Critique Ciné : Ici et là-bas (2024)

Critique Ciné : Ici et là-bas (2024)

Ici et là-bas // De Ludovic Bernard. Avec Ahmed Sylla, Hakim Jemili et Hugo Becker.

 

Ici et là-bas de Ludovic Bernard se présente comme une comédie au concept intrigant, mettant en scène deux cousins aux origines inversées : l'un, Adrien, est un "blanc" vivant au Sénégal depuis des années, tandis que l'autre, Sékou, est un "noir" parfaitement intégré dans la société française. Cette prémisse aurait pu offrir une exploration intéressante des questions d'identité et de racisme à travers un prisme humoristique, mais le résultat final laisse malheureusement un goût d'inachevé. L'idée de départ, celle de confronter deux personnages aux identités culturelles et raciales inversées, est sans doute l'aspect le plus intéressant du film. Adrien, expatrié au Sénégal, se voit expulsé vers une France qu'il connaît à peine, où il doit cohabiter avec son cousin Sékou, un Parisien profondément attaché à sa culture française. Cette inversion des stéréotypes raciaux avait le potentiel de donner naissance à un film rafraîchissant, jouant sur les contrastes et les quiproquos. 

 

Installé depuis 15 ans au Sénégal, Adrien mène une vie paisible au côté de sa compagne Aminata. Lorsqu' il est renvoyé en France pour un problème de visa, il débarque chez Sékou, un cousin éloigné de sa femme, qui travaille comme commercial à Paris.

Contraint par sa patronne d'aller en régions à la rencontre de clients, Sékou n'a d'autre choix que d'embarquer ce drôle de cousin dans un tour de France qui leur réserve bien des surprises.

 

Malheureusement, au lieu d'exploiter pleinement cette originalité, le scénario tombe trop souvent dans la caricature et les stéréotypes. Le comique de situation, qui repose principalement sur les différences culturelles entre les deux protagonistes, fonctionne à certains moments, mais manque cruellement de souffle sur la longueur. Le film tente de faire rire en exacerbant les clichés, mais l'humour reste trop prévisible et manque de subtilité. L'on ressent que les dialogues cherchent désespérément à faire ressortir les contrastes, mais finissent par forcer le trait de manière exagérée, ce qui nuit à l'authenticité des interactions. L’un des principaux écueils du film réside dans sa volonté de transmettre un message moral trop appuyé. Ici et là-bas insiste lourdement sur l'importance de la tolérance et de l'acceptation des différences, un sujet noble en soi, mais traité de manière trop didactique. 

 

Le spectateur a parfois l'impression d'être pris par la main, sans que l'on lui laisse le temps de réfléchir par lui-même à ces questions. Le réalisateur, Ludovic Bernard, semble vouloir nous rappeler constamment la nécessité d'être fier de ses origines et d'accepter l'autre, mais ce discours, bien que louable, perd en impact à force d'être martelé. Le film aurait gagné en finesse en laissant davantage place à l'implicite, en laissant parler les situations et les personnages sans les enfermer dans une morale trop démonstrative. Sur le plan des performances, Ahmed Sylla et Hakim Jemili, qui portent le film, font de leur mieux avec ce qui leur est donné. Sylla, talentueux comédien, parvient à rendre son personnage de Sékou attachant, malgré le caractère quelque peu caricatural de son rôle. De son côté, Jemili, en tant qu'Adrien, force souvent le trait, donnant parfois l'impression de surjouer. Leur duo fonctionne par moments, mais la complicité nécessaire pour rendre leur dynamique réellement captivante ne semble pas toujours au rendez-vous.

 

Le reste de la distribution, bien que compétente, se retrouve cantonné à des rôles secondaires qui servent surtout de faire-valoir au duo principal. Les personnages rencontrés au fil du road-movie à travers la France sont trop souvent réduits à des stéréotypes, ce qui limite leur impact sur l'intrigue. Ici et là-bas prend la forme d'un road-movie, une structure narrative qui aurait pu offrir une belle diversité de situations et de décors. En traversant différentes régions de France, le film tente de jouer sur les particularités locales pour enrichir son récit. Cependant, ces périples à travers l'Hexagone finissent par sembler trop mécaniques, enchaînant les clichés régionaux sans apporter de véritable profondeur à l'histoire.

 

En fin de compte, Ici et là-bas reste une comédie sympathique, qui pourra divertir un public en quête d'une soirée légère. Toutefois, il manque à ce film la substance nécessaire pour marquer durablement les esprits. Les intentions étaient bonnes, mais la réalisation pêche par un excès de facilité et un manque de prise de risque. Le message de tolérance, bien qu'important, aurait mérité d'être traité avec plus de finesse et de créativité. En résumé, Ici et là-bas est une comédie qui se laisse regarder, mais qui ne parvient pas à dépasser le stade du divertissement moyen. Un film qui, malgré ses bonnes intentions, reste trop scolaire et prévisible pour vraiment séduire.

 

Note : 5/10. En bref, un concept prometteur mal exploité. Reste le duo Ahmed Sylla / Hakim Jemili qui fonctionne et permet de sauver un peu la mise. 

Sorti le 17 avril 2024 au cinéma - Disponible en VOD 

 

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