres alternatif, les actions des figures politiques ont souvent peu d’impact réel. La ville semble fonctionner avec ses propres lois, son propre rythme. 

 

Il suffit de voir la fréquence à laquelle des armes automatiques sont sorties dans des lieux publics sans qu’aucune sirène ne vienne troubler le carnage. La police reste en arrière-plan, comme si elle n’existait que dans une autre version de la ville, une version moins saturée de violence. Ce monde n’est pas fait pour ceux qui cherchent une forme de logique narrative ou de cohérence sociale. Il s’agit d’un théâtre de l’excès où l’action prime sur tout le reste. Chaque épisode propose son lot de scènes marquantes, souvent insoutenables, parfois presque grotesques, mais toujours soignées sur le plan visuel. 

 

Le premier épisode donne le ton avec une fusillade dans une fête foraine, lieu devenu champ de bataille. D’autres moments s’impriment dans la mémoire par leur capacité à choquer, comme ce passage au cœur d’un bureau désert où l’arme du crime est un cordon ombilical encore sanglant. L’introduction de figures politiques dans ce monde déjà saturé de violence pourrait donner lieu à des questionnements moraux. Mais Gangs of London préfère exploiter ces éléments comme catalyseurs narratifs plutôt que comme moteurs de réflexion. La maire, pourtant au cœur d’un discours contre les drogues, est montrée en train de consommer les substances qu’elle dénonce.

 

Ce double discours est symptomatique d’une série qui ne cherche pas à délivrer de message, mais plutôt à exposer un monde où la contradiction est la norme. Parmi les nouveaux visages de cette saison, quelques personnages sortent du lot. Cornelius Quinn, frère de Marian Wallace, impose sa présence par sa brutalité assumée. Richard Dormer incarne ce personnage avec une intensité qui renforce l’ambiance déjà tendue de chaque scène. Zeek, tueur silencieux au passé obscur, ajoute une nouvelle couche de complexité à un univers qui n’en manquait pas. 

 

Leurs interactions avec les figures établies créent des tensions permanentes, propices aux trahisons et aux retournements de situation. C’est d’ailleurs cette instabilité qui fait l’essence même de la série. Chaque rencontre entre mafieux est potentiellement une exécution déguisée. Les fameuses réunions entre gangs sont devenues des scènes récurrentes, presque rituelles. Elles permettent de mesurer les forces en présence, mais surtout de rappeler que, dans ce monde, personne ne peut être totalement en sécurité. Elliot, figure centrale depuis le début de la série, est probablement celui qui subit le plus de transformations.

 

Passé de policier infiltré à baron de la drogue, il évolue désormais dans une zone grise où la morale n’a plus vraiment sa place. La mort de sa famille, révélée comme un élément déclencheur de sa descente aux enfers, revient hanter cette saison à travers une enquête personnelle qui l’emmène à manipuler, torturer et tuer sans remords. Il ne cherche plus la vérité pour rendre justice, mais pour satisfaire un besoin viscéral de compréhension – ou peut-être simplement pour survivre. Certaines séquences parviennent encore à surprendre par leur mise en scène. L’épisode 5, centré sur Lale, est un bon exemple. 

 

Piégée dans un immeuble vide, juste après avoir accouché, elle se bat contre des hommes armés, transformant ce moment intime en une lutte pour la vie, à la fois crue et symbolique. Cette scène rappelle à quel point la série aime jouer avec les codes, mêlant le spectaculaire à l’organique, le kitsch aux instincts primaires. Mais tout ne tient pas aussi bien. L’enchaînement des trahisons finit par perdre en impact. L’accumulation de flashbacks, les retournements de situation parfois peu crédibles et la surenchère permanente donnent parfois une impression de fatigue narrative. 

 

Le rythme, particulièrement soutenu dans les premiers épisodes, ralentit progressivement. Vers la fin, certains épisodes peinent à maintenir l’intensité installée au départ. Le recours constant à la violence comme moteur principal peut également lasser. Chaque épisode cherche son moment fort, souvent construit autour d’un combat à mains nues ou d’une fusillade dantesque. Et si la maîtrise technique est bien là – avec des chorégraphies de combat efficaces et une mise en scène inventive –, elle ne suffit pas toujours à compenser le manque de développement émotionnel.

 

Cela dit, Gangs of London continue à tirer sa force de son casting. Le mélange entre talents venus du théâtre, acteurs internationaux et figures plus établies permet de maintenir une forme de fraîcheur. Même lorsque l’intrigue s’essouffle, certains dialogues ou confrontations restent marquants grâce à l’intensité du jeu des interprètes. La série ne cherche pas à coller à la réalité. Ce Londres alternatif est une sorte de cauchemar chorégraphié, où la mort est omniprésente mais toujours mise en scène avec une précision clinique. 

 

Les trajets en voiture remplacent les transports en commun, les meetings secrets se multiplient dans des entrepôts ou des églises désaffectées, et les décisions se prennent souvent à coups de poing plutôt que par le dialogue. Pour ceux qui ont suivi les deux premières saisons, cette troisième fournée ne changera pas fondamentalement l’avis que l’on peut avoir sur la série. Elle reste fidèle à ce qu’elle est : une saga criminelle stylisée, presque mythologique dans son approche de la criminalité. Elle continue à explorer un monde où la justice est une notion relative, où la loyauté est une denrée rare, et où la survie dépend autant de la force brute que de la capacité à jouer double jeu.

 

La fin de la saison, sans être totalement décevante, laisse un goût d’inachevé. Certains arcs narratifs restent en suspens, et les morts successives de personnages centraux posent la question de la direction que pourrait prendre une éventuelle saison suivante. Le spectacle est toujours là, mais l’effet de surprise s’atténue. Comme si la série, à force de vouloir repousser ses propres limites, commençait à tourner en rond.

 

Note : 5/10. En bref, certains arcs narratifs restent en suspens, et les morts successives de personnages centraux posent la question de la direction que pourrait prendre une éventuelle saison suivante. Le spectacle est toujours là, mais l’effet de surprise s’atténue.

Disponible sur myCanal

 

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