24 Octobre 2025
Grey’s Anatomy // Saison 22. Episode 3. Between Two Lungs.
Trois épisodes déjà, et la saison 22 de Grey’s Anatomy commence à trouver son rythme. Après le choc de l’explosion et l’épisode plus introspectif de la semaine dernière, ce nouvel opus recentre la série sur ce qu’elle sait faire de mieux : des interactions humaines complexes, des dilemmes médicaux à double tranchant, et surtout, cette fine frontière entre le cœur et la raison. Ce n’est pas un épisode flamboyant, mais il est révélateur. Derrière la légèreté apparente, on sent poindre des fissures, des envies de rupture, mais aussi un certain espoir. L’hôpital se remet, les personnages se redéfinissent, et la série semble — timidement — vouloir corriger certains travers qu’on lui reproche depuis plusieurs saisons.
Winston a longtemps été un personnage secondaire sans véritable ancrage. Depuis le départ de Maggie, il cherche sa place, oscillant entre excellence professionnelle et désorientation personnelle. Dans cet épisode, son duo tendu avec Nick sur une greffe pulmonaire délicate illustre bien cette ambivalence. D’un côté, il y a le Winston rationnel, méthodique, presque trop prudent ; de l’autre, le Winston impulsif, frustré par un système qui ne l’écoute pas toujours. Ce conflit, plutôt que de le réduire, le rend enfin intéressant. Il n’est plus seulement “l’ex de Maggie” ou “le chirurgien brillant mais transparent”. On découvre un homme qui doute, qui se heurte à ses propres limites.
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La tension avec Nick fonctionne bien. Elle ramène à la surface une dynamique qu’on voyait souvent dans les premières saisons : celle du débat moral entre médecins, entre urgence et prudence, compassion et ambition. Ce genre de confrontation donne du corps à la série, rappelant que Grey’s Anatomy a toujours été plus qu’un simple soap médical. Mais c’est à travers Jules que Winston prend vraiment de l’épaisseur. Leur relation, à la fois inconfortable et fascinante, apporte un souffle nouveau. Là où les romances du Grey Sloan deviennent souvent répétitives, celle-ci intrigue par sa retenue et sa tension silencieuse. Jules, lucide et directe, agit un peu comme un miroir pour Winston : elle le pousse à se voir tel qu’il est, sans filtre.
Leur complicité rappelle, par certains aspects, celle de Meredith et Cristina à leurs débuts — une connexion fondée sur la reconnaissance mutuelle plutôt que sur le romantisme pur. Pourtant, le sous-texte est là, indéniable : quelque chose se joue entre eux, et cette hésitation permanente est ce qui rend leurs scènes si vivantes. Si la série parvient à garder cette tension sans tout gâcher dans un énième triangle amoureux, on pourrait enfin tenir une relation subtile et adulte — chose devenue rare à Grey’s Anatomy ces dernières années. L’autre fil émotionnel fort de l’épisode, c’est celui de Lucas. Après un début de saison chaotique où il oscillait entre culpabilité et rébellion, il retrouve ici un peu de son humanité.
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Sa connexion avec Katie, une jeune patiente atteinte d’un cancer agressif, est l’un des moments les plus justes de l’épisode. Il y a quelque chose de sincère dans la manière dont Lucas s’attache à ses patients. Là où d’autres personnages fuient l’émotion, lui s’y jette tête baissée. Cela le rend à la fois touchant et vulnérable. On sent bien qu’il va vouloir “sauver à tout prix”, quitte à s’y brûler. Cette empathie, parfois maladroite, fait partie de son ADN. Et si Grey’s Anatomy semble enfin assumer cette facette du personnage, cela pourrait bien être l’une des meilleures évolutions de cette saison. On retrouve ce qu’on aimait dans les internes des débuts : des jeunes médecins passionnés, parfois imprudents, mais profondément humains.
