Critique Ciné : Hungry Hearts

Critique Ciné : Hungry Hearts

Hungry Hearts // De Saverio Costanzo. Avec Adam Driver, Alba Rohrwacher et Roberta Maxwell.


Adapté du roman de Marco Franzoso, Hungry Hearts est un drame sentimental à mi chemin entre du Woody Allen pour l’utilisation de New York et quelque chose de complètement différent. Hungry Hearts c’est l’histoire d’une rencontre saugrenue, qui part de quelque chose de tellement insolite que l’on parvient tout de suite à accrocher. On a tout de suite envie de voir plus de cette histoire d’amour qui semble être en bonne voie. Et un bébé arrive, histoire de poursuivre leur belle histoire d’amour sauf que c’est tout le contraire qui va arriver. Rapidement Mina va changer de comportement les choses virent au drame. Dramatiquement parlant, Hungry Hearts est un presque sans faute. Disons que Adam Driver, que l’on connaît déjà pour son rôle dans Girls (qui adopte un grain un peu indépendant, comme Hungry Hearts, en termes de réalisation), prouve encore une fois ici qu’il est un acteur sincère et qu’il y a quelque chose qui fonctionne terriblement bien chez lui. A côté, il y a une jeune femme, Alba Rohrwacher, qui est complètement différente et dans une interprétation beaucoup plus sauvage tout en restant assez propre. Car le film ne déborde jamais et c’est presque dommage car il y a quelques tentatives de mise en scène, notamment sur la fin, qui permettent de voir que ce film a peut-être plus à offrir mais Saverio Costanzo est peut-être un peu trop fan, ne laissant pas sa folie complètement sortir.

Jude est Américain, Mina Italienne. Ils se rencontrent à New York, tombent fous amoureux et se marient. Lorsque Mina tombe enceinte, une nouvelle vie s’offre à eux. Mais l’arrivée du bébé bouleverse leur relation. Mina, persuadée que son enfant est unique, le protège de façon obsessionnelle du monde extérieur. Jude, par amour, respecte sa position jusqu’à ce qu’il comprenne que Mina commence à perdre contact avec la réalité.

Et pourtant, c’est tout ce que j’aurais aimé voir, un film qui sait exploser et nous surprendre à sa façon. C’est en tout cas comme ça que j’avais conçus Hungry Hearts dans ma tête. L’avantage de ce film est peut-être de reprendre à la sauce moderne (et Woody Allen) le mythique Rosemary’s Baby. En tout cas, le film tente de reprendre cette ambiance angoissante autour de la naissance d’un enfant et du changement de comportement d’une mère qui a l’impression que le monde s’écroule autant d’elle et que les choses ne tournent pas rond. Elle veut protéger son enfant de tous les maux du monde mais ce n’est fait c’est le contraire. La passion qu’il y a entre Jude et Mina est aussi ce qui sera destructeur petit à petit et que le film tente de mettre en abîme. Je m’attendais à que cela soit fait différemment, peut-être avec quelques idées de mise en scène prises à Roman Polanski qui est connu pour ses huis clos sauvages (Le Locataire, Rosemary’s Baby). Là on sent aussi que le film veut sortir du cadre mais qu’il n’a pas toujours les moyens de le faire. En parlant de la façon dont un couple qui avait tout pour être heureux va complètement perdre pieds, le film aurait très bien pu être beaucoup plus haché et raté. Mais je trouve dommage que cela manque justement de cette énergie qui aurait pu transformer Hungry Hearts en véritable film pesant à l’ambiance de vraie grande tragédie.

Il n’y a rien de tout ça. Dommage. La tension, la violence, tout est oublié au profit de scènes beaucoup plus expérimentales. Je ne vais pas renier ces scènes expérimentales en termes de mise en scène, puisque c’est aussi ce qui fait l’originalité de ce film, mais disons que cela aurait dû être utilisé au service du mal qui s’installe petit à petit alors que ce n’est pas du tout le cas. La musique quant à elle, une fois passé l’excellent What a Feeling d’Irene Cara (qui a tout de même été récompensé de l’Oscar de la meilleure chanson originale pour Flashdance, ce n’est pas un tube ridicule), il n’y a plus rien à sauver musicalement dans ce film tant le tout semble complètement être déconnecté du reste. Du coup, je ne sais pas vraiment sur quel pied danser avec un tel film. Il y a énormément de très belles choses dedans, une alchimie se crée entre les acteurs, mais des erreurs dans la mise en scène (en plus de bonnes idées) et une gestion parfois maladroite de la tension autour de l’histoire de la série. Savario Costanzo aurait peut-être pu s’inspirer un peu plus des maîtres du genre (Woody Allen et Roman Polanski) afin de faire un film mélangeant le meilleur de ces deux évitant donc ce grain passé qui se veut indé.

Note : 5/10. En bref, dommage que de bonnes idées soient mal foutues.

Date de sortie : 25 janvier 2015

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