Enquête en famille (Saison 1, 6 épisodes) : six épisodes de trop

Enquête en famille (Saison 1, 6 épisodes) : six épisodes de trop

Je vais être honnête : au début, j’y ai cru. Clémentine Célarié et Bernard Le Coq, un duo qu’on connaît, une série qui promet un mélange de polar et de comédie familiale, bref, un petit programme du soir qui aurait pu être sympathique. Et puis non. Dès les premières minutes, quelque chose cloche. On ne sait pas si c’est la caméra qui tremble, le scénario qui s’égare ou les dialogues qui s’effondrent, mais l’ensemble donne le ton : ça ne va pas s’arranger. Le pitch semblait pourtant tenir sur ses jambes : une capitaine de police accompagnée, malgré elle, par ses parents envahissants. On s’attend à un ton léger, à quelques situations cocasses, à un équilibre entre enquête et famille. 

 

En réalité, c’est un enchaînement de gags poussifs et de situations absurdes, où même les acteurs semblent se demander ce qu’ils font là. À mesure que les épisodes avancent (six, mais j’ai eu l’impression d’en voir vingt), la série s’enlise dans une routine sans saveur. Chaque enquête ressemble à la précédente, comme si les scénaristes avaient trouvé une formule et décidé de la répéter jusqu’à l’épuisement. L’idée de départ – les parents qui s’immiscent dans le travail de leur fille policière – devient rapidement un boulet narratif. On finit par se demander si l’équipe d’écriture a un jour rencontré un être humain réel avant de rédiger ces dialogues. Ah, les dialogues. C’est sans doute le plus grand mystère de Enquête en famille. 

 

On ne sait pas si c’est voulu, mais chaque réplique semble sortie d’un manuel de clichés télévisuels. Les personnages ne parlent pas : ils débitent. On retrouve les blagues qu’on croyait disparues avec le Minitel, les punchlines molles, les échanges mécaniques. Même les silences semblent mal placés. Le pire, c’est que tout ça semble fait avec sérieux. Comme si l’équipe croyait vraiment tenir un ton "drôle et décalé". Résultat : on ne rit pas, on ne sourit même pas, on observe, gêné, ce mélange improbable de comédie sans humour et de polar sans tension. Soyons justes : Clémentine Célarié et Bernard Le Coq font ce qu’ils peuvent. On sent qu’ils tentent de donner un peu de chair à leurs personnages. 

 

Mais comment jouer avec sincérité quand chaque scène ressemble à une parodie involontaire ? Célarié, qu’on a connue vibrante et intense, semble ici en roue libre, oscillant entre exubérance et surjeu. On a parfois l’impression qu’elle improvise pour combler le vide du texte. Le Coq, plus mesuré, tente de maintenir un semblant de crédibilité, mais il est pris au piège d’un rôle écrit sans direction claire. Ses interventions tombent à plat, noyées dans le brouhaha général. Et puis, il y a Charlotte Gaccio. Que dire ? Son personnage est censé être le cœur de la série, la capitaine de police autour de laquelle tout gravite. Sauf qu’elle passe la plupart du temps à subir les événements, entre deux soupirs et trois regards perdus. 

 

On dirait qu’elle découvre le scénario en même temps que le spectateur. Côté intrigue, la série coche toutes les cases du polar de pré-prime : un crime, quelques suspects, une révélation finale qu’on a devinée depuis quinze minutes. La mécanique est si prévisible qu’on finit par devancer les personnages. C’est presque interactif : on résout les affaires depuis son canapé, sans même le vouloir. Mais le plus étonnant, c’est la désinvolture avec laquelle la logique policière est traitée. Les parents qui fouillent l’ordinateur de leur fille flic, qui piratent, qui participent aux enquêtes sans aucune conséquence… tout ça dans une indifférence totale. La crédibilité a rendu l’âme dès l’épisode un.


