19 Octobre 2025
Sheriff Country // Saison 1. Episode 1. Pilot.
Le lancement de Sheriff Country, le nouveau spin-off de Fire Country, n’a pas vraiment créé la surprise. Ce premier épisode donne la sensation d’un déjà-vu, tant sur la forme que sur le fond. Le décor change, le badge aussi, mais le reste semble suivre une mécanique bien connue. Rien de scandaleux, mais rien d’original non plus. La série ouvre les portes d’Edgewater, petite ville paisible en apparence, et met en avant un personnage féminin fort. Le problème, c’est que tout cela manque d’âme. Mickey Fox, interprétée par Morena Baccarin, est shérif par intérim après un décès dans les rangs de la police locale.
Mickey Fox, la belle-sœur de Sharon Leone ("Fire Country"), chef de la division de Cal Fire, enquête sur les activités criminelles dans les rues de la petite ville d’Edgewater, tout en faisant face à son ex et à un mystérieux incident impliquant sa fille rebelle.
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Rigoureuse, méthodique, attachée aux règles, elle représente l’ordre face au chaos ambiant. Ce n’est pas un rôle de composition difficile, mais Baccarin lui donne une présence solide. Le souci, c’est que le scénario ne lui laisse pas beaucoup d’air. On comprend rapidement qu’elle n’a pas choisi cette place et qu’elle s’interroge sur sa légitimité. Cette hésitation pourrait être intéressante, mais elle tourne court. Le scénario effleure les doutes sans jamais les explorer vraiment. Autour d’elle, tout le monde semble venir compliquer la donne. Sa fille Skye, en pleine reconstruction après des années d’addiction, son ex-mari toujours dans les parages, son père au passé trouble…
Tout est là pour nourrir le drame personnel, mais l’écriture se contente d’empiler les tensions familiales sans leur donner de vraie densité. Ce qui aurait pu être un portrait intime d’une femme dépassée par les attentes devient une succession de situations convenues. Comme beaucoup de séries policières, Sheriff Country ouvre sur une enquête censée introduire le ton général. Malheureusement, cette affaire de maltraitance familiale n’a rien de captivant. Elle avance mécaniquement, sans véritable tension ni émotion. Les motivations des coupables restent floues, les rebondissements tombent à plat et les scènes d’enquête peinent à susciter le moindre intérêt. Le scénario semble plus préoccupé par les rivalités internes au poste que par la résolution du crime.
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Résultat : l’enquête devient un prétexte pour faire exister les personnages, mais elle ne raconte rien en soi. Et dans une série policière, c’est un vrai handicap. Dès ses premières minutes, Sheriff Country s’affiche comme une extension de Fire Country. Le cadre est le même, certains noms réapparaissent, et même une courte apparition de Bode Leone vient rappeler la filiation. Mais passé cet effet de reconnaissance, le lien s’évapore. Les habitants d’Edgewater semblent nouveaux, les lieux emblématiques ont disparu, et aucune continuité réelle ne relie les deux univers. Ce manque de cohérence rend le spin-off un peu bancal : trop attaché à son héritage pour exister seul, mais trop détaché pour nourrir l’univers d’origine.
Le sentiment qui ressort, c’est celui d’une série qui cherche encore sa place. Si elle assumait pleinement de s’émanciper de Fire Country, elle pourrait construire quelque chose de plus personnel. Pour l’instant, elle reste coincée dans un entre-deux : ni totalement autonome, ni vraiment connectée. Le principal atout de Sheriff Country réside dans son casting. Morena Baccarin tient le rôle avec assurance, malgré un texte qui ne la sert pas toujours. À ses côtés, Matt Lauria (Boone) apporte une présence calme mais ambiguë. Son personnage, collègue et rival potentiel, aurait pu offrir une tension intéressante si son arc n’était pas traité de manière aussi expéditive.
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Michele Weaver (Cassidy) et Amanda Arcuri (Skye) complètent la distribution avec sincérité, mais leurs intrigues respectives manquent encore de direction. Le seul personnage qui éveille un peu de curiosité, c’est Wes Fox, le père de Mickey, joué par W. Earl Brown. Ancien délinquant, il incarne la figure du repenti, celui qui cherche à réparer ses erreurs à travers sa famille. Sa relation avec sa petite-fille apporte une note plus humaine, plus vraie. Ce trio – Mickey, Skye et Wes – forme la base émotionnelle la plus prometteuse du pilote. C’est d’ailleurs là que se trouve la vraie chance de la série : dans les liens familiaux, pas dans les affaires policières.
Le reste du scénario se perd dans des conflits secondaires qui n’ont pas le temps d’exister. Boone trahit Mickey en se présentant lui aussi au poste de shérif permanent, avant de se raviser. Cassidy cache une liaison avec l’ex-mari de sa supérieure. Ces intrigues auraient pu construire un environnement tendu et complexe, mais elles sont traitées comme de simples passages obligés. En une heure, tout est dit, tout est résolu, et rien ne laisse de trace. Ce rythme empêche toute montée dramatique, tout enjeu durable. À la fin du pilote, Mickey récupère symboliquement le contrôle de la situation, mais le spectateur reste en retrait. L’épisode s’achève sans que l’on ait vraiment eu le sentiment de découvrir un monde ou une personnalité forte.
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Malgré tout, difficile d’écarter totalement Sheriff Country. Il y a quelque chose dans l’atmosphère d’Edgewater qui pourrait fonctionner : cette idée d’une ville isolée, de relations nouées autour du devoir et du passé, d’une héroïne en quête de sens. Si les scénaristes parviennent à donner plus de poids aux personnages et moins d’importance aux intrigues policières convenues, la série pourrait trouver un ton plus juste. Pour l’instant, ce premier épisode ressemble à une introduction hésitante, plus préoccupée par la présentation de son univers que par la construction d’une histoire. Le premier épisode de Sheriff Country n’offre rien de neuf sous le soleil.
L’affaire de la semaine manque d’intérêt, le lien avec Fire Country paraît artificiel et la mise en scène reste sage. Mais malgré cette impression d’un démarrage sans relief, le casting laisse entrevoir un potentiel. Morena Baccarin apporte une vraie présence, et la dynamique familiale pourrait devenir le cœur émotionnel de la série. Reste à savoir si les prochains épisodes sauront exploiter ces atouts plutôt que de s’enliser dans des intrigues policières sans saveur. Pour l’instant, Sheriff Country avance prudemment, comme un shérif qui connaît son territoire mais hésite encore à tracer sa propre route.
Note : 4.5/10. En bref, un premier épisode qui n’offre rien de neuf sous le soleil. Pire encore, l’affaire de la semaine est pas terrible. Reste le charme du casting et du potentiel autour de celui-ci…
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