Critique Ciné : Coupez ! (2022)

Critique Ciné : Coupez ! (2022)

Coupez ! // De Michel Hazanavicius. Avec Romain Duris, Bérénice Bejo et Grégory Gadebois.

 

Coupez est un film étrange mais qui une fois passé l’insipide premier tiers est plutôt délicieux et un vrai délire. Présenté comme film d’ouverture au Festival de Cannes 2022, Coupez ! nous plonge dans l’univers du tournage d’un film de 30 minutes en plan séquence et diffusé en direct sur une plateforme de streaming. Coupez c’est aussi et avant tout le remake du film japonais Ne coupez pas ! (2017). Plutôt que de faire un remake traditionnel, Coupez se permet d’exploiter l’originalité du film de départ afin de le mettre à sa sauce. Michel Hazanavicius apparaît ici comme un véritable artisan et propose un film assez délirant pour devenir marquant. Le premier tiers du film est épouvantable mais le reste est délicieux. Le premier tiers de Coupez c’est justement les 30 minutes de film tournés en plan séquence avant d’en découvrir les coulisses dans les deux autres tiers du film (avant le tournage et pendant le tournage). Ce sont ces deux autres tiers qui apparaissent réellement comme originaux et surtout délirants. L’humour est assez bon et jamais lourd afin de satisfaire tous les publics.

 

Un tournage de film de zombies dans un bâtiment désaffecté. Entre techniciens blasés et acteurs pas vraiment concernés, seul le réalisateur semble investi de l’énergie nécessaire pour donner vie à un énième film d'horreur à petit budget. L’irruption d’authentiques morts-vivants va perturber le tournage…

 

Coupez mélange de façon savoureuse l’absurde et parfois même le mauvais goût pour construire quelque chose de réellement original. Le film ajoute alors des clins d’oeil réussis qui parviennent à devenir très drôles par moment. Mais Michel Hazanavicius, au travers de ce projet, fait aussi transpirer son amour du cinéma. C’est à la fois un hommage au septième art et aux productions fauchées de type série Z (comme le nom de la plateforme qui compte se lancer en France dans Coupez). Je pense au cinéma de Quentin Dupieux quand je vois parfois l’absurdité de certaines scènes qui auraient clairement pu être réalisées par lui. Il y a aussi un hommage appuyé à Tarantino (Kill Bill), à « La nuit américaine » de Truffaut, etc. Le film n’oublie pas toutes les petites mains qui travaillent dans l’ombre et doivent parfois trouver des solutions en système D afin de terminer le film. C’est un bel hommage aussi car ce sont souvent des gens qui ne sont pas mis en avant par le cinéma sous les projecteurs. Coupez montre à quel point le cinéma est un art collectif, plus qu’un art de réalisateurs, scénaristes et acteurs.

 

Du coup, Coupez n’est pas un film de zombies mais la construction d’une série Z qui prend aussi le parti de se moquer lui-même d’être un remake. Coupez ne se moque pas mais délire dans tous les sens. Dans le second tiers du film, Coupez nous montre sa conception et l’on découvre les aléas du remake et la façon dont tout cela peut forcément poser des problèmes (les prénoms qui doivent rester les mêmes, la philosophie nippone qui doit imprégner le récit sans ajouter d’éléments francisés, etc.). Coupez se permet tous les délires et Romain Duris, en réalisateur fou, est excellent. Coupez est bien plus subtile qu’il ne peut le sembler au premier abord.

 

Note : 8/10. En bref, un vrai délire qui une fois passé le premier tiers horrible est un film délicieusement préparé.

Sorti le 18 mai 2022 au cinéma

 

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