Critiques Séries : High Potential. Saison 2. Episode 5.

High Potential // Saison 2. Episode 5. Content Warning.

Avec « Content Warning », cinquième épisode de la saison 2 de High Potential, la série change légèrement de ton. Après un épisode précédent centré sur la mémoire et les blessures du passé, celui-ci s’attaque à un autre reflet de notre époque : la société des apparences. L’enquête du jour plonge Morgan et Karadec dans le monde des influenceurs, de leurs “maisons de créateurs de contenu” et de leurs ego surdimensionnés. Un décor moderne pour une intrigue qui, malgré sa légèreté apparente, questionne une nouvelle fois les illusions et les masques que chacun porte — y compris nos héros. Tout commence par la mort d’une journaliste infiltrée, Tori, retrouvée assassinée dans une maison occupée par des influenceurs. 

D’abord perçue comme un accident, l’affaire prend rapidement une tournure plus complexe. Tori menait en réalité une enquête sous couverture sur les dérives du milieu : manipulations, escroqueries, marketing déguisé… et un réseau bien plus dangereux que prévu. L’épisode évite de s’attarder sur la caricature du monde des créateurs de contenu pour mieux mettre en lumière ce qu’il dit de nous : une époque où la mise en scène passe avant la vérité. Morgan, toujours prompte à observer les détails que personne ne voit, navigue entre filtres et faux-semblants pour reconstituer les derniers jours de Tori. 

L’enquête mène rapidement à Bobby Romano, ancien escroc reconverti en gymfluencer, dont la marque de compléments alimentaires est au centre d’une vaste fraude. Ce que Morgan découvre, c’est que derrière l’image du sportif repenti se cache un système de trafic bien plus structuré, organisé à son insu par son mentor, Gavin Tillman. La mécanique du scénario reste classique, mais la série l’utilise pour rappeler un point essentiel : la frontière entre sincérité et manipulation est souvent floue, que l’on soit un escroc ou un enquêteur. Morgan le sait mieux que quiconque. Ses déductions, souvent fulgurantes, paraissent presque trop intuitives ici, mais elles traduisent aussi son besoin de garder une longueur d’avance. 

Car depuis l’arrivée du capitaine Wagner, elle sent bien que son rôle au sein de l’équipe est scruté. Introduit à la fin de l’épisode précédent, le capitaine Nick Wagner s’installe officiellement à la tête de l’équipe. Sous des airs affables, il observe tout, pose des questions à chacun, et semble vouloir comprendre comment fonctionne cette unité atypique. Mais ses échanges laissent une impression étrange : derrière son sourire, on perçoit une volonté de contrôle. Ce qui dérange, c’est la manière dont il parle de Morgan. Il ne la considère pas comme une consultante, mais presque comme un objet d’étude — ou de fascination. Les discussions qu’il mène avec Karadec ou Oz tournent toujours autour d’elle, comme s’il cherchait à cerner ce duo qui échappe à toutes les règles hiérarchiques.

Karadec, fidèle à son pragmatisme, reste méfiant. Il voit bien que Wagner tente de séduire Morgan intellectuellement, sinon autrement. Et Morgan, de son côté, alterne entre curiosité et méfiance. Leurs échanges sont teintés de tension, presque de défi. On ne sait pas encore si Wagner veut l’éloigner de l’équipe ou la garder pour lui, mais une chose est claire : il est là pour rebattre les cartes. Pendant ce temps, la vie personnelle de Morgan continue de la rattraper. L’intrigue autour de Roman, le père d’Ava, reprend doucement de l’importance. On retrouve Arthur, un ami de Roman, détenteur du fameux sac à dos que Morgan cherche à récupérer depuis plusieurs épisodes. 

Malgré ses avertissements, Ava désobéit à sa mère et décide de rencontrer Arthur en personne. Cette scène, dans un simple diner, résume parfaitement la relation entre Morgan et sa fille : un mélange d’amour, de colère et de peur. Morgan veut la protéger à tout prix, mais Ava, à force de grandir dans l’ombre du secret, commence à chercher ses propres réponses. Arthur, touché par la ressemblance entre Ava et son père, finit par remettre le sac à Morgan. Un geste lourd de promesses, mais aussi de nouvelles interrogations. Qu’y a-t-il dans ce sac ? Et pourquoi Roman a-t-il disparu ? Ce fil narratif, qui court depuis la fin de la saison 1, reste l’un des plus intrigants de la série. 

Ici, il vient contrebalancer la légèreté apparente de l’enquête du jour par une émotion plus intime et contenue. Si l’on met bout à bout les événements des deux derniers épisodes, on comprend que cette deuxième saison cherche à construire une tension interne au sein de l’équipe. Après l’échec de la promotion de Selena, voilà que Wagner redistribue les rôles et pousse chacun à repenser sa place. Morgan, qui a enfin trouvé une forme d’équilibre auprès de Karadec et de Selena, risque de voir cet équilibre voler en éclats. Ce nouvel ordre, imposé sans heurts, introduit une forme d’instabilité qui pourrait s’étendre à toute la saison. « Content Warning » n’est pas l’épisode le plus percutant de High Potential, mais il marque une transition importante. 

L’enquête sur le monde des influenceurs, aussi superficielle qu’elle paraisse, sert surtout à poser un miroir devant les personnages : qu’est-ce qu’ils montrent au monde, et qu’est-ce qu’ils cachent ? Morgan, toujours en mouvement entre le personnel et le professionnel, entre la vérité et la protection, reste au cœur de cette réflexion. Et face à Wagner, un nouvel adversaire aussi séduisant que déroutant, elle devra sans doute apprendre à jouer autrement. En attendant, la série continue de creuser ses thèmes de fond : la confiance, le contrôle, et cette idée qu’à force de chercher la vérité, on finit toujours par révéler un peu de soi.

Note : 6/10. En bref, « Content Warning » n’est pas l’épisode le plus percutant de High Potential, mais il marque une transition importante. L’enquête sur le monde des influenceurs, aussi superficielle qu’elle paraisse, sert surtout à poser un miroir devant les personnages

Prochainement sur Disney+