On est censé trouver ça drôle ? Peut-être. En pratique, c’est juste absurde. Certains dialogues sont à moitié couverts par la musique d’ambiance, d’autres s’étirent inutilement, comme si le montage refusait d’en finir. Rien ne semble pensé, tout paraît improvisé. Même les transitions entre les scènes donnent l’impression d’avoir été collées dans la précipitation. La réalisation ne raconte rien, ne soutient rien, ne sauve rien. On assiste à un produit standardisé, sans rythme ni respiration. C’est censé être drôle, paraît-il. Une série légère, pleine de tendresse et de malice. Dans les faits, on oscille entre le sketch raté et le vaudeville de commissariat. Les parents censés être attachants deviennent rapidement irritants. Leur ingérence perpétuelle, présentée comme "adorable", tourne au ridicule. 

 

On a envie de leur dire d’aller faire une sieste plutôt que d’espionner leur fille policière. Chaque tentative d’humour tombe à plat, chaque gag sonne faux. Même les moments supposés attendrissants ressemblent à des parodies de moments attendrissants. C’est comme si la série refusait de choisir entre parodie et sérieux, et restait bloquée dans un entre-deux gênant. Au fil des épisodes, tout se confond. Les affaires, les suspects, les témoins… aucun visage ne reste en mémoire. Les seconds rôles sont là pour meubler, réciter trois lignes, et disparaître aussitôt. Cette absence de consistance donne une impression de vide. Rien ne dépasse, rien ne surprend. 

 

On a la sensation d’un décor en carton, où tout le monde joue sans conviction. Je me suis accroché, par principe. Par curiosité aussi. Peut-être qu’à mi-parcours, un sursaut d’écriture viendrait sauver la série. Peut-être qu’un épisode se détacherait, plus sincère, plus inspiré. Rien. Au contraire, plus on avance, plus ça se délite. Les situations deviennent répétitives, les dialogues encore plus mécaniques, et les personnages toujours plus agaçants. Arrivé au dernier épisode, j’ai ressenti un drôle de mélange entre soulagement et perplexité. Soulagement, parce que c’était enfin fini. Perplexité, parce que je ne comprenais toujours pas comment un tel naufrage avait pu être validé. Le plus frustrant dans tout ça, c’est que Enquête en famille avait tout pour plaire sur le papier.

 

Un duo d’acteurs solides, une idée originale, un ton entre humour et enquête… Mais au lieu d’un divertissement familial bien rythmé, on se retrouve avec une suite de scènes sans liant, sans émotion, sans âme. Ce n’est pas mauvais "par plaisir", ce n’est même pas risible : c’est juste creux. Une coquille vide, polie pour l’access prime time, mais sans la moindre sincérité derrière. Les acteurs méritaient mieux. Les spectateurs aussi. Enquête en famille, c’est l’exemple parfait de la fiction qui se veut populaire mais oublie d’être écrite. Tout y est : les bons sentiments, la touche d’humour, la promesse d’un divertissement tout public. Et pourtant, rien ne prend. Les dialogues sonnent creux, les intrigues s’évaporent, les personnages tournent en rond. 

 

On finit par décrocher, puis par s’interroger : comment un projet avec un tel casting peut-il accoucher d’un résultat aussi fade ? Regarder cette saison, c’est comme goûter un plat qu’on a mijoté trop longtemps : tout a le même goût, et plus rien n’a de saveur. Alors oui, j’ai tenu les six épisodes. Par curiosité, par respect, peut-être un peu par masochisme. Et maintenant que c’est fini, il reste ce constat un peu triste : c’était sacrément naze. Pas honteusement, pas spectaculairement — juste profondément, méthodiquement raté. Une série qui voulait être une enquête familiale, et qui n’est finalement qu’une énigme : comment a-t-on pu en arriver là ?

 

Note : 2/10. En bref, regarder cette saison, c’est comme goûter un plat qu’on a mijoté trop longtemps : tout a le même goût, et plus rien n’a de saveur. 

Disponible sur TF1+

 

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