3 Septembre 2022
Il ne fallait pas attendre de la part de Starz une série de la trempe de The Crown mais Becoming Elizabeth renoue avec l’esprit médiéval de ses séries d’époque qui aiment le sexe, la violence et tout ce qui va avec : les jeux de pouvoir. Le scénario de Becoming Elizabeth regorge d’idées qui pourraient rebuter certains téléspectateurs mais la série est bien écrite et offre à son casting réussi moult choses à faire durant ces huit épisodes. Plutôt que de réaliser un biopic consensuel et peut-être poussiéreux, Anya Reiss, créatrice de Becoming Elizabeth, préfère transformer le tout en une sorte de soap du XVIème entrecouper de la cruauté de l’époque. C’est un conte assez sombre qui se développe au fur et à mesure, donnant ainsi de l’épaisseur aux personnages et au récit. Car Becoming Elizabeth n’hésite pas à prendre son temps tout en offrant quelques moments de voltiges assez impressionnants.
L’histoire fascinante et inédite des jeunes années de la reine la plus emblématique d’Angleterre. Bien avant de monter sur le trône, la jeune Elisabeth Tudor était une adolescente orpheline qui s’est retrouvée mêlée à la politique et à la sexualité de la cour d’Angleterre. La mort du roi Henri VIII déclenche une dangereuse course au pouvoir. Ses enfants sont désormais des pions dans un jeu entre les grandes familles d’Angleterre et les puissances européennes qui se disputent le contrôle du pays.
Becoming Elizabeth n’est pas sans nuances non plus. Ce n’est pas la première fois que l’histoire d’Elizabeth Tudor intéresse le petit écran mais la vision de la créatrice est différente. Ce n’est pas toujours sulfureux mais c’est grandement violent et à la hauteur de ses propres ambitions. La série n’hésite pas à égratigner le pouvoir afin d’en démontrer sa cruauté. Le plus impressionnant dans Becoming Elizabeth vient probablement d’Alicia von Rittberg qui incarne Elizabeth Ier. Elle est ici intense dans le rôle et parvient à prendre le pouvoir de la série avec sa prestation. C’est touchant et en même temps surprenant pour une actrice que je n’attendais pas du tout dans ce registre. Certaines scènes sont clairement là pour déranger (comme lorsque le nouveau mari de sa belle mère vient draguer Elizabeth). Mais la maturité du personnage ressort elle aussi à de nombreuses reprises tout au long de la saison. A côté de ça, Oliver Zetterström, le jeune Edward, est lui aussi l’une des bonnes surprises de cette petite série.
Visuellement, Star a clairement mis les moyens dans Becoming Elizabeth. La série est léchée, travaillée et utilise intelligemment ses décors. On est loin de certaines séries d’héroïc fantasy qui veulent ressembler à ce qu’elles ne veulent jamais mettre en scène à l’écran. De plus, Becoming Elizabeth ne s’intéresse pas aux batailles et aux guerres mais plutôt aux relations. Cela permet de rendre la série plus simple (par rapport aux moyens) tout en offrant une perspective novatrice (qui n’a d’égale que les autres séries du genre de Stars). Les dialogues, pas toujours brillants, sont suffisamment solides pour soutenir l’intégralité du récit et de ses révélations. Ce n’est pas la période la plus simple à raconter de l’histoire britannique alors qu’à sa mère, Henri VIII a eu six femmes, trois enfants de différentes femmes et a laissé tout ce monde au milieu de conflits religieux et guerres politiques.
Becoming Elizabeth parvient donc à naviguer entre les romances de l’héroïne, les jeux de pouvoir qui se jouent dans le royaume et les enjeux de l’Histoire. C’est donc un récit raconté de façon moderne tout en ayant l’allure de l’époque. Belle petite réussite qui, sans marquer les esprits, sait tout de même être surprenante et offrir une perspective intéressante.
Note : 7/10. En bref, un conte sombre et romancé qui a la hauteur de ses ambitions.
Disponible sur Starzplay
Stars n’a pas encore renouvelé Becoming Elizabeth pour une saison 2 à l’heure où j’écris ces lignes.
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