4 Novembre 2025
I Love LA // Saison 1. Episode 1. Block Her.
Découvrir un premier épisode, c’est souvent comme entrer dans une soirée où l’on ne connaît personne : quelques secondes d’observation, un mélange de curiosité et de méfiance, puis l’envie de comprendre qui est qui. C’est exactement la sensation que laisse le pilote d’I Love LA, la nouvelle série créée par Rachel Sennott, qui enfile ici la double casquette de scénariste et d’actrice principale. L’épisode 1, intitulé “Block Her”, se présente comme une chronique douce-amère de la vie à Los Angeles, vue à travers les yeux d’une trentenaire pas tout à fait sûre d’avoir pris le bon train, ni d’être arrivée au bon arrêt. Maia, le personnage central, se réveille le jour de son anniversaire avec la sensation désagréable que le monde avance sans elle.
Un groupe d'amis se réunit afin de tenter de comprendre comment le temps passé, l'ambition et les nouvelles relations les ont changés.
Pas de promotion, des amies qui semblent mieux réussir, des projets qui n’ont pas tenu la route… Le décor est posé. Sa relation amoureuse tient pour l’instant debout, ses amis locaux tentent de la soutenir, mais rien n’empêche ce sentiment d’être spectatrice de sa propre vie. Et le coup de grâce arrive sous une forme bien précise : Tallulah, son ex-meilleure amie, influenceuse à succès, débarque à l’improviste. Ce retour inattendu devient le moteur du récit. Tallulah n’apparaît pas comme une antagoniste classique : elle n’est pas méchante, juste encombrante. Elle force l’enthousiasme, attire l’attention partout où elle passe, et surtout… elle renvoie Maia à tout ce qu’elle pense avoir raté.
Ce contraste, presque cruel, installe immédiatement une tension : l’amitié peut-elle survivre quand l’écart de réussite devient trop visible ? L’épisode se joue dans cet espace trouble où l’admiration et l’amertume se croisent. Tallulah semble portée par un charme naturel, une énergie qui bouleverse tout, même les intentions les plus rationnelles. Difficile de rester en colère face à quelqu’un qui transforme une journée pourrie en soirée en rooftop, même si tout est centré sur elle. Maia lutte intérieurement. D’un côté, elle veut protéger son équilibre fragile, de l’autre, l’idée de retrouver ce duo passé lui donne l’impression de reprendre vie.
Cette ambiguïté fonctionne bien, car elle sonne réelle : une amitié n’est jamais simple, surtout lorsqu’elle évolue entre soutien sincère et compétition silencieuse. L’épisode ne se contente pas de placer ses personnages dans une carte postale californienne. La ville n’est pas filmée comme un rêve hollywoodien, mais comme un espace où l’apparence prime sur le reste. Les fêtes, les rencontres en surface, les réussites affichées comme des trophées… tout renvoie à la pression sociale permanente de “réussir”, surtout avant 30 ans. Maia incarne très bien cette fatigue. Elle n’a rien contre les soirées ou les ambitions, mais elle refuse l’illusion permanente. Et c’est précisément ce refus qui la met en décalage avec Tallulah, qui fonctionne au contraire par image, influence, visibilité.
À travers cette opposition, l’épisode construit déjà quelque chose de plus profond qu’une simple comédie de copines : un commentaire discret sur l’obsession de performance, et la solitude qui accompagne ceux qui n’occupent pas le haut de l’affiche. On aperçoit quelques visages connus, dont Josh Hutcherson, qui incarne ici un ami proche de Maia. Son personnage n’a pas encore l’occasion de prendre de l’épaisseur, mais son rôle semble destiné à servir de contre-poids émotionnel à la tornade Tallulah. Le reste du casting navigue entre soutien, agacement, complicité ou distanciation, mais il est encore trop tôt pour juger de la construction globale des relations.
L’essentiel, pour ce premier épisode, tient surtout dans la tension entre ce que Maia attendait de sa vie et la façon dont elle doit maintenant composer avec la réalité. Le scénario ne force pas l’identification, mais laisse des espaces où chacun peut reconnaître une sensation familière : celle de regarder quelqu’un réussir à notre place. Le tournant de l’épisode arrive quand Tallulah décide de s’installer chez Maia, relançant leur projet initial : devenir un duo, l’une en tant qu’influenceuse, l’autre en tant que manageuse. Ce choix apparaît à la fois comme une chance et un piège, ce qui laisse présager une suite pleine de failles, de conflits et peut-être de réconciliation.
Ce n’est pas présenté comme une victoire, encore moins comme un plan bien ficelé, mais plutôt comme un réflexe de survie, partagé par deux femmes qui refusent l’idée d’avoir échoué. Ce premier épisode n’a pas la prétention d’être un manifeste ou une satire pure. Il expose une situation, construit une dynamique émotionnelle et propose un miroir, parfois drôle, parfois inconfortable, de la vie adulte post-jeunesse. L’humour est bien présent, mais sans jamais devenir excessif ou cynique. Les failles des personnages sont exposées avec une certaine pudeur, ce qui donne envie de voir comment chacun évoluera quand les masques commenceront à tomber.
Note : 5/10. En bref, si l’idée était de capturer un moment de bascule dans une vie, c’est réussi. Si l’objectif est de transformer ce moment en récit durable, il faudra attendre les prochains épisodes.
Disponible sur HBO max
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