Critique Ciné : Sea Fog - Les Clandestins (2015)

Critique Ciné : Sea Fog - Les Clandestins (2015)

Sea Fog - Les Clandestins // De Sung Bo Shim. Avec Yun-seok Kim et Park Yu-chun.


L’immigration est un sujet d’actualité de par chez nous mais c’est aussi un sujet qui est toujours d’actualité dans d’autres pays du monde. Ici, Sea Fog nous raconte l’histoire de clandestins chinois qui veulent immigrer en Corée du Sud. Le propos du film est fort, se transforme assez rapidement en voyage étrange, dont on ne sait pas vraiment quoi attendre. Au départ c’est un film d’immigration, mais il y a aussi une grosse teinte romancée qui vient prendre le dessus par moment, sans parler des propos qu’il y a derrière et de la dureté de certaines scènes. L’ensemble de ce film veut nous prouver que justement le destin de n’importe qui peut basculer du jour au lendemain et de façon retentissante. L’avantage de ce film est de ne pas trop tomber dans les carcans du cinéma sud-coréens mais cela ne veut pas pour autant dire qu’il y a de grandes surprises à attendre non plus. En effet, le résultat est légèrement différent de celui que j’avais imaginé au départ. Sea Fog était pour moi une aventure aussi choc que palpitante et il s’avère finalement que c’est aussi (et presque avant tout) un film qui a une lueur douce au fond de lui, un vrai coeur tendre et mou. Bien entendu, au travers de ce thriller au suspense assez bien entretenu, le problème est peut-être justement cette romance qui s’insère au milieu de tout ça.

Capitaine d’un bateau de pêche menacé d’être vendu par son propriétaire, Kang décide de racheter lui-même le navire pour sauvegarder son poste et son équipage. Mais la pêche est insuffisante, et l’argent vient à manquer. En désespoir de cause, il accepte de transporter des clandestins venus de Chine. Lors d’une nuit de tempête, tout va basculer et la traversée se transformer en véritable cauchemar…

Parler d’une romance « impossible », qui va rapidement tourner au vinaigre, c’est quelque chose qui est introduit dans ce film au détour d’un bol de ramen. C’est un peu simpliste et la justification a énormément de mal à passer avec moi mais malgré tout, l’histoire que l’on nous raconte à côté et la dureté de certains moments fait aussi le succès de Sea Fog. Si je n’ai pas été totalement convaincu par ce film, il n’en reste pas moins intelligent et passionnant pour sa façon d’utiliser la mise en scène. Sea Fog n’est pas un film de personnages mais avant tout un film d’ambiance. Cette épaisse brume qui entoure le bateau (si cela permet au film de faire quelques économies, cela reste un pari visuel assez intelligent qui nous permet de nous imprégner un peu plus de cette ambiance de huis clos et de tension sans temps mort). Sung-bo Shim (à qui l’on doit le scénario de Memories of Murder) démontre ici qu’au delà du scénario qu’il a tenté d’étoffer au mieux des problèmes des passeurs et du danger que les clandestins encourent, c’est aussi un très joli film soignée d’un point de vue de sa mise en scène qui cherche réellement à nous mettre dans l’ambiance. Si je ne suis pas encore un spectateur averti vis-à-vis du cinéma sud-coréen, je suis forcé d’admettre qu’ils savent s’y prendre eux aussi et qu’il y a de très belles histoires à raconter.

Enfin, celle-ci a beau être belle (comme si Sea Fog pouvait être le nouveau Titanic mais pour les sud-coréens), elle n’en reste pas moins particulièrement horrible. C’est terrifiant de se dire que ce genre de choses peuvent réellement se dérouler. Le film n’hésite pas à utiliser le gore afin de donner au spectateur de quoi sursauter au fond de son siège (que cela soit un coup de hache ou bien une odeur putride que l’on ressent comme si l’on y était… tout est là). Le seul vrai problème de Sea Fog c’est qu’il n’y a peut-être pas suffisamment de quoi accrocher totalement non plus. J’ai bien aimé ce film, ne vous méprenez pas, mais il y a aussi au fond de moi le sentiment que quelque chose a été un peu raté là dedans. Ensuite, je trouve que Sea Fog a aussi un peu de mal à s’équilibrer. Disons qu’il jongle entre les genres à sa façon et c’est dommage car je suis persuadé qu’ils pourraient faire des choses légèrement différentes de ce point de vue là, éviter de tout mettre. On voit qu’il s’inspire de certains cinémas, notamment celui de John Carpenter alors que la référence à The Fog est plus qu’évidente à certains moments. Mais ce n’est pas la seule référence, on retrouve aussi un cinéma engagé avec un côté enjoué (on sent l’envie de ne pas être totalement dramatique).

Note : 6.5/10. En bref, une sorte de huis clos romancé aux multiples références.

Date de sortie : 1er avril 2015

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