…Et maintenant on l’appelle El Magnifico (Blu-ray)

…Et maintenant on l’appelle El Magnifico (Blu-ray)

Comme d’autres éditeurs en ce moment, Bubbel Pop Editions nous dégaine …Et maintenant on l’appelle El Magnifico que je ne connaissais pas et que j’ai été ravi de découvrir dans cette édition Blu-Ray d’exception. On n’en parle pas suffisamment mais tous ces petits éditeurs qui sortent en Blu-Ray des films oubliés, c’est vraiment une vraie pépite pour le cinéma et sa survie (surtout dans un monde où le streaming via des plateformes a pris une place prépondérante). 

 

Ca parle de quoi ?

Gentleman raffiné élevé en Europe, Sir Thomas Fitzpatrick Philip Moore débarque dans le Far West pour retrouver son père. Thomas détonne dans cet univers brutal. Ce « pied tendre » préfère la poésie aux revolvers, et la bicyclette au cheval. Refusant de se battre, il devient rapidement la cible des bandits locaux. Contre toute attente, son style, sa ruse et sa maîtrise vont lui permettre de retourner les situations les plus dangereuses à son avantage…

Ca vaut quoi ?

…Et maintenant on l’appelle El Magnifico, réalisé par Enzo Barboni en 1972, intrigue plus qu’il ne séduit. Ce western comique mené par Terence Hill, connu pour ses duos légendaires avec Bud Spencer, tente d’inscrire son héros dans la continuité des Trinità. Mais à force de vouloir jouer sur deux tableaux – l’humour et le western –, le film finit par perdre l’équilibre. L’histoire démarre avec une idée plutôt savoureuse : un jeune aristocrate anglais, Sir Thomas More (incarné par Terence Hill), débarque dans le Far West pour honorer la dernière volonté de son père. Ce dernier souhaite que son fils devienne un “vrai homme”. Problème : Thomas est un dandy cultivé, amateur de bicyclette et de poésie, plus à l’aise dans les salons londoniens que dans un saloon poussiéreux.

 

Sous la houlette de trois bandits au grand cœur – Bull, Holy Joe et Monkey –, il doit apprendre à manier le revolver, à se battre, et à survivre dans un univers brutal où la loi du plus fort règne. En parallèle, il tombe amoureux de Candida, la fille d’un riche propriétaire terrien, attisant la jalousie d’un rival aussi violent que jaloux, Morton. Tout est en place pour un western initiatique teinté d’humour… du moins sur le papier. Difficile de ne pas comparer El Magnifico aux cultissimes On l’appelle Trinita et Trinita, toujours plus fort. Le réalisateur Enzo Barboni – alias E.B. Clucher – est le même, la musique des frères De Angelis aussi, et Terence Hill reprend ce personnage de cow-boy élégant et maladroit qui a fait sa gloire. 

Pourtant, quelque chose cloche. L’absence de Bud Spencer se fait cruellement sentir. La dynamique comique du duo Hill/Spencer reposait sur un contraste explosif : la finesse rusée de l’un face à la force brute et bonhomme de l’autre. Ici, Hill se retrouve seul face à un scénario qui peine à trouver son rythme. L’humour se dilue dans une série de gags convenus, souvent trop appuyés ou tout simplement sans relief. On sourit parfois, mais on rit rarement. Fait rare dans le monde du spaghetti western : personne ne meurt. Enzo Barboni signe un film pacifique, presque candide, loin des fusillades sanglantes et des duels tragiques du genre. L’intention est louable, mais le résultat manque cruellement d’énergie. 

 

Les bagarres à coups de poings succèdent aux poursuites poussiéreuses, sans jamais susciter la tension ou le rire que l’on attend d’un vrai western comique. Certes, le film offre quelques moments visuellement agréables : de beaux paysages, une photographie ensoleillée signée Giordani, et une bande originale entraînante, typique de l’époque. Mais ces qualités formelles ne suffisent pas à masquer la vacuité d’un scénario trop prévisible. Le personnage de Thomas évolue sans véritable surprise : d’un citadin efféminé, il devient en un mois un cowboy accompli. Ce parcours initiatique express, censé être le cœur du film, manque de crédibilité et de profondeur. 

On aurait aimé davantage de dérision, plus de second degré, plus de folie. Regarder El Magnifico, c’est aussi replonger dans une époque où le western spaghetti tentait de se renouveler. Après le triomphe de Sergio Leone et la vague de parodies des années 70, le genre cherchait son souffle. Barboni, ancien chef opérateur de Django, croyait sans doute prolonger la recette miracle de ses succès précédents. Mais ici, la magie n’opère plus vraiment. Il faut dire que Terence Hill, aussi charismatique soit-il, ne parvient pas à porter seul le film. Son charme un peu lisse, son humour discret et son allure trop “propre” contrastent avec la rudesse attendue du western. 

