Chien de la Casse (Blu-ray)

Chien de la Casse (Blu-ray)

Véritable pépite de 2023 qui a permis de révéler le talent de Raphaël Quenard au grand public, Chien de la Casse méritait bien que l’on revienne sur ce film à l’occasion de la sortie du Blu-ray. Encore plus depuis son doublé aux César 2024 : Meilleur Premier Film et Meilleure Révélation Masculine ! 

 

Ca parle de quoi ? 

Dog et Mirales sont amis d’enfance. Ils vivent dans un petit village du sud de la France et passent la majeure partie de leurs journées à traîner dans les rues. Pour tuer le temps, Mirales a pris l’habitude de taquiner Dog plus que de raison. Leur amitié va être mise à mal par l'arrivée au village d'une jeune fille, Elsa, avec qui Dog va vivre une histoire d'amour. Rongé par la jalousie, Mirales va devoir se défaire de son passé pour pouvoir grandir, et trouver sa place.

 

Ca vaut quoi ?

Avant de narrer son propre récit, le film de Jean-Baptiste Durand s'attache à mettre en lumière une facette souvent méconnue de la France, celle des campagnes reculées, vivant leur existence propre au sein du paysage national. D'emblée, le film s'impose avec une fluidité remarquable, renouant avec un cinéma quelque peu oublié, à l'instar de Pagnol, tout en intégrant des éléments contemporains, tels qu'une culture street ancrée dans la ruralité, qui reflète les grandes villes. Cette démarche est empreinte d'une profondeur certaine, car la psychologie des personnages est méticuleusement explorée, sans être reléguée au second plan. Le film s'inspire de son époque, notamment à travers son langage, tout en apportant une touche d'originalité. 

 

"Chien de la Casse" développe dans ses dialogues et son scénario une poésie propre, dépassant les attentes initiales. Bien qu'il s'inscrive dans le genre des chroniques sociales, en vogue en France actuellement, le film se distingue par sa thématique et sa dynamique spatiale, conjuguant habilement des codes traditionnels avec une approche moderne. Il s'agit également d'un film engagé, comme le laisse présager son titre, qui aborde avec intelligence les questionnements autour de la masculinité, invitant à une réflexion sur la vulnérabilité masculine. Le casting, convaincant, parvient à incarner fidèlement les nuances du scénario. Jusqu'à la conclusion, "Chien de la Casse" demeure captivant, offrant des instantanés de vie à la fois saisissants et émouvants.

 

Et le Blu-ray ? 

Chien de la Casse est visuellement splendide. Pour un premier film c’est splendide et visuellement, on retrouve la même ambiance que lorsque j’ai vu le film au cinéma. Je dirais même que grâce au Blu-ray j’ai encore plus aimé le film après un second visionnage. J’avais oublié certains détails et l’image est propre, le son est lui aussi nickel en 5.1. Grâce au home cinéma, on en profite parfaitement. Mais ce n’est pas tout, le Blu-ray fourmille de petits bonus bienvenus. Notamment le court métrage du réalisateur, Il venait de Roumanie. 

 

Il venait de Roumanie, de Jean-Baptiste Durand (22 min.)

On retrouve dans ce court métrage (sorti en 2014) du réalisateur la même ambiance et un style particulier qui fait finalement toute l’originalité de sa mise en scène avec Chien de la Casse. On comprend clairement que cette démarche en court est clairement le prémisse de ce qu’il va faire par la suite au cinéma en long métrage. Jean-Baptiste Durand semble avoir envie de montrer un autre visage de la société française avec ces gens que l’on n’a pas toujours l’occasion de voir. Mais pas seulement, aussi la violence qui règne dans les campagnes, chez les jeunes faisant finalement de tous ces gens des « chiens de la casse » pour reprendre le titre de son premier long. 

 

Visuellement il y a pas d’idées même si l’on sent aussi que l’on est sur un premier essai. Parfois un brin trop sombre à mes yeux, Il venait de Roumanie a des idées, les exploite mais donne surtout envie d’en savoir plus. Difficile sur 22 minutes de comprendre tout ce que les personnages veulent nous raconter. Cela ressemble à une bribe de vie pleine de vie. Il y a un certain vécu qui transpire et c’est ça que j’aime. C’est ce que j’ai adoré dans Chien de la Casse et que j’aime ici. La justification du titre est assez amusante autour du drapeau de la Roumanie qui s’avère être un délire. Je dois avouer que je ne m’attendais pas du tout à ça mais cela ajoute une dimension comique bienvenue. Il a également repris dans Chien de la Casse pas mal d’éléments de ce premier court (notamment dans le face à face autour de Clément dans la seconde partie du court). 

