Critique Ciné : R.L. Stine’s Pumpkinhead (2025, direct to SVOD)

Critique Ciné : R.L. Stine’s Pumpkinhead (2025, direct to SVOD)

R.L. Stine’s Pumpkinhead // De Jem Garrard. Avec Kendra Anderson, Matty Finocchio et Bob Frazer.

 

Chaque automne, les plateformes de streaming ressortent leurs histoires de malédictions et de monstres pour célébrer Halloween. Cette année, c’est R.L. Stine’s Pumpkinhead qui s’y colle, une production Tubi inspirée d’une nouvelle du célèbre auteur de Chair de poule. Sur le papier, l’idée semblait prometteuse : un retour à une forme d’horreur accessible, un peu nostalgique, entre frissons pour adolescents et folklore de campagne. En pratique, le film peine à trouver sa place. Ni vraiment effrayant ni complètement raté, il flotte quelque part entre hommage et produit formaté, avec assez de charme pour attirer les curieux, mais trop de limites pour convaincre pleinement.

 

Lorsque son frère disparaît et que tout le monde oublie qu'il a existé, Sam doit percer le mystère avant que Finn ne disparaisse à jamais.

 

L’histoire se déroule dans la petite ville de Redhaven, où Sam, un adolescent fraîchement débarqué de New York, découvre que son grand frère Finn a mystérieusement disparu… au point que plus personne ne se souvient même qu’il ait existé. Ni sa mère, ni les habitants, ni même les photos de famille, désormais retouchées par une force invisible. Avec l’aide de sa nouvelle amie Becka, la fille du shérif, Sam se lance dans une quête pour comprendre ce qui se cache derrière cette disparition. Leur enquête les conduit à une légende locale : celle de Pumpkinhead, une créature liée à une malédiction vieille de plusieurs générations, réveillée à chaque saison des récoltes.

 

Le concept a tout du bon film d’Halloween pour jeunes spectateurs : citrouilles, forêt embrumée, malédiction familiale, rituels étranges. Le film cherche clairement à s’inscrire dans cette tradition du “frisson familial” où la peur reste dosée, le tout baigné dans une atmosphère automnale assumée. Là où R.L. Stine’s Pumpkinhead réussit le mieux, c’est dans son atmosphère. Les décors rappellent les classiques de la saison : les bois noyés de brouillard, les maisons éclairées à la bougie, les fêtes d’Halloween dans les rues couvertes de feuilles mortes. Il y a une vraie envie de recréer un univers à la Chair de poule, où la nostalgie des légendes urbaines côtoie la curiosité enfantine.

 

La mise en scène de Jem Garrard, sans être spectaculaire, tient la route. On sent une affection sincère pour le matériel d’origine, et certaines séquences parviennent à évoquer un petit frisson, surtout dans les moments calmes où la légende de Pumpkinhead plane comme une menace invisible. Malheureusement, ces bons moments sont souvent noyés dans un rythme irrégulier et un ton qui hésite constamment entre comédie et horreur. C’est sans doute le plus gros problème de R.L. Stine’s Pumpkinhead : il ne sait pas toujours ce qu’il veut être. Par moments, il tente un ton plus sombre, en évoquant la disparition, la mémoire et la culpabilité. Mais il revient aussitôt vers un humour adolescent ou des dialogues un peu trop sages, ce qui casse la tension. 

 

Le résultat, c’est un film qui semble vouloir plaire à tout le monde sans jamais oser aller jusqu’au bout de sa propre identité. Le mélange entre horreur et légèreté n’est pas forcément un défaut — c’est même la marque de fabrique de R.L. Stine. Le problème ici, c’est l’équilibre : l’humour ne surprend pas, les scènes effrayantes manquent d’impact, et l’ensemble donne une impression de tiédeur. Même les moments censés provoquer l’inquiétude tombent souvent à plat, faute d’un vrai sens du danger. Le casting est mené par Bean Reid dans le rôle de Sam, épaulé par Adeline Lo, Bob Frazer et Kevin McNulty. Tous font le travail, sans excès, mais sans éclat non plus. 

 

Les jeunes acteurs s’en sortent avec une sincérité bienvenue, mais les dialogues convenus et les scènes prévisibles limitent leur marge de jeu. Sam reste un héros attachant, mais un peu fade ; Becka apporte une énergie plus vive, sans jamais réussir à transcender la dynamique classique du duo d’enquêteurs adolescents. Certains personnages secondaires, notamment l’excentrique Rusty, incarné avec justesse, apportent une touche de couleur bienvenue. Mais globalement, peu d’entre eux laissent une vraie empreinte. C’est d’autant plus dommage que l’idée d’une communauté hantée par une malédiction ancestrale aurait pu donner lieu à des portraits plus ambigus et à des tensions internes plus fortes.

 

Il faut reconnaître à R.L. Stine’s Pumpkinhead une certaine sincérité. Le film ne cherche pas à se moquer du genre, ni à en faire une parodie. Il y a une vraie volonté de renouer avec l’esprit des histoires de Stine : celui d’une peur accessible, ancrée dans les traditions locales et les secrets familiaux. L’idée d’une légende transmise de génération en génération fonctionne bien sur le papier, et certains dialogues sur la culpabilité ou le poids du passé laissent entrevoir une dimension plus profonde. Mais ces pistes restent en surface. Le film se contente souvent d’effleurer ses thématiques, préférant dérouler une intrigue simple et prévisible. 

 

Les scènes de tension se ressemblent, les rebondissements arrivent sans véritable montée dramatique, et la fin, bien que cohérente, manque d’émotion. Ce manque d’audace finit par peser sur l’ensemble, laissant la sensation d’un film qui joue la sécurité à chaque détour. R.L. Stine’s Pumpkinhead n’est pas désagréable à regarder. C’est un film qui trouve sa place dans une soirée d’Halloween tranquille, avec les lumières tamisées et une tasse de chocolat chaud à la main. Mais il ne marquera pas les esprits. Trop sage pour effrayer, trop répétitif pour captiver, il finit par ressembler à une longue introduction à un univers qui ne se développe jamais vraiment. 

 

C’est peut-être là son principal défaut : il donne envie de revoir ce que Chair de poule faisait de mieux, sans jamais retrouver cette même alchimie entre humour noir et véritable malaise. Le film se regarde sans peine, mais sans passion, comme un épisode prolongé d’une série pour ados. R.L. Stine’s Pumpkinhead est une tentative honnête de réinventer le frisson d’Halloween pour un jeune public, mais son manque de mordant l’empêche d’atteindre son plein potentiel. Il y a des idées, une ambiance soignée et une vraie tendresse pour la mythologie de R.L. Stine, mais trop de défauts pour qu’il s’impose comme une réussite.

 

Un film d’ambiance plus que de peur, agréable à regarder mais vite oublié. Intéressant pour ceux qui aiment les thrillers légers ou les contes d’horreur adolescents, à condition d’accepter qu’il laisse beaucoup d’espaces vides. Pumpkinhead part d’une belle intention, mais s’enlise dans ses excès narratifs et son manque d’audace, laissant une impression persistante de potentiel gâché.

 

Note : 4/10. En bref, un conte d’Halloween qui manque de crocs.

Prochainement en France

Disponible sur Tubi, accessible via un VPN

 

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