 

L’alchimie entre les personnages ne prend jamais totalement, et les seconds rôles – pourtant interprétés par des figures solides du genre comme Harry Carey Jr. – peinent à exister. Alors, faut-il voir …Et maintenant on l’appelle El Magnifico ? Oui, peut-être, mais sans trop d’attentes. Les fans de Terence Hill y trouveront quelques clins d’œil à son univers, une nostalgie certaine et quelques scènes bien filmées. Mais ceux qui espèrent retrouver l’esprit délirant des Trinità risquent d’être déçus. C’est un western qui se regarde avec indulgence, comme une curiosité d’époque plus qu’une œuvre marquante. Le film a son charme désuet, sa naïveté presque touchante, mais il reste en surface. 

En voulant être à la fois parodie et hommage, El Magnifico se perd entre deux tons, sans jamais trouver le sien. En somme, …Et maintenant on l’appelle El Magnifico est un film sympathique mais mineur dans la carrière de Terence Hill. Il témoigne d’une époque où le western spaghetti cherchait à se réinventer dans la comédie, sans toujours y parvenir. Un objet cinématographique étrange, un peu bancal, mais qui garde, malgré tout, un parfum de poussière et de nostalgie.

 

Et le Blu-ray ?

…Et maintenant on l’appelle El Magnifico, réalisé par Enzo Barboni en 1972, fait partie de ces films qui traversent le temps avec un charme intact (et ce même si ce film n’est pas une grande réussite). Grâce à cette superbe édition Blu-ray, le film avec Terence Hill retrouve aujourd’hui une jeunesse étincelante. L’image, retravaillée en nouveau master haute définition, révèle des couleurs flamboyantes et une netteté remarquable. Les vastes plaines de l’Ouest italien, baignées de soleil, n’ont sans doute jamais été aussi belles. Le travail technique effectué sur cette édition est impressionnant. L’image se déploie avec une précision rare, restituant chaque détail des décors et des costumes. 

La luminosité est équilibrée, les contrastes subtils, et la texture pellicule, préservée, conserve ce grain si typique du cinéma des années 70. Le son, proposé en DTS HD sur le Blu-ray et en Dolby Audio sur le DVD, reste clair et chaleureux, rendant justice aux mélodies enjouées de Guido et Maurizio De Angelis. Le seul bémol vient de l’absence de la version originale italienne. Si les pistes anglaise et française permettent d’apprécier le film dans de bonnes conditions, le doublage s’éloigne parfois du jeu des acteurs. Cela dit, ce léger manque est largement compensé par la richesse éditoriale de cette sortie.

 

L’un des grands atouts de cette édition réside dans ses suppléments généreux et intelligemment conçus. Le documentaire On l’appelle El Magnifico, signé Jean-François Rauger, propose une analyse fine du film et du contexte dans lequel il a vu le jour. Rauger y évoque la transition du western spaghetti vers une veine plus humoristique, marquée par l’empreinte unique d’Enzo Barboni. Autre perle, Entre western et comédie : la signature Terence Hill de Philippe Lombard. Cette exploration de la carrière de l’acteur met en lumière son style singulier, oscillant entre élégance et burlesque. Le tout est ponctué d’anecdotes savoureuses et d’un regard documenté sur l’âge d’or du western européen.

Le livret Des yeux couleur d’enfant de Christophe Chavdia vient compléter l’ensemble. Richement illustré, il plonge le lecteur dans la genèse du film et dans la personnalité attachante de Terence Hill, évoquant à la fois son héritage et sa popularité intemporelle. Cette réédition Blu-ray de …Et maintenant on l’appelle El Magnifico ne se contente pas d’une simple remasterisation : elle célèbre un pan de l’histoire du western comique. Grâce à une restauration somptueuse et à des bonus d’une rare qualité éditoriale, le film retrouve toute sa vitalité et confirme, une fois encore, la place singulière de Terence Hill dans le cœur des cinéphiles.

 

Caractéristiques techniques

ÉDITION COLLECTION « ESSENTIEL »

INCLUS

Le Blu-Ray + le DVD + le

livret Des yeux couleur

d’enfant par Christophe

Chavdia (28 pages)

PRIX PUBLIC CONSEILLÉ :

24,99 € TTC

SUPPLÉMENTS présents sur les 2 éditions :

On l’appelle El Magnifico, par Jean-François Rauger (29 min)

Entre western et comédie, la signature Terence Hill, par Philippe Lombard (30 min)

Nouveau Master Haute Définition

Italie – 1973 – Durée du film : 2H05

Langues : Français et Anglais Mono 2.0 – Sous-titres : Français

Attention, un passage de 2 min. est en vost uniquement

Son : DTS HD (Blu-Ray) et Dolby Audio (DVD)

 

ÉDITION LIMITÉE NUMEROTÉE SPÉCIALE METALUNA STORE

INCLUS

Le contenu de l’édition

« essentiel » + 1 affiche + Le

dossier de presse de l’époque +

5 cartes postales + 1 bandana

collector El Magnifico

Édition limitée à 500 exemplaires

PRIX PUBLIC CONSEILLÉ :

39,99 € TTC

 

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