31 Octobre 2025
9-1-1 // Saison 9. Episode 4. Reentry.
Ce quatrième épisode de la saison 9 de 9-1-1, intitulé « Reentry », marque la fin du long détour spatial entamé depuis le début de la saison. Mais au-delà de la descente de l’espace, c’est une autre forme de retour qui se joue ici : celui à la vie, à la réalité, à soi. Après des semaines passées à flotter entre le deuil et la survie, Athena amorce enfin une reconstruction. Pas spectaculaire, pas triomphante — juste humaine. Depuis la disparition de Bobby, tout semblait suspendu. Le vide qu’il laisse n’est pas seulement émotionnel ; il a transformé la manière dont chacun avance. Les trois premiers épisodes mettaient déjà en scène cette errance, entre colère, culpabilité et épuisement moral.
Dans "Reentry", la série déplace enfin la question : comment recommencer quand tout a basculé ? Athena traverse cet épisode comme on traverse une tempête intérieure. Son corps est dans l’espace, mais son esprit, lui, revisite les zones d’ombre de son passé. À travers les retours en arrière, la série relie les pertes qui ont façonné cette femme : Emmett d’abord, puis Bobby. Deux absences différentes, mais un même sentiment d’échec, celui d’avoir survécu là où d’autres n’ont pas pu. Ce n’est pas la première fois qu’Athena se sent prisonnière de cette culpabilité, mais cette fois, elle la regarde en face. La mise en scène joue habilement sur ce parallèle entre les temporalités.
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Dans le vide spatial, Athena perd pied, littéralement et symboliquement. Sa combinaison se dégrade, son souffle se raccourcit, et le silence se fait total. Dans ce silence, elle croise une version plus jeune d’elle-même — cette Athena encore pleine de certitudes, persuadée que les vrais héros sont ceux qui tombent. Cet échange intérieur, à la fois brutal et apaisant, résume le cœur de l’épisode. Ce n’est pas la mort qui rend héroïque, mais la capacité de continuer malgré la douleur. Angela Bassett donne à ce moment une intensité rare. Pas dans la démonstration, mais dans l’économie des gestes. Chaque regard, chaque hésitation porte des années de deuil accumulé.
Cette confrontation entre la femme qu’elle était et celle qu’elle est devenue fait écho à ce que la série explore depuis plusieurs saisons : comment rester debout quand la vocation de sauver les autres finit par coûter tout ce qu’on aime. Le retour sur Terre clôt symboliquement cette boucle. Athena revient à la gravité, à la pesanteur de la vie, à la réalité d’un foyer qu’elle doit encore reconstruire. Sa rencontre avec May et Harry scelle cette étape : les excuses qu’elle leur adresse ne réparent pas tout, mais elles ouvrent une brèche. Après des mois de fuite émotionnelle, elle commence à parler. De son côté, Hen retrouve Karen et les enfants, épuisée mais entière.
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Le couple incarne cette idée de résilience silencieuse qui traverse la série depuis la disparition de Bobby. Chacun avance à son rythme, sans promesse de guérison, mais avec une lucidité nouvelle. L’épisode parvient à évoquer cette reconstruction collective sans insister, simplement en montrant des gestes du quotidien, des regards qui se cherchent. Ce que j’ai particulièrement aimé dans « Reentry », c’est ce refus du spectaculaire pour conclure l’arc spatial. Tout aurait pu se terminer dans le tumulte d’un sauvetage héroïque. Au lieu de cela, la série choisit l’introspection. L’urgence, cette fois, n’est pas de sauver une vie, mais d’en retrouver le sens. C’est dans ce basculement que 9-1-1 retrouve sa force : lorsqu’elle s’intéresse moins à la catastrophe qu’à ce qu’elle laisse derrière.
La dernière scène, pourtant simple, laisse une note d’inquiétude. Harry annonce à sa mère vouloir devenir pompier. Ce détail, presque anodin, agit comme un écho cruel. Athena vient à peine d’accepter la perte d’un mari pompier, et déjà, l’idée de voir son fils suivre le même chemin menace de rouvrir la plaie. Le cycle du courage et de la peur continue. Ce sera sans doute l’un des fils narratifs les plus intéressants à suivre pour la suite de la saison. Cet épisode agit comme une respiration. Pas une résolution, mais une pause dans le chaos. Athena ne guérit pas, elle avance. Ce simple choix la rend profondément humaine.
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Ce n’est plus seulement cette figure d’autorité que rien n’ébranle, mais une femme qui apprend à vivre avec ses absences. 9-1-1 rappelle ainsi que la vraie bravoure n’est pas de tout surmonter, mais d’accepter que certaines blessures ne se referment pas vraiment. En quittant l’espace, la série referme un chapitre audacieux, parfois déroutant, mais utile. Ces quatre premiers épisodes, malgré leurs excès, ont offert une traversée émotionnelle complète. Après le choc, la sidération, puis la survie, vient enfin le temps du recommencement. "Reentry" ne parle pas de retour à la normale, parce qu’il n’y en a pas. Il parle de retour à soi, et c’est sans doute la plus difficile des missions.
Note : 7/10. En bref, ce que j’ai particulièrement aimé dans « Reentry », c’est ce refus du spectaculaire pour conclure l’arc spatial. Tout aurait pu se terminer dans le tumulte d’un sauvetage héroïque. Au lieu de cela, la série choisit l’introspection.
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