 

Vrai Gars, de Jean-Baptiste Durand (19 min.) 

Le second court du réalisateur, Vrai Gars, est une autre façon d’étendre cet univers. Dans ce court, nous suivons les aventures de Sami et Julie, 20 ans qui vivent en couple dans un petit village du sud de la France. Alors qu’ils s’apprêtent à tourner le clip du nouveau titre de Sami, les choses s’avèrent plus compliquées que prévu. Mieux que le précédent, il permet de découvrir un peu plus de la palette du réalisateur. Ce que j’aime beaucoup dans ce cinéma c’est cette volonté d’explorer les personnages en les mettant simplement à nu. Vrai Gras ne cherche pas à tourner autour du pot et nous plonge dans un univers atypique et en même temps si familier. Durand aime les fresques sociales qui nous partagent des moments de vie troublants, touchants, poétiques face à une jeunesse perdue, égarée qui cherche un sens à la vie.

 

Avec Vrai Gars, on sent aussi l’amour du cinéma du réalisateur qui se met en scène comme celui qui prête la caméra à Sami et Julie pour tourner le clip au début du court. Dans le titre de Sami, un autre indice est donné sur la suite de la carrière du réalisateur alors que dans une de ses punchlines il parle de « chien de la casse ». Il y a une vraie continuité dans les démarches du réalisateur. Le court est assez malin pour nous offrir plusieurs rebondissements (le voisin qui s’énerve, Julie qui disparaît, etc.). Cela offre un vrai rythme au récit. Bien plus maîtrisé que le précédent, il se dessine dans ce court tout ce que j’ai finalement adoré dans Chien de la Casse. C’est propre, c’est plutôt incarné (notamment celui qui joue Sami qui est surprenant) et montre les errances d’une jeunesse de la campagne. L’histoire du nuit qui a basculé et permis à deux êtres de se confronter et se séparer. C’est brut et beau à la fois. On retrouve la poésie de Durand dans les textes de Sami et la pureté du récit dans sa vie, brutale et riche en émotions. 

 

L’Acteur (ou la surprenante vertu de l’incompréhension) de Raphaël Quenard et Hugo David (25 min.) 

L’autre bonus que j’attendais avec grande impatience c’est le court métrage de Raphaël Quenard L’acteur. Il a été nommé dans la catégorie César du meilleur court-métrage documentaire. Ce court métrage documentaire se déroule donc durant le tournage de Chien de la Casse. On découvre alors Raphaël Quenard à vif. Ce court joue presque le rôle d’un vrai bonus de Blu-ray mais il y a aussi une vraie démarche. Au delà de ce que l’acteur raconte sur sa perception du film et du personnage qu’il incarne. En parallèle, Durand parle de la confiance qu’il donne à Quenard. On sait très bien comment tout cela se termine car les deux vont être adoubés par la critique et les spectateurs mais finalement, ce documentaire est un petit complément sympathique au film qui permet de voir une autre dimension que le simple bonus formaté. 

 

L’humanité de Raphaël Quenard dans ses incarnations est d’autant plus perçante dans ce court métrage. Cela permet aussi de comprendre les démarches de chacun (du réalisateur et de son acteur principal). Si au fond on en a déjà appris pas mal sur l’acteur au fil de ses interviews, j’ai l’impression de redécouvrir encore l’acteur sous un angle complètement différent. Imparfait en tant que court, mais parfait en tant que complément au film Chien de la Casse. Cela ressemble presque à un court du réalisateur tant on ressent certaines émotions, une poésie et d’autres éléments qui sont chers à JB Durand. 

 

Durée : 1H33

Langues : Français 2.0 et 5.1 – Audiodescription

Suppléments : Courts métrages : Il venait de Roumanie, de Jean-Baptiste Durand (22 min.) L’Acteur (ou la surprenante vertu de l’incompréhension) de Raphaël Quenard (25 min.) ; Vrai Gars, de Jean-Baptiste Durand (19 min.) – Entretien avec le réalisateur (24 min.) – Making of (17 min.)

Disponible en Blu-Ray au prix public conseillé de 19,99 € TTC

Cette sortie est éditée par BLAQ OUT

 

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