5 Août 2024
Daddio // De Christy Hall. Avec Sean Penn, Dakota Johnson et Marcos A. Gonzalez.
Après avoir regardé Daddio, je me retrouve à jongler entre une admiration sincère pour certaines de ses qualités et une certaine lassitude face à ses défauts. Ce film, essentiellement basé sur une longue conversation entre deux inconnus dans un taxi, offre une perspective unique mais également divisée sur le cinéma dialogué. Le film débute avec l’arrivée de Girlie (interprétée par Dakota Johnson) à l'aéroport JFK de New York, où elle monte dans le taxi de Clark (Sean Penn). Dès les premiers instants, leur interaction semble banale, mais elle évolue rapidement en une exploration plus profonde de leurs vies respectives. Clark, avec ses vingt années d'expérience en tant que chauffeur de taxi, observe et analyse sa passagère avec une perspicacité inattendue. .
Une jeune femme saute dans un taxi après être arrivée à New York. Le chauffeur entame une conversation inattendue avec sa passagère, qui passe rapidement d'un bavardage amusant à un badinage enjoué, puis à une franchise criante sur des sujets sensibles comme l'amour, la perte, le sexe et la dynamique du pouvoir dans les relations.
Cette dynamique devient le moteur principal du film, transformant une simple course en taxi en une introspection sur la nature humaine et les relations modernes. Les performances de Johnson et Penn sont au cœur de la réussite de Daddio. Johnson, dans le rôle de Girlie, exprime une gamme d'émotions avec une subtilité qui captive le spectateur. Penn, quant à lui, incarne Clark avec une sagesse et une lassitude qui rendent ses monologues à la fois poignants et révélateurs. Leur chimie à l'écran est palpable et permet de maintenir l'intérêt, même lorsque le rythme du film devient plus lent. Cependant, le choix de centrer tout le film sur une conversation de 90 minutes peut également devenir un inconvénient. Malgré la profondeur des échanges et la qualité des dialogues, la mise en scène statique et la répétitivité de l'environnement – un taxi en mouvement à travers New York – peuvent finir par lasser certains spectateurs.
Le défi pour le réalisateur était de maintenir l'engagement du public sans diversifier les scènes ou les lieux, ce qui n'est pas toujours réussi. Un autre aspect du film qui m'a interpellé est son approche visuelle. Le décor du taxi et les vues de la ville sont simples et peu spectaculaires, probablement en raison d'un budget limité. Cette simplicité visuelle est à double tranchant : elle permet de se concentrer sur les dialogues et les performances des acteurs, mais elle manque aussi de la variété visuelle qui pourrait enrichir l'expérience cinématographique. Daddio m'a également fait réfléchir à des questions plus larges sur la vie urbaine et la technologie. Par exemple, pourquoi New York n'a-t-elle pas de train direct entre JFK et la ville, comme on le voit dans de nombreuses villes européennes ? Cette situation semble archaïque et contribue à des problèmes environnementaux évidents. De plus, la nostalgie de Clark pour les taxis traditionnels et son mépris des nouvelles technologies soulignent un choc générationnel et un questionnement sur l'évolution des interactions humaines.
Le film aborde aussi des thèmes personnels et parfois inconfortables, comme les jugements rapides que l’on porte sur les autres et les révélations intimes échangées entre inconnus. La conversation entre Clark et Girlie couvre des sujets allant de la trahison dans les relations à des anecdotes personnelles, créant un espace de confidences inattendu et parfois troublant. En conclusion, Daddio est un film qui teste les limites de l'engagement du spectateur à travers une expérience essentiellement dialoguée. Les performances exceptionnelles de Dakota Johnson et Sean Penn sont la colonne vertébrale du film, offrant une exploration profonde des personnages et de leurs histoires. Cependant, la structure statique et la simplicité visuelle peuvent rendre le film difficile à apprécier pour tous. C'est une œuvre qui trouve sa place dans les circuits des festivals de cinéma, où elle peut être appréciée pour sa singularité et sa profondeur, mais elle risque de ne pas captiver le grand public de la même manière.
Note : 5/10. En bref, Dakota Johnson est touchante, Sean Penn rustre. Au delà de ça, le film a des qualités mais manque aussi le coche. Disons qu’il ne laisse pas un souvenir impérissable.
Prochainement en France
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