4 Février 2022
Women of the Movement nous raconte une histoire vraie et surtout une histoire touchante sur un mouvement qui n’a jamais forcément eu l’occasion d’être sous le feu des projecteurs. Adaptée de l’ouvrage « Emmett Till: The Murder That Shocked the World and Propelled the Civil Rights Movement » de Devery S. Anderson, Women of the Movement est une mini-série nécessaire car le racisme est toujours présent et qu’il est toujours bon de rappeler le droit à l’égalité de tous. Ces six épisodes font la chronique du mouvement des droits civiques du point de vue des femmes qui se sont retrouvées sur le devant de la scène. La force de cette mini série c’est Adrienne Warren qui incarne brillement Mamie Till-Mobley. Je ne connaissais pas cette femme mais l’actrice impose tout de suite quelque chose de touchant et attachant qui donne envie de la suivre dans son combat. Tout commence avec la naissance de l’enfant unique de Mamie qui sera par la suite brutalement assassiné dans le sud des Etats-Unis.
Le parcours de Mamie Till-Mobley qui a consacré sa vie à réclamer justice pour son fils Emmett Till, après son assassinat brutal dans le sud des Etats-Unis.
Le premier épisode est clair et l’écriture de Marissa Jo Cerar (The Handmaid’s Tale) aussi. Rapidement on comprend que le système est contre Emmett quand sa mère accouche de lui. Le père d’Emmett n’est pas présent mais Mamie n’est pas seule. Elle a sa mère Alma et son futur mari Gene Mobley qui sera d’un réconfort dans la vie de Mamie à toute épreuve. C’est une famille en apparence heureuse jusqu’au moment où tout va changer. Lorsque Emmett est tué, Mamie change mais reste elle-même malgré tout. Elle prend juste son arme : sa parole. Women of the Movement est un bel hommage à ces femmes qui ont pris la parole afin de dénoncer la société raciste dans laquelle elle vit. Women of the Movement est très bonne quand il s’agit de montrer à quel point les années 50 dans le Mississippi c’était terrible, voire terrifiant. Cedric Joe (Space Jam 2) est adorable sous les traits d’Emmett et il est clair qu’en plus de nous briser le coeur par sa mort, il était innocent.
Mamie décide de faire des funérailles cercueil ouvert afin de montrer au monde ce que Bryant et Milam ont fait à son fils et amener l’attention de la nation sur cette affaire. Le procureur sait que Emmett ne méritait pas de mourir et que ses tueurs devraient se retrouver face à la justice mais il n’a pas envie de risquer sa place afin de les faire condamner. C’est terrifiant ce moment où la justice est impuissante et où Mamie va alors commencer à entrer dans ce mouvement pour faire reconnaître le meurtre de son fils. Après que Bryant et Milam ait été acquitté, le procureur est mort l’année suivante d’une crise cardiaque. Le karma est toujours là pour s’occuper des gens qui se moquent de la justice et du bien.
Women of the Movement ne perd jamais de temps, notamment à nous impliquer dans cette affaire. La série parvient aussi à résonner actuellement dans la société dans laquelle vit les Etats-Unis. Women of the Movement arrive à un moment où après l’affaire George Floyd en 2020, on peut aisément dire qu’elle tombe à pic pour rappeler les ravages que font le racisme dans le monde. J’aurais cependant préféré que l’on nous plonge directement dans l’histoire de Mamie en tant qu’activiste et que l’on revisite son histoire au travers de flashbacks plutôt que l’on passe deux épisodes là dessus. Cela ralenti drastiquement le rythme qui s’accentue enfin lorsque Mamie est sur le devant de la scène.
Du coup, tout ce qui a motivé Mamie (et inspiré d’autres femmes après elle) est presque bâclé ici. J’aurais trouvé plus intéressant que justement on nous plonge directement au coeur de la femme qui ose parler plutôt que l’on s’attarde sur la naissance et la jeunesse d’Emmett de façon linéaire. Des flashbacks auraient été suffisants. Women of the Movement est globalement une belle mini série qui aurait méritée d’être un brin moins linéaire pour nous faire apprécier totalement les différentes péripéties de ses personnages. Adrienne Warren est brillante et mérite toute la reconnaissance qu’elle pourrait avoir grâce à cette mini-série.
Note : 6/10. En bref, une série courageuse qui souffre malheureusement du côté ultra linéaire de son récit. On n’a pas vraiment le temps d’apprécier Mamie en tant qu’activiste du mouvement après une longue introduction dispensable qui aurait été mieux intégrée au travers de différents flashbacks.
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