27 Octobre 2025
Mayor of Kingstown // Saison 4. Episode 1. Coming ‘Round the Mountain.
Le retour de Mayor of Kingstown marque un nouveau tournant pour la série. Après les événements violents de la saison précédente, la ville semble vouloir retrouver un semblant d’équilibre, mais tout indique que la paix ne sera qu’un mirage. L’épisode d’ouverture, intitulé « Coming ‘Round the Mountain », s’attarde sur les conséquences directes du chaos qui a clôturé la saison 3, et pose les bases d’une histoire plus resserrée, centrée sur la loyauté, la culpabilité et la survie. Ce qui frappe d’abord, c’est le silence. Kingstown n’est pas apaisée, mais fatiguée. Les morts, les trahisons et les alliances brisées ont laissé des cicatrices visibles.
Mike McLusky (Jeremy Renner) avance désormais dans un décor où chaque regard semble peser, où chaque mot peut déclencher une nouvelle guerre. Le rôle du « maire » officieux de cette ville rongée par la corruption prend ici une dimension encore plus fragile : comment maintenir un équilibre dans un monde qui ne croit plus à la rédemption ? L’un des fils conducteurs de cet épisode repose sur le sort de Kyle McLusky (Taylor Handley). Après le drame sur le pont et la mort de Robert, Kyle a accepté un accord judiciaire. Cette décision, censée apaiser les tensions, le conduit pourtant en prison — un lieu où il n’a aucune chance de rester invisible.
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Ancien policier, mari et jeune père, Kyle devient une cible facile dans un environnement qui ne pardonne rien. Son arrivée à Anchor Bay se déroule sans détour : insultes, humiliation, puis passage à tabac. Le ton est donné. L’univers carcéral de Mayor of Kingstown n’a rien perdu de sa brutalité, mais la série ne cherche plus à choquer. Elle montre simplement, sans emphase, un homme broyé par un système qu’il a longtemps servi. Dans le silence de sa cellule, Kyle comprend que la frontière entre victime et bourreau est devenue floue. Mike, de son côté, lutte contre l’impuissance. Son instinct de protecteur se heurte à une nouvelle réalité : il n’a plus la même influence à l’intérieur de la prison.
L’arrivée d’une nouvelle directrice, Nina Hobbs (interprétée par Edie Falco), bouleverse ses repères. Habitué à négocier dans l’ombre, Mike découvre une femme qui refuse les compromis. Hobbs ne partage ni ses méthodes ni sa vision. Là où il voit des arrangements nécessaires pour maintenir la paix, elle impose des règles rigides. Leurs échanges sont tendus, presque méfiants, comme deux forces opposées cherchant à comprendre jusqu’où elles peuvent aller sans se briser. L’introduction de Nina Hobbs apporte un souffle différent à la série. Son autorité n’a rien de spectaculaire, mais sa présence impose un calme étrange, presque inquiétant.
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Contrairement à ses prédécesseurs, elle ne cherche pas à être aimée ou à marchander la stabilité. Elle observe, analyse, agit. Face à elle, Mike perd une partie de son pouvoir d’influence, et cela le met dans une position inédite. Ses alliances extérieures — avec les gangs, les policiers et les avocats — ne suffisent plus à contrôler la situation. Pendant ce temps, à l’intérieur des murs, les tensions entre gangs reprennent. Le vide laissé par la chute des Russes et la mort de plusieurs figures clés crée un nouvel appétit de pouvoir. Les Crips, jusque-là dominants, voient leur autorité contestée. De nouveaux acteurs émergent, dont un certain Frank Moses, joué par Lennie James.
Son introduction est brutale : un train, des hommes ligotés, et une exécution silencieuse. Pas besoin de discours pour comprendre que ce personnage ne vient pas pour négocier. Ce premier épisode ne cherche pas à relancer l’action à tout prix. Il s’attarde plutôt sur Mike, sur ce qu’il devient à force de tout vouloir contrôler. Jeremy Renner y livre une performance pleine de retenue : son regard traduit plus que ses mots. Mike semble usé, presque résigné. Il sait que Kingstown ne changera pas, mais il continue malgré tout à jouer son rôle, peut-être par habitude, peut-être parce qu’il n’a plus rien d’autre. La mort d’Iris, l’arrestation de son frère, la trahison d’Evelyn Foley (l’ancienne alliée devenue adversaire judiciaire) : tout cela pèse sur lui.
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Sa relation avec Evelyn illustre bien la fracture morale du personnage. Elle défend la loi, lui défend la survie. Et dans cet affrontement, il n’y a ni héros ni coupable, seulement des choix impossibles. Ce qui m’a marqué dans cet épisode, c’est la manière dont Mayor of Kingstown installe une ambiance de fin de cycle. Les rues sont grises, les dialogues courts, les regards lourds. Chaque personnage semble coincé dans une boucle dont il ne peut plus sortir. Même Bunny, pourtant l’un des rares à encore rire dans ce monde, voit sa position menacée. Son agression en plein jour prouve que plus personne n’est intouchable. La série, souvent perçue comme une chronique de la violence institutionnelle, devient ici une méditation sur la fatalité.
Le pouvoir, la loyauté, la justice — tout s’effrite dès qu’on tente de les saisir. Et pourtant, il reste une forme d’humanité dans cette noirceur : celle de Mike, refusant d’abandonner son frère, même quand tout semble perdu. Ce début de saison 4 ne cherche pas à éblouir. Il choisit la lenteur, la tension contenue, la douleur silencieuse. C’est une reprise qui remet les compteurs à zéro tout en gardant la mémoire des blessures passées. L’épisode ne promet rien de spectaculaire, mais il annonce clairement une descente plus intime, plus psychologique, dans les contradictions de ses personnages.
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Mayor of Kingstown reste une série sur le contrôle : celui qu’on perd, celui qu’on croit détenir, et celui qu’on sacrifie pour protéger ceux qu’on aime. Dans ce premier épisode, personne n’est vraiment libre — pas même le “maire”.
Note : 6.5/10. En bref, c’est une reprise qui remet les compteurs à zéro tout en gardant la mémoire des blessures passées. L’épisode ne promet rien de spectaculaire, mais il annonce clairement une descente plus intime, plus psychologique, dans les contradictions de ses personnages. Peut-être que cette saison 4 sera la première saison réellement réussie de la série.
Disponible sur Paramount+
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