3 Novembre 2025
J’étais curieux de découvrir ce que TF1 comptait proposer comme nouvelle fiction policière avec cette collection Un meurtre (presque) parfait. Après la fin de HPI, la chaîne semble chercher son prochain format fort, capable d’alterner enquête, humour et personnages marquants. Après avoir regardé ces deux premiers épisodes faisant office de pilote pour une hypothétique suite, je suis partagé sur ce mélange d’intrigue criminelle et de comédie légère. Dès le début, le cadre est très clair : un meurtre dans une grande maison familiale, plusieurs suspects, chacun avec un mobile différent, et une héroïne qui décide de mettre son nez dans l’enquête.
La spécialité de Laure Mondo, on pourrait même dire sa passion, c’est le crime. Ou plutôt le crime parfait. Ce qui lui a permis de devenir une romancière célèbre dans le monde entier, la digne héritière d’Agatha Christie. La quarantaine chic et couture, juchée sur des talons vertigineux, Laure a une intelligence acérée et une vision assez noire de l’âme humaine. Elle cultive son mystère et un humour assassin. Tout le contraire de son assistante. Avec ses cheveux en pagaille, ses tee-shirts de très mauvais goût, son rire sonore, et sa tendresse pour l’univers tout entier, Pica rame pour satisfaire sa fantasque patronne. Mais elle l’admire inconditionnellement. Ce duo mal assorti, mais tellement complémentaire, va être confronté à sa première enquête. Yves Cayatte, patron d’un groupe de luxe international, est retrouvé mort dans la piscine de sa somptueuse villa corse. La police conclut à un accident. Mais ce n’est pas l’avis de Laure Mondo. Yves était un monstre et tous les membres de sa famille souhaitaient sa mort. Reniflant la matière de son prochain roman, Laure se met au travail, maladroitement aidée par la turbulente Pica.
Le schéma rappelle immédiatement ces intrigues où l’on cherche à deviner le coupable dans un cercle restreint. Rien de nouveau dans la structure, mais le choix d’assumer ce modèle donne au récit une certaine lisibilité. L’influence d’Agatha Christie est évidente, mais l’adaptation reste contemporaine, avec un ton plus léger et parfois décalé. Ce parti-pris fonctionne partiellement : l’ambiance est agréable, le décor est esthétique, mais l’aspect déjà connu du scénario fait que je n’ai pas été surpris par les ressorts de l’intrigue. L’énigme se suit sans difficulté, peut-être même trop facilement. J’ai assez vite deviné la piste principale, ce qui a légèrement réduit la tension dramatique.
Là où Un meurtre (presque) parfait tire réellement son intérêt, c’est dans son duo central. Laure Mondo, romancière spécialisée dans les polars, avance dans l’enquête avec une logique presque mathématique, tandis que Pica, nouvelle assistante, apporte une énergie totalement différente, plus instinctive, plus spontanée. Ce contraste fait respirer l’épisode et évite qu’il reste uniquement centré sur l’énigme. Claire Keim incarne une écrivaine qui applique ses scénarios à la réalité, ce qui donne lieu à des situations à la limite de l’absurde mais jamais totalement farfelues. De son côté, Clémence Lassalas campe une jeune femme qui n’a rien d’une enquêtrice et qui débarque dans cet univers avec beaucoup de maladresse, mais aussi beaucoup de fraîcheur.
Leur association fonctionne mieux que l’histoire en elle-même, au point que je me suis parfois intéressé davantage à leur dynamique qu’à l’enquête criminelle. Les dialogues entre les deux personnages apportent un véritable rythme, et cette relation évolutive pourrait devenir le cœur émotionnel de la série si celle-ci continue. Sans ce duo, je pense que le récit perdrait beaucoup de sa personnalité. Les seconds rôles ne manquent pas d’intérêt : plusieurs visages connus, des personnages bien campés, mais l’ensemble reste assez figé. Les suspects existent surtout pour servir l’intrigue, sans avoir réellement le temps d’être approfondis.
Chacun possède un élément révélateur de sa personnalité, mais cela reste limité à l’utile : un secret, un conflit, un lien familial. Rien qui dépasse le cadre de la fonction narrative. Ce n’est pas un défaut majeur, mais cela empêche l’ensemble de prendre une dimension plus humaine. J’aurais apprécié que certains protagonistes secondaires soient utilisés autrement que comme pièces d’un puzzle. Visuellement, la série reste dans une forme de sobriété : un cadre ensoleillé, des plans lisibles, une mise en scène efficace. Rien d’ostentatoire, rien de particulièrement marquant non plus. La production mise davantage sur la clarté que sur l’originalité. Cela se regarde facilement, sans moment vraiment marquant.
Je ne reproche pas ce choix, car il permet une accessibilité large, typique des fictions grand public de TF1. Mais cela confirme que la série cherche à plaire sans trop bousculer. Après deux épisodes, une question se pose : quel avenir pour Un meurtre (presque) parfait ? Si la formule reste identique – un meurtre, un cercle fermé, un duo qui enquête – la lassitude pourrait rapidement s’installer. Les codes du whodunit sont agréables, mais ils demandent renouvellement et variations pour garder de la force. Or, pour l’instant, j’ai le sentiment que la série repose surtout sur ses personnages principaux plutôt que sur ses intrigues.
La télévision française n’est pas avare de séries policières qui reposent sur un tandem décalé : certaines fonctionnent grâce à une vraie identité, d’autres se fondent dans la masse. Pour l’instant, Un meurtre (presque) parfait oscille entre les deux. Je n’ai pas passé un mauvais moment devant cette introduction, mais je n’ai pas ressenti d’envie frénétique de voir ce que les futures enquêtes pourraient donner. Si la série mise davantage sur l’évolution du tandem Laure / Pica, elle pourrait créer un attachement et donner envie de revenir. Si elle reste figée dans un schéma trop répétitif, elle risque de devenir interchangeable avec d’autres productions du même genre.
Note : 5/10. En bref, je suis curieux de voir la suite, mais pas encore convaincu. Le pilote et l’épisode suivant donnent les bases d’une série agréable, mais qui a besoin de s’affirmer au-delà de son hommage aux classiques du polar. La réussite dépendra de sa capacité à se renouveler et à approfondir ses personnages. Pour l’instant, je retiens surtout deux comédiennes investies, capables de porter la fiction sur leurs épaules.
Diffusé sur TF1 le lundi 3 novembre 2025, disponible sur TF1+
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