Malheureusement, tout n’est pas aussi convaincant. Le triangle amoureux entre Simone, Lucas et Wes commence déjà à s’essouffler. Ce qui aurait pu être un conflit émotionnel riche devient ici une succession de malentendus et de jalousies mal placées. Là où la série avait su, dans le passé, transformer les relations amoureuses en véritables leviers narratifs (on pense à Meredith et Derek, ou Cristina et Burke), elle semble aujourd’hui peiner à donner du sens à ces tensions. C’est dommage, car Simone reste un personnage intéressant : intelligente, sensible, mais prisonnière d’une écriture qui hésite entre ambition et caricature. On espère que ce triangle ne va pas s’étirer éternellement, au risque de diluer tout l’intérêt de ces personnages pourtant prometteurs.
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Côté adultes, l’épisode s’attarde sur Teddy, en pleine tourmente depuis l’annonce de son divorce. On la retrouve désemparée, oscillant entre colère et désillusion, cherchant des repères qu’elle n’a plus. Sa rencontre avec Cass (interprétée par Sophia Bush) n’apporte pas grand-chose, si ce n’est une parenthèse romantique un peu forcée. Mais ce qui fonctionne, en revanche, c’est sa dynamique avec Jo. Leur duo inattendu apporte une vraie légèreté à l’épisode. Leurs échanges, drôles et sincères, rappellent combien Grey’s Anatomy est bon quand il mise sur l’amitié féminine plutôt que sur le drame amoureux.
Jo, stable et apaisée, agit ici comme un contrepoids. Elle offre à Teddy une oreille bienveillante, mais aussi une vérité salutaire : il faut parfois se reconstruire seule avant de vouloir recoller les morceaux d’une vie sentimentale. Leur scène chez le concessionnaire, entre fous rires et confidences, symbolise bien ce moment de bascule. Teddy, longtemps enfermée dans des schémas destructeurs, semble prête à se réinventer — même si cette réinvention passe, une fois de plus, par une erreur de parcours. Difficile de ne pas évoquer Kwan, personnage qui peine décidément à trouver sa voie. L’écriture oscille entre arrogance et maladresse, sans jamais creuser ce qui pourrait le rendre intéressant.
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Son comportement face à la nouvelle en chirurgie plastique, teinté de condescendance et de préjugés, le rend difficile à défendre. Pourtant, on sent un potentiel : celui d’un médecin brillant mais socialement décalé, qui pourrait évoluer s’il était mieux accompagné. Pour l’instant, Grey’s Anatomy semble l’utiliser comme un ressort comique un peu facile, et c’est regrettable. Même si elle reste en retrait, Meredith continue de hanter l’épisode. Sa présence discrète, à travers ses interactions avec Nick et son fils, sert de rappel : la série n’a pas besoin d’elle physiquement pour exister, mais elle demeure le cœur moral de l’histoire. Sa manière d’observer, de conseiller sans juger, ancre encore Grey’s Anatomy dans son héritage émotionnel.
Cet épisode 3 n’a rien d’explosif. Il ne cherche pas à choquer ni à bouleverser. Et c’est peut-être ce qui fait sa réussite : il prend le temps de respirer, de laisser les personnages évoluer doucement. On y retrouve un peu de l’esprit des saisons médianes — celles où le drame cohabitait avec l’humour et la tendresse, sans trop en faire. Entre la retenue de Winston, la compassion de Lucas, la lucidité de Jo et la vulnérabilité de Teddy, la série semble vouloir renouer avec ce qu’elle a de plus authentique : des trajectoires humaines, parfois maladroites, souvent touchantes.
Note : 6/10. En bref, cet épisode ne révolutionne rien, mais il consolide. Il installe ses arcs, redonne du sens à ses personnages et esquisse des chemins d’évolution intéressants. Dans un univers où la chirurgie sert souvent de métaphore à la reconstruction personnelle, cet épisode agit comme une suture : discrète, mais essentielle.
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