3 Novembre 2025
The Last Frontier // Saison 1. Episode 5. Arnaq.
Après un épisode précédent qui semblait s’éloigner du fil rouge, cet épisode 5 réussit enfin à recoller les morceaux du récit. L’intrigue se recentre sur Havlock, et c’est clairement autour de lui que la tension se reconstruit. Le personnage continue de garder une longueur d’avance sur tout le monde, que ce soit Frank ou Sidney, et je commence à accepter que la série fonctionne mieux quand elle assume pleinement ce jeu du chat et de la souris plutôt que lorsqu’elle s’éparpille dans des sous-intrigues secondaires. Ce qui m’a surtout frappé dans cet épisode, c’est la manière dont la série replace les enjeux personnels et familiaux au centre de l’histoire.
Au lieu d’être de simples décors émotionnels, les familles des personnages influencent directement les choix, la méfiance, la colère et la façon dont chacun réagit à la crise en cours. L’épisode ne parle pas seulement de fugitifs, de manipulations ou d’agences gouvernementales : il parle de gens qui s’effondrent à force de tenir debout. Havlock n’a pas perdu son avance, et l’épisode le montre en pleine capacité de nuisance, même hors champ. Ce que j’apprécie, c’est que la série ne cherche pas à faire de lui un méchant caricatural. Même quand il manipule, il le fait avec une logique glacée, presque légitime à ses yeux, et ça rend chaque échange avec Sidney encore plus électrique.
Leur relation ne repose plus seulement sur leur passé commun, mais sur une forme d’interdépendance toxique : ils se connaissent trop bien pour se faire confiance, mais pas assez pour se tourner le dos. Frank, lui, reste le contrepoids moral, mais cet épisode le montre plus épuisé que jamais. Il ne crie pas, il ne s’effondre pas, il encaisse. Et je trouve que c’est là que The Last Frontier fonctionne le mieux : quand les personnages ne jouent pas la crise, mais la fatigue qui s’installe après des heures à la subir. C’est peut-être l’aspect le plus marquant de l’épisode : la crise n’est plus seulement politique ou criminelle, elle devient intime.
Sidney se retrouve à devoir gérer une sœur dépassée, une mère au bord du vide, et un dossier qu’elle n’a plus les moyens émotionnels de porter seule. Du côté de Frank, la situation n’est pas plus simple. Sarah ne digère pas le kidnapping de leur fils, et même si sa colère est compréhensible, la série lui donne un rôle de perturbatrice qui finit par rendre le personnage plus dur à suivre qu’émouvant. Quand elle lui impose un choix impossible entre son travail et sa famille, j’ai décroché de son point de vue. Pas parce que l’idée est irréaliste, mais parce qu’elle ne prend pas en compte le fait que Frank est justement en train d’essayer de sauver leur fils à travers ce travail.
La série touche quelque chose d’intéressant ici : quand la souffrance prend toute la place, la logique n’a plus d’espace pour s’exprimer. La partie complotiste prend de l’ampleur, et ce n’est pas seulement du décor scénaristique. Romero sert de guide dans cette dérive paranoïaque, et Luke devient malgré lui un témoin de ce que la série prépare depuis plusieurs épisodes : la frontière entre danger réel et fantasme de conspiration devient volontairement poreuse. L’apparition de la base HAARP en est l’exemple parfait : ce n’est pas un simple clin d’œil aux théories qui circulent depuis des années, c’est une manière de montrer que la série assume désormais son territoire, entre thriller politique et fiction paranoïaque.
Ce choix crée une nouvelle tension : même en tant que spectateur, je ne suis plus totalement sûr de ce qui est exagéré ou pas. Et c’est plutôt stimulant, tant que la série garde un ancrage humain derrière le mystère. L’épisode réussit à faire bouger le récit sur plusieurs axes sans perdre le spectateur, et c’est un vrai progrès par rapport au précédent. Le rythme est plus fluide, les scènes dialoguent mieux entre elles, et on sent que les enjeux commencent à converger : CIA, crash, prisonniers, couples qui éclatent, ville sous tension… tout finit par pointer vers une même zone d’orage.
Mais tout n’est pas réussi. La gestion de Sarah, par exemple, manque de nuance. Son rôle pourrait être un vrai moteur émotionnel, mais l’écriture lui donne parfois des réactions trop extrêmes, presque instrumentales. Et même si la série veut montrer que tout le monde perd pied, le réalisme émotionnel flanche par moments. Ce que je retiens surtout, c’est que The Last Frontier ne joue plus seulement la carte du suspense immédiat, mais celle de l’engrenage. Le pouvoir bascule lentement, les camps ne sont plus définis, et même les personnages qui semblaient prévisibles commencent à se fissurer. Ce n’est plus seulement la loi contre les fugitifs, c’est une ville entière rongée de l’intérieur.
Et maintenant que la coupure électrique plonge tout dans le noir, la série se retrouve exactement là où elle voulait aller depuis le début : un territoire où la menace ne vient plus de l’extérieur, mais du fait que plus personne ne sait qui ment, qui contrôle, qui manipule, ou même qui protège qui. Cet épisode marque pour moi un vrai retour du fil narratif principal. Il ne réussit pas tout, surtout sur le plan émotionnel, mais il remet la série sur des rails plus solides, avec des enjeux clairs, une montée de tension convaincante et des personnages au bord de l’effondrement. Si la seconde moitié de la saison continue dans cette direction, The Last Frontier pourrait enfin sentir le point d’impact que sa narration promettait depuis le début.
Note : 7/10. En bref, cet épisode marque pour moi un vrai retour du fil narratif principal. Il ne réussit pas tout, surtout sur le plan émotionnel, mais il remet la série sur des rails plus solides.
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