27 Avril 2024
Mambar Pierrette // De Rosine Mfetgo Mbakam. Avec Pierrette Aboheu Njeuthat, Nancy Karelle Konmogne Fondjo et Cécile Tchana.
Rosine Mfetgo Mbakam nous plonge dans la ville de Douala au Cameroun. Si Mambar Pierrette reste une fiction, il a tout de même un côté documentaire. On nous dépeint alors le quotidien difficile et courageux de Mambar Pierrette. Elle fait face à la vie malgré tous les bâtons que celle-ci lui a mis dans les roues. Rosine Mbakam est avant tout une réalisatrice de documentaires, ce qui insuffle à Mambar Pierrette quelque chose de légèrement différent. La réalisatrice a justement pour habitude de faire le portraits de gens qui sont invisibles et en racontant une histoire de fiction avec Mambar Pierrette, elle trouve une fois de plus une belle histoire à nous raconter. Je me souviens encore de Les prières de Delphine, racontant le quotidien d’une travailleuse du sexe, elle choisit ici le portrait d’une couturière qui a tout perdu mais cherche à s’en sortir tant bien que mal.
La ville de Douala trépigne à l’approche de la rentrée scolaire. Les clientes se bousculent pour que les vêtements des enfants et des cérémonies soient prêts à temps. Plus qu’une simple couturière, Pierrette est aussi la confidente de ses clientes et d’une génération. Mais de fortes pluies menacent d’inonder son atelier - un malheur parmi d’autres - Pierrette va devoir rester à flot.
Je pense que Mambar Pierrette aurait eu plus d’impact en documentaire plus qu’en film de fiction. A la fois car c’est ce que la réalisatrice fait de mieux mais aussi car cela aurait sûrement rendu le tout plus percutant. C’est justement le côté fiction qui fait perdre un peu de sa force à Mambar Pierrette. Le film reste bon mais j’aurais aimé quelque chose plus chargé d’émotions car finalement l’histoire en elle-même manque d’enjeux. En documentaire, cela n’aurait pas été problématique car les enjeux se créent simplement dans la volonté de raconter cette histoire. La démarche reste bonne car Mambar Pierrette reste un film modeste et humble, qui ne cherche pas à être ce qu’il n’est pas. De plus, l’histoire ne cherche pas non plus à nous accabler. C’est une histoire difficile certes mais elle ne sombre pas dans le misérabilisme (ce qui aurait rapidement pu être le cas).
Derrière Mambar Pierrette se cache donc une sorte de film de survie. Une femme qui pourrait tout perdre mais qui fait tout pour subsister. Par chance, la réalisatrice laisse tout de même suffisamment de leste à son récit. On sent qu’elle laisse le scénario naviguer afin de filmer son récit à la façon d’un documentaire. On a donc des échanges, des personnages vivants et une histoire qui, ma foi, réussi tout de même à prendre vie. Le but était de nous raconter la complexité sociale d’un quartier, la façon dont chacun s’en sort (en l’occurence Mambar Pierrette ici) et comment chacun fait face aux aléas de la vie (la précarité économique, les amis qui demandent des prix, les pluies diluviennes qui menacent la boutique de Pierrette, etc.). Mambar Pierrette inclut beaucoup de choses, pas toujours parfaitement mais sa simplicité et son côté très humble font finalement la réussite du film.
Note : 7/10. En bref, une belle histoire racontée entre documentaire et fiction.
Sorti le 31 janvier 2024 au cinéma
Retrouvez sur mon blog des critiques de cinéma et de séries télé du monde entier tous les jours
Voir le profil de delromainzika sur le portail Overblog