8 Avril 2025
Suits L.A. // Saison 1. Episode 7. Good Times.
Le septième épisode de Suits : L.A. ressemble à ce moment où l’on comprend enfin que quelque chose ne va pas, que la direction prise n’est pas la bonne, mais qu’il est déjà trop tard pour changer de cap sans tout casser. Ce nouvel épisode, censé montrer les retombées du procès de Lester Thompson, s’enlise dans des choix narratifs déroutants et, disons-le franchement, creux. Derrière l’étiquette de spin-off, la série tente de s’émanciper de son aînée. Mais là où Suits trouvait un équilibre entre tension dramatique, enjeux moraux et charme élégant, Suits : L.A. semble nager à vue, sans savoir où elle veut aller.
L’épisode 7 en est une démonstration douloureuse. L’affaire Lester Thompson est bouclée. Ted Black a remporté son premier grand procès à Los Angeles. Cette victoire aurait pu permettre à la série de respirer, de poser enfin ses fondations, de donner de l’espace à ses personnages. Mais ce n’est pas ce qui se passe. Au lieu de s’appuyer sur cette conclusion pour redéfinir ses enjeux, l’épisode part dans toutes les directions. Il évoque brièvement la nouvelle dynamique au sein du cabinet, maintenant que Stuart est parti, mais sans jamais l’exploiter. Ted reçoit une nouvelle qui le pousse à renouer avec d’anciens collègues… et c’est tout.
Aucune tension, aucun développement marquant. L’histoire semble avancer par automatisme, sans véritable moteur. Il est désormais évident que Suits : L.A. cherche à s’éloigner du ton original de Suits pour adopter quelque chose de plus léger. Ce choix pourrait avoir du sens si la transition était maîtrisée. Mais ici, les éléments comiques tombent souvent à plat. Des personnages qui changent de registre d’une scène à l’autre, des répliques censées être drôles qui semblent improvisées ou mal écrites, des situations farfelues glissées au milieu d’intrigues supposément sérieuses… le mélange est maladroit.
Ce n’est pas que l’idée d’un ton plus humoristique soit en soi mauvaise. C’est plutôt que ce ton-là n’est pas assumé jusqu’au bout, ni assez travaillé pour fonctionner. Depuis le premier épisode, Ted Black pose problème. Il oscille entre l’antihéros torturé et le génie incompris, sans jamais convaincre dans aucun des deux rôles. Ses sautes d’humeur, sa façon de traiter ses collègues, son incapacité à évoluer ou à se remettre en question deviennent franchement fatigantes. Ce septième épisode ne fait rien pour le rendre plus attachant.
Au contraire, alors que le reste du casting commence timidement à trouver sa place, lui s’enferme dans des réactions exagérées, des décisions absurdes et des dialogues ternes. Le problème n’est pas seulement dans l’écriture du personnage, mais dans son positionnement. Pourquoi construire une série autour d’un homme aussi peu intéressant ? Plus les épisodes passent, plus l’envie de suivre son parcours diminue. Et ce n’est pas le fil rouge mystérieux de son passé à New York – distillé à coups de flashbacks sans relief – qui changera la donne. Les retours dans le passé de Ted sont censés apporter de la profondeur. Malheureusement, ils donnent plutôt l’impression d’un artifice scénaristique pour combler le vide.
Non seulement ils ralentissent le rythme, mais ils n’apportent rien de nouveau. Ce sont des répétitions d’un même traumatisme, évoqué encore et encore sans jamais avancer. Dans l’épisode 7, ces flashbacks semblent arriver comme un cheveu sur la soupe, déconnectés de ce qui se passe dans le présent. Ce décalage accentue la désunion entre les différentes composantes de l’intrigue. La série tente de construire une mythologie autour de Ted, mais le résultat est indigeste. Ce qui sauve un peu l’épisode, et peut-être la série, c’est la présence de certains membres du casting secondaire.
Même si leur écriture reste parfois superficielle, au moins ils ont le mérite d’exister en dehors de Ted. Leah Power, par exemple, apporte un peu d’énergie malgré un positionnement étrange entre juriste et artiste. Son inadéquation avec le monde de l’entreprise devient presque une qualité, tant elle contraste avec les autres figures figées. Stuart Lane, de son côté, reste imprévisible, mais au moins il apporte un peu de relief. Ses colères, ses jeux de pouvoir, son côté joueur de D&D mal assumé : tout cela le rend plus humain, même si incohérent.
Mais c’est frustrant de voir que les personnages secondaires sont souvent relégués à des rôles d’appoint, alors qu’ils sont les seuls à apporter une touche de fraîcheur. L’un des problèmes majeurs de l’épisode, et plus globalement de la série, est l’absence totale de cohérence de ton. On passe d’une scène pseudo-dramatique à un gag à peine dissimulé, puis à un échange censé être profond mais qui sonne faux. Cette valse hésitante entre les registres empêche toute immersion. Ce n’est ni assez drôle pour être une comédie assumée, ni assez solide pour rester un drame. Le spectateur est constamment baladé sans savoir sur quel pied danser.
Ce flou artistique donne l’impression d’un projet qui a peur de s’engager. Le résultat, c’est une œuvre qui n’ose rien, et qui finit par ne rien dire. Ce n’est pas tant que les idées soient mauvaises – l’idée d’un cabinet d’avocats à Los Angeles, spécialisé dans le divertissement, a du potentiel – mais leur traitement est plat. Les dialogues manquent de relief, les intrigues sont cousues de fil blanc, les enjeux émotionnels tombent à plat. Chaque scène donne l’impression d’avoir été écrite dans l’urgence, sans relecture ni réelle intention.
Les personnages ne réagissent pas en fonction de leur personnalité, mais pour faire avancer mécaniquement l’intrigue. Et dans cet épisode 7, c’est particulièrement flagrant. Il devient difficile de comprendre ce que Suits : L.A. cherche à accomplir. Est-ce un spin-off fidèle à l’esprit de Suits ? Une relecture comique du monde juridique ? Un drame psychologique centré sur un homme en crise ? Un soap juridique sous couvert de série d’auteur ? Le manque de vision globale est criant. Il n’y a pas de ligne directrice claire, pas de thématique forte qui justifie les choix de mise en scène ou de narration.
L’épisode 7 donne l’impression d’être écrit pour combler un vide, sans inspiration, sans engagement, sans envie. Ce septième épisode marque un tournant dans mon rapport à la série. Jusque-là, malgré les défauts, il restait un mince espoir que les choses se stabilisent, que l’écriture s’affine, que les personnages prennent forme. Mais à ce stade, difficile de croire à une amélioration soudaine. Le rythme est bancal, le ton mal maîtrisé, le personnage principal antipathique, et les rares bonnes idées sont noyées dans un flot d’incohérences.
Note : 2/10. En bref, Suits : L.A. semble avoir renoncé à être une série juridique captivante pour se transformer en dramédie désordonnée. Ce choix aurait pu fonctionner avec une meilleure exécution, mais en l’état, cela donne juste un épisode vide, sans tension, sans âme, sans intérêt.
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