Critiques Séries : 9-1-1: Nashville. Saison 1. Episode 4.

Critiques Séries : 9-1-1: Nashville. Saison 1. Episode 4.

9-1-1: Nashville // Saison 1. Episode 4. Bad Case of the Blues.

 

L’épisode 4 de 9-1-1: Nashville, intitulé “Bad Case of the Blues”, marque un tournant. Après plusieurs semaines à voir Don Hart imposer sa vision du métier sans véritable remise en question, la série amorce enfin une confrontation avec ses propres contradictions. Pour la première fois, le capitaine se retrouve face aux conséquences de ses choix, et cela change la dynamique du récit. Depuis le début de la saison, Don incarne cette figure du pompier modèle, censé allier rigueur, empathie et leadership. Mais derrière la façade du professionnel exemplaire, l’homme multiplie les décisions discutables. 

 

Prendre Blue sous son aile, sans formation complète et en le mettant sur le terrain après à peine deux semaines, relève plus de la négligence que du courage. Ce comportement, présenté d’abord comme un geste de bonté, s’effrite ici sous le poids du réalisme. Le face-à-face entre Don et le chef de la caserne le souligne avec force : l’autorité ne justifie pas tout, surtout quand elle met des vies en danger. Ce rappel à l’ordre était nécessaire. Trop souvent, Don agit comme si ses émotions l’autorisaient à contourner les règles, quitte à compromettre son équipe. Ce manque de discernement ne touche pas seulement Blue, mais aussi ceux qui gravitent autour de lui. 

Ryan, par exemple, subit de plein fouet les décisions de son père sans jamais avoir été consulté. Sa vie a été bouleversée par la révélation de ce demi-frère, et pourtant Don semble ignorer à quel point cette situation l’affecte. Quant à Blythe, ses inquiétudes sont régulièrement balayées d’un revers de main, comme si sa lucidité était un obstacle plutôt qu’un appui. Et justement, Blythe continue d’être le pilier émotionnel de la série. Depuis le pilote, elle est la seule à aborder chaque situation avec recul et humanité. Elle a ce sens du discernement que les autres semblent avoir perdu. Dans cet épisode, sa bienveillance envers Blue se heurte à ses propres limites. 

 

Elle tente de comprendre ce jeune homme au passé trouble sans tomber dans la complaisance. Découvrir les erreurs de son passé — le vol, les mauvais choix — aurait pu suffire à la braquer, mais elle choisit la nuance. Elle n’excuse pas, elle contextualise. Cela dit, tout n’est pas à saluer dans son attitude. Sa décision de contourner les règles pour obtenir des informations confidentielles à travers Cammie laisse une impression mitigée. Cette démarche, motivée par l’inquiétude, révèle aussi un privilège qu’elle n’assume pas pleinement. En utilisant sa position sociale pour obtenir ce qu’elle veut, elle franchit une ligne morale qu’elle reproche souvent à Don. 

Cette contradiction rend son personnage plus complexe, mais elle montre aussi que même les figures les plus rationnelles ne sont pas à l’abri d’un écart de jugement. Blue, de son côté, reste difficile à cerner. Malgré les efforts de la série pour le rendre attachant, son écriture demeure inégale. Il oscille entre vulnérabilité sincère et caricature du jeune homme brisé par la vie. Sa colère paraît légitime, mais elle est souvent réduite à des répliques simplistes. Pourtant, certaines scènes laissent entrevoir un potentiel plus riche, notamment lorsqu’il laisse filtrer ses doutes sur ses véritables envies. Blue veut-il réellement être pompier ou cherche-t-il simplement à plaire à Don pour combler un vide ? 

 

Cette question, la série ne l’aborde pas encore frontalement, mais elle hante chaque regard échangé entre eux. La relation entre Blue et Ryan, en revanche, commence à fonctionner. Les deux frères apprennent à coexister, entre rivalité et reconnaissance tacite. Là où Ryan incarnait jusqu’ici la colère et la méfiance, il montre ici une forme d’apaisement, presque de curiosité envers Blue. Ces moments calmes, sans surenchère dramatique, sont ceux où 9-1-1: Nashville retrouve le ton juste. Mais ce qui frappe le plus dans cet épisode, c’est la distance croissante entre les idéaux du métier et la réalité dépeinte. 

La caserne 113, censée être un symbole de solidarité et de service public, ressemble davantage à une micro-société privilégiée, déconnectée du terrain. Les interventions spectaculaires ne suffisent plus à masquer ce déséquilibre. L’esprit collectif, censé être l’âme du récit, se dilue dans les intrigues personnelles des Hart. Cette impression de décalage rend difficile l’attachement au groupe. Roxie et Taylor, encore une fois, apparaissent trop brièvement pour exister pleinement. Ces deux femmes, pourtant prometteuses, restent confinées à des rôles de soutien. La série leur doit plus que des répliques fonctionnelles. Elles pourraient apporter ce regard extérieur qui manque cruellement à la caserne, un contrepoint au chaos intérieur des Hart.

 

“Bad Case of the Blues” réussit malgré tout à amorcer un changement. En exposant Don à la critique, l’épisode rompt avec le ton complaisant des débuts. Il montre que les erreurs de jugement ont un coût, que l’autorité ne protège pas de tout. Ce n’est pas encore une rédemption, mais c’est une fissure dans la façade. Après quatre épisodes, 9-1-1: Nashville commence à ressembler à ce qu’elle aurait dû être dès le départ : une série sur la responsabilité, les choix imparfaits et la fragilité humaine derrière le courage affiché. Reste à savoir si elle saura transformer cette tension en véritable introspection. Parce que pour l’instant, les flammes qui brûlent le plus fort ne viennent pas des incendies — elles viennent de l’intérieur.

 

Note : 6.5/10. En bref, “Bad Case of the Blues” réussit malgré tout à amorcer un changement. En exposant Don à la critique, l’épisode rompt avec le ton complaisant des débuts. 9-1-1: Nashville commence à ressembler à ce qu’elle aurait dû être dès le départ.

Prochainement en France

 

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