19 Juin 2024
Ma France à Moi // De Benoît Cohen. Avec Fanny Ardant, Nawid Elham et Elisabeth Margoni.
10 ans que l’on n’avait pas eu de nouvelles de Benoît Cohen en tant que réalisateur. Personne ne l’attendait et franchement, il aurait mieux fait de s’abstenir. Ma France à Moi parle d’un sujet intéressant : une bourgeoise esseulée accueille un réfugié chez elle. Derrière ce qui aurait pu être une histoire riche en émotions se cache finalement tous les clichés du genre. C’est tellement lisse que Ma France à Moi glisse et n’attache jamais. L’erreur de Ma France à Moi est que le film manque de la dramaturgie que l’on peut espérer dans une telle histoire. Le pire là dedans c’est que France, incarnée par Fanny Ardant, n’est jamais attachante. Son histoire est inintéressante, son personnage creux car exempté de psychologie, de personnalité ou même de morale intérieure. Ma France à Moi se contente donc de tous les poncifs du film social français dans une ambiance mortifère et ennuyeuse.
France, la soixantaine, vit seule dans son appartement bourgeois de l’est parisien. Lorsqu’elle entend parler à la radio d’une association qui met en contact des personnes réfugiées sans logement et celles ayant la possibilité de les accueillir, elle décroche son téléphone pour se porter volontaire. Quelques jours plus tard, Reza, jeune afghan d’à peine vingt ans, débarque dans sa vie. Ces deux êtres, qui n’ont rien en commun, vont devoir apprendre à vivre ensemble…
Lorsque Ma France à Moi s’intéresse enfin à Reza, alors celui-ci parvient enfin à raconter quelque chose. Mais là aussi, le film est incapable de s’asseoir sur une chaise et cherche constamment à nous trimbaler de scènes en scènes. On a tous les clichés de la bourgeoise parisienne sans que cela ne soit expliqué. Fanny Ardant cabotine en long et en large. Elle, qui fût tout de même un espoir du cinéma français fût un temps n’a plus grand chose à offrir. Son jeu est lisse, ennuyeux et se confond à la fin avec la tapisserie de l’appartement de son personnage. Reza n’a jamais assez de temps pour éclore comme un personnage à part entière. S’il y a de jolis moments autour de son histoire et de son évolution, Ma France à Moi s’enferme là aussi dans tous les clichés possibles. Il aurait été intéressant de discuter de la cause des migrants, de leur intégration mais le film échoue à délivrer tout ça car il ne sait pas vraiment ce qu’il veut être.
Benoît Cohen aurait pu laisser sa caméra dans un placard. Le film est terne, peu ambitieux en termes de mise en scène. Le réalisateur n’a jamais brillé par sa mise en scène mais après dix ans au placard, on aurait pu espérer quelque chose de plus inspiré. L’ambiance de Ma France à Moi sent alors la naphtaline, teinté d’une petite musique d’ambiance qui irait parfaitement dans l’ascenseur de l’immeuble de la bourgeoise héroïne. En voulant faire un portrait gentil, tout propre et tout rose, Ma France à Moi ne parvient pas à être à la hauteur de son sujet. Le manque de dialogues travaillés ne permet jamais de s’attacher à quoi que ce soit. On est donc rapidement sortis du film, lui qui avait pourtant du potentiel.
Note : 2/10. En bref, d’autres films parlent très bien des réfugiés en France. Celui-là est terriblement lisse.
Sorti le 20 décembre 2023 au cinéma - Disponible en VOD
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