25 Octobre 2025
J’aime beaucoup tous ces films oubliés qui ressortent en Blu-ray grâce ici à Rimini Editions. Je ne connaissais pas ce film des années 70 alors plongeons ensemble dans cet univers policier original.
Ca parle de quoi ?
Petit malfrat au bout du rouleau, Eddie Coyle vit de combines minables, de contrebande et de trafic d’armes. Sur le point d’être condamné, il est prêt à tout pour échapper à la prison, quitte à devenir indicateur pour l’inspecteur Foley.
Ca vaut quoi ?
Sorti en 1973, Les copains d’Eddie Coyle de Peter Yates est un polar américain à part, qui s’éloigne des codes spectaculaires du genre pour plonger dans une atmosphère grise et réaliste. Adapté du roman de George V. Higgins, le film s’inscrit pleinement dans l’esprit des années 70 : une époque où le cinéma américain cherche à raconter des histoires plus humaines, plus sombres, parfois désabusées. Dès les premières minutes, Les copains d’Eddie Coyle annonce la couleur : ici, pas de poursuites haletantes ni d’explosions à répétition. Peter Yates prend le temps d’installer son décor et ses personnages.
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Ce choix de sobriété n’est pas sans charme, mais il peut désarçonner les spectateurs habitués à des polars plus nerveux. L’intrigue suit Eddie Coyle, un petit truand fatigué, interprété par un Robert Mitchum magistral dans un rôle à contre-emploi. Menacé de retourner en prison pour cinq ans, il tente de sauver sa peau en collaborant discrètement avec la police. Mais dans le milieu du crime, la trahison se paie toujours cher… Si le scénario repose sur une mécanique simple, il souffre parfois d’un manque de tension. L’ensemble met du temps à décoller, les dialogues — pourtant savoureux — s’étirent, et l’action reste souvent en retrait.
On sent la volonté du cinéaste de privilégier l’authenticité au détriment du spectaculaire, mais cette retenue laisse parfois une impression de distance. Impossible d’évoquer Les copains d’Eddie Coyle sans parler de Robert Mitchum. L’acteur, alors en fin de carrière, incarne à la perfection ce truand usé par la vie, hanté par ses erreurs et son passé. Son jeu tout en sobriété, presque fatigué, donne au film une dimension tragique. Il ne cherche pas à briller : il est Eddie Coyle, un homme coincé entre la survie et la loyauté. Mitchum n’est pas flamboyant, mais profondément juste. Son regard lourd, ses gestes lents, son allure désabusée traduisent tout le désenchantement d’un homme conscient que le monde autour de lui a changé — et pas en sa faveur.
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Peter Yates, déjà connu pour Bullitt, retrouve ici une forme de réalisme brut. Là où son précédent film misait sur la vitesse et l’adrénaline, Les copains d’Eddie Coyle préfère la lenteur et la tension sous-jacente. La mise en scène est dépouillée, les plans souvent fixes, les couleurs ternes mais volontairement choisies : les tons jaunes des scènes diurnes et les bleus profonds de la nuit installent une ambiance presque mélancolique. Ce style visuel, très caractéristique des années 70, donne au film une patine authentique. On sent la poussière des rues, la froideur des bars, la banalité du quotidien criminel. Pas de glamour ici : juste la réalité d’un monde où les bandits vieillissent et où la gloire s’effrite.
Regardé aujourd’hui, Les copains d’Eddie Coyle peut sembler daté. Son rythme lent et ses dialogues abondants contrastent avec les standards des thrillers modernes. Pourtant, cette lenteur est aussi ce qui fait son charme. Le film prend le temps de respirer, de construire ses silences, d’installer une tension feutrée. Certains spectateurs trouveront sans doute le résultat trop sage, manquant d’émotion ou de suspense. Les braquages, par exemple, manquent d’originalité, et la mise en scène ne cherche jamais à en faire trop. Mais c’est précisément cette absence d’esbroufe qui rend le film honnête et cohérent avec son époque. Bien qu’il n’ait pas rencontré le succès à sa sortie, Les copains d’Eddie Coyle est aujourd’hui considéré comme un film culte pour les amateurs de polar vintage.
