27 Octobre 2025
The Chair Company // Saison 1. Episode 3. @BrownDerbyHistoricVids Little bit of Hollywood? Okayyy.
L’épisode 3 de The Chair Company, intitulé “@BrownDerbyHistoricVids Little bit of Hollywood? Okayyy”, donne l’impression que la série trouve enfin sa vitesse de croisière. Après deux épisodes où la tension et la surprise dominaient, celui-ci paraît plus calme en apparence, mais il conserve cette atmosphère étrange qui rend chaque scène légèrement inconfortable. Tout semble à la fois anodin et menaçant, comme si la série prenait plaisir à faire glisser le quotidien vers quelque chose d’un peu inquiétant. Dès les premières minutes, l’épisode s’amuse à désamorcer le suspense du cliffhanger précédent.
Le mystérieux intrus aperçu dans le placard de Ron n’est finalement qu’un homme envoyé par Mike Santini pour le surveiller. Une confusion de téléphones et l’histoire s’explique. Pourtant, la tension ne retombe pas. Ce qui reste, c’est la peur persistante de Ron, qui n’arrive plus à faire confiance à ce qu’il voit. Même une situation réglée continue de le hanter, comme si chaque incident laissait une trace dans son esprit. Il devient méfiant, presque paranoïaque, au point de fouiller ses propres placards la nuit, armé d’un balai. Cette fragilité intérieure ne cesse de s’accentuer. Ron tente de justifier ses peurs en se raccrochant à des arguments rationnels — l’idée qu’un système de sécurité coûteux protégerait sa famille — mais tout indique qu’il ne fait que chercher un moyen de se rassurer.
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L’enquête autour de l’entreprise Tecca lui sert de prétexte pour donner un sens à son angoisse. Avec Mike, il poursuit sa descente dans un réseau d’entreprises et de personnages troubles, comme si le mystère lui permettait d’éviter de regarder sa propre vie en face. Le duo qu’il forme avec Mike reste l’un des ressorts les plus intrigants de la série. Ron cherche des réponses, Mike cherche de l’argent. Ensemble, ils explorent un monde d’affaires floues et de gens instables. L’un d’eux, Steven Droyco, illustre bien cette absurdité : un ancien employé de Tecca qui avoue avoir travaillé nu sur des chaises pendant quatre jours, avant de disparaître.
La scène prend une tournure presque grotesque lorsqu’ils découvrent sa mère, supposée morte, vivant recluse dans un décor de cauchemar domestique. Ce mélange de comique absurde et de malaise profond, typique de The Chair Company, maintient l’épisode dans une zone d’ambiguïté où tout peut basculer. Ce sentiment d’étrangeté est d’autant plus fort que la série continue de jouer avec les contrastes. Ron reste un homme ordinaire, coincé entre un travail de bureau sans éclat et une vie de famille qui lui échappe peu à peu. Son obsession pour Tecca dévore son temps et son attention, mais il s’efforce encore de paraître normal. Son épouse, Barb, sent bien que quelque chose ne va pas.
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Les mensonges s’accumulent, et Ron finit par utiliser son propre fils comme diversion pour couvrir ses absences. C’est une stratégie bancale, presque triste, qui montre combien il se perd dans son rôle de mari et de père. Cette tension domestique rappelle certains drames contemporains, mais ici elle prend une forme décalée. Le passé secret de Ron n’a rien de criminel : il s’agit simplement d’une passion oubliée pour les « Jeep tours ». Pourtant, dans son couple, cette révélation semble presque aussi grave qu’un délit. C’est là tout le talent de la série : donner du poids à des choses insignifiantes, jusqu’à en faire des symboles d’un malaise plus large. Ron cache ses obsessions, sa peur d’être jugé, son besoin de contrôle.
Et plus il cherche à comprendre le monde, plus il se brouille lui-même. Sur le plan narratif, l’épisode fait avancer l’enquête autour de Red Ball Market Global, une société mystérieuse liée à Tecca. Ron se plonge dans des recherches frénétiques, appelant des numéros de service client, épluchant des sites internet sans jamais obtenir de réponses concrètes. Tout cela le pousse à s’isoler davantage, enfermé dans une logique de suspicion. Même la musique d’attente d’un standard devient un motif comique récurrent, comme si le monde moderne se moquait de son besoin de clarté. Derrière cette absurdité, il y a quelque chose de familier : la frustration d’un homme qui tente de parler à un système qui ne répond plus.
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Malgré ses maladresses, Ron reste un personnage profondément humain. Il veut bien faire, mais il ne sait plus comment. Ses efforts pour gérer le centre commercial qu’il supervise tournent mal, son équipe contourne ses décisions, et il finit par se ridiculiser sans s’en rendre compte. L’épisode montre comment sa vie professionnelle s’effrite en parallèle de son obsession personnelle. Chaque minute qu’il consacre à Tecca est une minute perdue ailleurs, et la série souligne cette lente dérive sans jamais la juger. C’est un portrait discret d’un homme en train de s’épuiser. Visuellement et rythmiquement, l’épisode continue d’entretenir une ambiance instable.
Le mélange des genres — entre comédie, thriller et drame domestique — empêche toute lecture unique. Certains moments flirtent avec l’horreur pure, comme cette silhouette masquée filmée par les caméras de sécurité devant la maison. D’autres sont d’une absurdité totale, comme la scène d’un collègue prié de rentrer chez lui parce que « les gens peuvent le sentir ». Ces ruptures de ton ne cherchent pas à choquer, elles traduisent plutôt l’état mental de Ron : une perception du monde où tout est légèrement déformé. En observant son parcours, il devient clair que son plus grand ennemi n’est pas une entreprise, ni même un complot, mais lui-même.
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Sa quête de vérité ne sert qu’à masquer son incapacité à vivre avec l’incertitude. Chaque fois qu’il croit percer un mystère, un autre apparaît. Ce cercle sans fin reflète une obsession plus intime : celle de tout comprendre, de tout contrôler, quitte à s’y perdre. Derrière le rire, il y a une vraie tristesse, celle d’un homme qui se débat contre l’idée qu’il n’a peut-être jamais eu la maîtrise de rien. L’épisode 3 de The Chair Company confirme ainsi la direction que prend la série : moins une enquête qu’une exploration de la peur ordinaire, celle de voir sa vie se déliter sans s’en rendre compte.
Entre deux éclats de rire, il y a toujours une ombre qui plane, une tension sourde qui rappelle que le monde de Ron pourrait basculer à tout instant. Ce n’est pas un héros, juste un homme qui essaie de garder la tête hors de l’eau. Et c’est justement cette banalité — ce mélange d’humour, d’échec et de désarroi — qui rend son histoire si singulière.
Note : 7/10. En bref, l’épisode 3 de The Chair Company confirme ainsi la direction que prend la série : moins une enquête qu’une exploration de la peur ordinaire, celle de voir sa vie se déliter sans s’en rendre compte.
Disponible sur HBO max
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