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C’est une œuvre discrète mais sincère, où Peter Yates démontre qu’il n’a pas besoin de gadgets pour raconter une histoire. Certes, le film n’est pas parfait : il manque de rythme, son intrigue se dilue parfois, et son dénouement abrupt laisse un goût amer. Mais il reste un témoignage fascinant d’un cinéma plus lent, plus contemplatif, où les personnages comptaient plus que les explosions. Les copains d’Eddie Coyle n’est pas un grand film noir, mais un polar honnête, solidement interprété et visuellement cohérent. Peter Yates signe ici une œuvre modeste mais digne, portée par un Robert Mitchum tout en nuance.
Si vous aimez les polars réalistes des années 70, les ambiances feutrées et les antihéros fatigués, ce film mérite le détour. Il ne bouleversera pas le genre, mais il rappelle qu’avant les blockbusters survitaminés, le crime au cinéma se racontait dans la pénombre, sans bruit, mais avec une certaine classe.
Et le Blu-ray ?
Rimini Editions continue d’enrichir son catalogue de pépites du cinéma américain en proposant une superbe restauration de Les copains d’Eddie Coyle, le polar culte de Peter Yates sorti en 1973. Avec cette édition Blu-ray particulièrement soignée, le film retrouve toute sa splendeur visuelle et sonore, tout en s’accompagnant d’un ensemble de bonus d’une grande qualité. Dès les premières minutes, on remarque le soin apporté à la restauration. L’image est nette, le grain d’origine parfaitement respecté, et les teintes restituent fidèlement l’atmosphère si particulière du film. Le travail de remasterisation semble avoir été mené avec rigueur, sans trahir la texture argentique des années 70.
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Le rendu visuel garde donc ce charme légèrement rugueux qui sied parfaitement à l’univers sombre et réaliste du long-métrage. Côté audio, Rimini Editions ne déçoit pas. Que l’on choisisse la version française ou la version originale sous-titrée, le son se révèle clair, équilibré et agréable à l’écoute. Les dialogues conservent toute leur intensité, sans saturation ni perte de nuances. Ce soin apporté à la bande-son permet de redécouvrir pleinement la justesse du jeu de Robert Mitchum, dont la voix rauque traduit toute la lassitude du personnage. Rimini Editions ne s’est pas contenté d’une simple restauration : l’éditeur a concocté une sélection de suppléments d’une rare richesse.
Le principal atout de cette édition réside dans le documentaire exclusif Eddie Coyle ou les prolétaires du crime (près de 50 minutes), réalisé à l’été 2025. Ce long entretien entre Jean-Baptiste Thoret et Samuel Blumenfeld revient sur la carrière de Peter Yates, l’originalité du film et son inscription dans le contexte social et cinématographique des années 70. S’ajoute à cela une interview d’archives de Peter Yates datant de 1996, menée par le critique Derek Malcolm. Malgré une image et un son marqués par le temps, cette conversation, sous-titrée en français, reste un témoignage précieux sur le parcours du cinéaste et son regard sur Hollywood.
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Enfin, un livret de 44 pages signé Christophe Chavdia accompagne l’ensemble, apportant analyses et anecdotes pour prolonger le plaisir. Avec cette édition Blu-ray, Rimini Editions redonne vie à un classique trop souvent oublié. Les copains d’Eddie Coyle retrouve ici toute sa profondeur, sublimé par une restauration exemplaire et des suppléments passionnants. Une édition indispensable pour tout amateur de polar ou de cinéma des années 70.
Caractéristiques techniques
LES COPAINS D’EDDIE COYLE (The Friends of Eddie Coyle - 1973)
Master Haute Définition Durée : 1H43 – Couleur Langues : Français et Anglais Son : DTS HD (Blu-Ray) et Dolby Audio (DVD) Sous-titres : Français Combo Blu-Ray + DVD Prix public conseillé : 29,99 €
SUPPLÉMENT disponible sur le DVD et le Blu-Ray : Eddie Coyle ou les prolétaires du crime (49’24) : conversation entre Jean-Baptiste Thoret, réalisateur et historien du cinéma, et Samuel Blumenfeld, critique de cinéma.
SUPPLÉMENT disponible uniquement sur le Blu-Ray : Interview de Peter Yates (37 min.) par le critique et historien du cinéma Derek Malcolm, enregistrée en 1996 au National Film Theatre. © 1996 The British Film Institute
Contient également le livret Les copains d’abord (44 pages), écrit par Christophe Chavdia
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